Cambodge: le Premier ministre fait fermer le média indépendant «Voice of Democracy»


Des journalistes rassemblés devant les locaux de «Voice of Democracy» le 13 février 2023 à Phnom Penh.

© AP – Heng Sinith Des journalistes rassemblés devant les locaux de «Voice of Democracy» le 13 février 2023 à Phnom Penh.

Au Cambodge, alors que la situation des droits humains n’a de cesse de se dégrader depuis 2017, le média «Voice of Democracy » faisait partie des derniers, et rares, médias indépendants du pays. Le Premier ministre Hun Sen en a ordonné la fermeture ce lundi.

La cause de la fermeture de VOD est la publication d’un article rapportant la signature d’un accord d’aide humanitaire à la Turquie par Hun Manet, fils ainé et successeur présumé du Premier ministre, en lieu et place de ce dernier. L’article, réfuté par Hun Sen, citait pourtant un porte-parole du gouvernement. Malgré deux lettres d’excuses officielles, la licence du média a été révoquée dès ce matin à 10 heures.

« Sauvons VOD ! Nous avons besoin de VOD au Cambodge ! » Devant les locaux de « Voice of Democracy », une poignée de manifestants, plusieurs masqués par souci de dissimuler leur identité, cherche à alpaguer les passants.

« Je ne fais pas confiance aux médias cambodgiens. Certains diffusent de fausses informations et prennent parti pour le gouvernement ou les personnes qui ont du pouvoir. Nous n’avons pas besoin de ça. Nous avons besoin d’informations indépendantes comme celles de VOD », lance une femme souhaitant conserver l’anonymat.

Au Cambodge, activistes, opposants politiques et voix critiques sont fréquemment visés par des procédures judiciaires, voire des peines de prison. Crimes environnementaux, trafic d’être humain, mouvements syndicaux, accaparement des terres, VOD était connu pour sa couverture de sujets sensibles dans le pays.

Un air de déjà-vu

À l’intérieur du bâtiment, le journaliste Meng Kroypunlok accuse le coup comme le reste de la rédaction. « J’avais un reportage sur le feu et je pensais pouvoir le finir aujourd’hui. Mais on vient de nous retirer la licence alors, nous devons fermer », déplore-t-il.

Il n’aura fallu que 48 heures à Hun Sen, l’homme fort du pays au pouvoir depuis 38 ans, pour décider de la fermeture du média. Un air de déjà-vu à cinq mois des élections législatives.

Plusieurs médias indépendants avaient été rachetés ou contraints de fermer en amont du scrutin de 2018 comme le rappelle Chak Sopheap, directrice du CCHR une ONG de défense des droits de l’homme. « C’est un coup dur supplémentaire pour la liberté de la presse au Cambodge, explique-t-elle. Cela va avoir un effet dissuasif pour d’autres acteurs médiatiques. Car on peut penser que c’est très arbitraire. Ces autres acteurs peuvent craindre d’être les prochains. Cela va favoriser l’autocensure ».

Plusieurs organisations locales et internationales ainsi que de nombreuses ambassades à Phnom Penh ont relayé des inquiétudes similaires à travers des communiqués aujourd’hui.

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