Au Cambodge, l’un des derniers médias indépendants fermé par le gouvernement

, Au Cambodge, l’un des derniers médias indépendants fermé par le gouvernement

C’est le dernier organe de presse victime de la répression du gouvernement cambodgien. Le site d’information et radio en ligne Voice of Democracy (VOD), l’un des rares médias encore indépendants du Cambodge, a fermé lundi 13 février, après avoir publié un article controversé concernant le fils du premier ministre.

Selon VOD, Hun Manet aurait approuvé l’octroi d’une aide financière à la Turquie à la suite du séisme dévastateur du 6 février. La validation d’une telle aide ne s’inscrit toutefois pas dans ses compétences bien qu’il ait été désigné par le parti unique en 2021 pour succéder à son père.

La publication de cette information a entraîné la fermeture du média indépendant : des représentants du ministère de l’information, accompagnés de policiers, se sont rendus lundi matin dans ses locaux, à Phnom Penh, pour remettre le document notifiant la révocation de la licence de diffusion.

De nombreux médias indépendants sont victimes d’atteintes répétées à la liberté de la presse dans le pays depuis une dizaine d’années. Cette décision intervient par ailleurs à quelques mois d’élections législatives auxquelles le premier ministre Hun Sen, âgé de 70 ans dont 38 au pouvoir, devrait être réélu, en l’absence de rival potentiel.

Radios fermées

Après l’éclosion de nombreux titres à la fin des années 1980, dans un contexte de transition démocratique, la presse indépendante a été progressivement muselée par le gouvernement de Hun Sen. Élu en 1998, il a depuis dissous les partis d’opposition et éteint les voix contestataires pour s’approprier le pouvoir.

Quelques mois avant les élections législatives de juillet 2018, Hun Sen avait lancé une offensive contre une trentaine de radios indépendantes, les contraignant à cesser d’émettre. VOD, visée par cette répression, continuait depuis d’être diffusée en ligne sur son site et sa chaîne vidéo. L’un des deux quotidiens anglophones diffusés dans le pays, The Cambodia Daily, s’était vu, lui, réclamer plus de cinq millions d’euros par les autorités fiscales. Il cesse alors de paraître sous format papier.

142e au classement sur la liberté de la presse

L’année suivante, l’autre quotidien anglophone, The Phnom Penh Post, fait faillite après que le fisc lui a réclamé plusieurs millions de dollars. Le titre est alors racheté par un homme d’affaires malaisien, dirigeant une entreprise de relations publiques et proche du premier ministre cambodgien. Treize journalistes étrangers démissionnent dans la foulée, dénonçant la perte d’indépendance éditoriale du titre.

Les restrictions n’ont depuis cessé de se durcir. En août 2021, le ministère de l’information annonce la création d’un « comité de suivi de pratiques déontologiques journalistiques », censé juger l’éthique des professionnels de l’information dans le pays et leur « fournir des orientations » sur leur « façon de se comporter ». Le comité est composé de onze fonctionnaires des ministères de l’information et de l’intérieur…

Reporters sans frontières (RSF) dénonce alors une « absence totale d’indépendance, de transparence et de responsabilité de cet organe qui, en l’état, s’apparente clairement à un nouvel outil de censure ». Le pays se situe à la 142e place sur 180 selon le classement 2022 de l’ONG de défense de la liberté de la presse.

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