You are currently viewing Vous aimerez : Escoubeyrou, l’affaire d’escroquerie la plus retentissante de la décennie, à la barre du tribunal de Narbonne

Vous aimerez : Escoubeyrou, l’affaire d’escroquerie la plus retentissante de la décennie, à la barre du tribunal de Narbonne

Notre rédaction va tout vous révéler sur ce papier qui vient d’être publié, dont la thématique est «la justice».

Le titre troublant (Escoubeyrou, l’affaire d’escroquerie la plus retentissante de la décennie, à la barre du tribunal de Narbonne) synthétise tout le texte.

Sachez que le rédacteur (identifié sous le nom d’anonymat
) est reconnu comme quelqu’un de sérieux.

Vous pouvez par conséquent faire confiance aux informations qu’il publie.

Sachez que la date de publication est 2023-01-14 22:02:00.

En 2009, les Narbonnais ont assisté à la dégringolade d’un flambeur, affublé ironiquement du sobriquet de « roi du fromage  » au sommet de la pyramide qu’il avait édifiée. Vendeur de fromages sur les marchés à 14 ans, Mickaël Escoubeyrou avait cru bâtir un empire. Goûtant une revanche sociale à 30 ans, il était à la tête d’une holding financière, d’une centrale d’achat et d’une kyrielle de société de revente. Pourtant, le vendredi 13 janvier, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Narbonne, soit treize ans plus tard, pour banqueroute, dissimulation d’actifs, escroquerie, exécution de travail dissimulé et abus de confiance. Comparaissaient également François G, son ancien directeur financier et Bertrand L, son ancien associé et directeur commercial, tous deux pour complicité de ces chefs d’inculpation.

« Micka » brûle les étapes. Ce natif de Pessac en Gironde a 25 ans lorsque la première SARL Escoubeyrou est radiée en 2002 à Gujan-Mestras. Une seconde subira le même sort à Thiviers en Dordogne. Deux ans plus tard, il s’installe à Narbonne, fonde Les Authentiques d’Escoubeyrou sur la route de Montredon, et se lance à l’assaut du marché du Languedoc-Roussillon. Ce bouillonnant chef d’entreprise, autodidacte, rêve de développement fulgurant et créée plusieurs sociétés, jusqu’à la centrale d’achat en 2007. TPMG, qui, souligne Clémence Caron, la présidente du tribunal, lors de la comparution ce vendredi 13 janvier de Mickaël Escoubeyrou devant la justice correctionnelle,  signifie pour le jeune patron « Tout Pour Ma Gueule ». Une empreinte qui marque l’ascension sociale de « Micka ». Il irrite, fait des jaloux dont il se moque, s’entourant d’amis qu’il ne compte plus, tant il vit à toute allure. Dans la ville de Narbonne, il provoque avec son train de vie princier, au volant de sa Ferrari rutilante, et arrose avec jubilation l’establishment lors de fêtes avec champagne à volonté. 

2007, année charnière

Dès 2007 des problèmes de trésorerie apparaissent, ce qui incite Mickaël Escoubeyrou à créer la holding Escoubeyrou Finance, pour rechercher des fonds dont les apports proviennent alors d’emprunts bancaires. Alors que l’ensemble des comptes est déficitaire, les banques octroient 600 000 euros de prêts à la holding, « en contrepartie, détaille la présidente, vous êtes censés combler le déficit des autres sociétés, mais poursuit-elle, vous avez investi dans d’autres SCI, notamment immobilières ». Gérant une vingtaine de sociétés de vente de fromages dans différents départements, Mickaël Escoubeyrou s’était diversifié, avec un garage Space Tunning à Croix Sud, des parts dans un bar et le projet d’une discothèque. 

La fuite en Espagne et 80 salariés sur le carreau 

Mais le vent a tourné. En 2007, il était déjà en cessation de paiements. Les actifs disponibles ne couvraient pas le passif exigible. Le compte courant était alors débiteur d’un million d’euros sur les sociétés, le jeu d’écriture comptable créditant le compte à l’heure du bilan. 

En octobre 2009, poursuivi par les banques, incapable d’alimenter les comptes, il fuit en Espagne avec son épouse et ses enfants. Il laisse derrière lui 80 salariés sous le choc et une lettre adressée à la comptable avec mandat à cette dernière pour procéder à la cessation de paiements et la liquidation des sociétés. 

« J’étais en burn-out explique-t-il à la barre du tribunal. Tout le monde m’avait lâché. J’ai été pris dans une spirale, ça s’emballait. J’y ai cru jusqu’au bout, mais à la fin, je ne faisais plus mon métier de vendeur de fromage. Je ne faisais que répondre aux mails des banques. Treize ans après, je n’ai rien, j’ai tout perdu, on m’a tout saisi ». 

En décembre 2009, le tribunal correctionnel de Narbonne l’a condamné à un an de prison ferme et 30 000 euros d’amende pour tromperie sur la marchandise et un mandat d’arrêt était ordonné à l’encontre de l’homme en fuite. Il réapparaît de façon rocambolesque en 2010, se présentant spontanément devant le juge. Ses sociétés ont été placées en liquidation judiciaire, et lui-même en faillite personnelle avec interdiction d’exercice pendant douze ans. Un frein levé aujourd’hui à l’issue de l’arrêt de la cour d’appel de Montpellier de 2019 qui a ramené la durée de l’interdiction à quatre ans. Terme échu aujourd’hui pour Mickaël Escouberou qui a reconstruit sa vie à Toulouse en montant des affaires au nom de sa nouvelle compagne.  

« Le procès de l’argent fou »

Après la débandade, les plaintes pleuvent pour escroquerie et les banques se bousculent au portillon : Dupuy de Parseval, Société Générale, BNP Paribas, BP Sud, Société Marseillaise de Crédit et Caisse d’Epargne. Aujourd’hui, Mickaël Escoubeyrou n’hésite pas à leur faire endosser la responsabilité des emprunts mettant sa déconfiture financière sur le compte des banques.« Ce sont les banquiers qui sont à l’initiative, leur soutien abusif m’a entretenu dans la cavalerie. Me conseiller un emprunt personnel, c’était pour eux une façon de couvrir leur découvert » ose-t-il affirmer ce vendredi 13 janvier.

« J’ai fait des erreurs, je ne suis pas comptable »

À l’audience, la présidente Clémence Caron rappelle la mise en demeure du cabinet d’expert-comptable narbonnais qui le suivait, avant de se retirer. « En 2008, indique cet expert au cours de son audition, je l’avais alerté sur la précarité de la situation, et lui avais conseillé le redressement. J’avais l’impression qu’il me cachait des choses ». 

La fromagerie Escoubeyrou était située dans la zone de la Coupe à Narbonne.
La fromagerie Escoubeyrou était située dans la zone de la Coupe à Narbonne.
L’INDEPENDANT – PHILIPPE LEBLANC

À la barre, Mickaël Escoubeyrou reconnaît « des erreurs » et l’affirme : « je ne suis pas comptable. C’était compliqué. On aurait pu sauver cette boîte. Ça fait treize ans que j’attends cette audience d’aujourd’hui, treize ans de prison de verre pour moi. J’ai honte d’avoir mis en difficulté les salariés ».

Et pour les parties civiles ? BNP Paribas est impliquée pour la Ferrari par le biais d’un contrat de crédit-bail d’une valeur de 251 000 € dont la location est revenue impayée en 2009. Idem pour des utilitaires et des remorques d’une valeur de 270 000 €. Tous disparus en 2009. Maître Muriel Texier, pour BNP Paribas, sur l’abus de bien social, demande au titre du préjudice subi par le propriétaire 212 000 €. Autre établissement de crédit à la barre : la Société BPCE Lease, qui a consenti des crédits baux pour des remorques frigorifiques des chambres froides et des stands aménagés. En 2009, même scénario : aucun paiement. « En Janvier 2010, explique l’avocate, le mandataire invite mon client à se rapprocher du commissaire-priseur : les vingt remorques, les quatre chambres froides et les onze stands avaient disparu ! » Et Maître Manissier de plaider pour un préjudice évalué à 432 000 €.

« Il a sombré dans la folie de la possession »

« Où est passé l’argent des sociétés ? interroge Eric Camous, le procureur de la République, a-t-il été dilapidé ? en demandant dans son réquisitoire la restitution de la valeur estimée à 665 000 euros.

« Mickaël Escoubeyrou a détruit le sens profond de l’entreprenariat : faire vivre ses salariés ! accentue le parquet. Il avait les moyens d’améliorer leur salaire avec un modèle solide. Des salariés auraient pu devenir gérants. Il a trahi la confiance des banques. Il a sombré dans la folie de la possession, et en fuyant, il n’a pas fait face à ses responsabilités ». Mais après douze ans, il est impossible de requérir une peine de prison. « C’est le procès de l’argent fou » a conclu Eric Camous. 

« Les mandataires n’ont pas recherché les véhicules »

En défense de Mickaël Escoubeyrou, Maître Carole Gourlin Abdeldjlelil décrit un homme « aux idées de génie qui n’avait pas le niveau intellectuel pour monter une entreprise pareille ». Évoquant sa déchéance, elle signale « qu’il n’a tiré aucun profit ! ». L’avocate a rappelé que le tribunal de commerce avait rejeté la proposition de cession aux salariés. Elle s’est étonnée du manque de pièces comptables : « quelqu’un a effacé les serveurs et aucune recherche n’a été faite ». Elle plaide la relaxe pour la restitution des véhicules.« Les mandataires devaient les rechercher, ils étaient les gardiens. Quant à la Ferrari, elle a été rendue, déposée dans un garage » annonce-t-elle.

Son autre avocat, Maître Simon Cohen, plaidant pour une sanction symbolique, a pour sa part rappelé que Mickaël Escoubeyrou n’est plus aujourd’hui sous le coup d’une interdiction de gestion. L’avocat, réputé pour ses coups de gueule dans le prétoire, a tiré à boulets rouges sur les médias « qui ont fait les choux gras de cette affaire » et sur les banques. « Il faut être de parti pris pour les considérer comme victimes : en fournissant les moyens de la cavalerie elles sont coauteurs de l’infraction ».

L’affaire a été mise en délibéré à mi-février avec renvoi sur intérêts civils. 

La relaxe requise pour les deux autres prévenus

Concernant les complicités, le procureur a requis la relaxe pour François G, l’ancien directeur financier et Bertrand L. l’ancien associé directeur commercial. Il décrit en François G un jeune conseiller bancaire débauché par Escoubeyrou, « terrorisé, il vivait dans le mensonge permanent. Il découvre que vous ponctionnez de l’argent liquide et que vous payez des commissions aux vendeurs, il ne dort plus, il est soumis à une pression énorme. Vous étiez le seul à avoir la signature bancaire sur tous les comptes, à être décisionnaire ».

Bertrand L. est, lui, entré en 2008 dans la société, en tant qu’associé et directeur commercial. Il a abondé le capital à hauteur de 200 000 €, plus une caution de prêt à hauteur de 50 000 €. En octobre 2009, il a déposé plainte contre X pour vol de documents de la société. Maître Philippe Calvet, son avocat, a rappelé qu’il avait demandé, comme condition à Mickaël Escoubeyrou, que celui-ci diminue son train de vie. « Il est venu renflouer cette affaire qui lui paraissait rentable avec une bonne gestion. Il calculait les commissions mais ne les versait pas ».

Plaidant la relaxe, il a insisté sur le principe du délai raisonnable et de la violation du principe du procès équitable, tant d’années après les faits. Des principes également brandis par Maître Saint-Pierre pour François G, le directeur financier « qui n’était pas en charge des comptes ». L’avocat, qui souligne le manque d’élément matériel met l’accent sur « le comportement de son client se présentant au tribunal de commerce » pour demander lui aussi la relaxe.

     

Ce thème répond à vos recherches vous adorerez aussi ces parutions:

Code de la route/Introduction historique,Le livre .

La volonté de punir : essai sur le populisme pénal,Clicker Ici .

Voies d’exécution et procédures de distribution 2009,Clicker Ici .