Derrière un bar de karaoké à Tuol Sangke, un quartier de Phnom Penh, Ly Thary vend des boissons et des produits alimentaires toute la journée, devant le local qu’elle loue. Cette mère célibataire de trois enfants, originaire de Kampong Cham, une province du centre du pays, peine à subvenir à leurs besoins depuis la fermeture en janvier de l’usine de confection où elle travaillait depuis treize ans. Des dizaines d’autres usines comme celle-ci ont aussi fermé cette année. Les revenus de la jeune femme s’en trouvent drastiquement réduits.
Ly Thary gagnait environ 400 dollars [361 euros] par mois à l’usine, et elle s’en sort difficilement aujourd’hui avec 75 dollars [67 euros] par mois ; elle a dû envoyer sa fille adolescente travailler comme femme de ménage pour compléter les revenus familiaux. “Ces deux derniers mois, j’ai dépensé toutes mes économies et vendu des bijoux pour rembourser un prêt”, témoigne Ly Thary.
“J’ai compté sur l’usine de vêtements pendant des années et elle me permettait de mieux gagner ma vie, mais maintenant je suis à nouveau en difficulté. J’ai tout perdu.”
Elle n’a reçu qu’un mois de salaire d’indemnité à la fermeture de l’usine, ce qui est contraire au droit cambodgien du travail. (Le propriétaire de l’usine n’a pas répondu à nos sollicitations.) “Je pensais que, quand l’usine fermerait, je serais indemnisée correctement, mais finalement, après avoir travaillé plus de dix ans là-bas, je n’ai rien eu”, ajoute-t-elle.
Des accords de libre-échange remis en cause
L’employeur de Ly Thary, la filiale cambodgienne de Lim Line International, est l’une des 71 usines qui ont fermé, définitivement ou provisoirement, en janvier et février, ce qui a eu des répercussions pour 32 000 employés. En 2022, 490 usines ont connu le même sort, ce qui a affecté 40 000 salariés, selon la Confédération cambodgienne du travail.
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