Une nouvelle enquête de l’association ActionAid France montre comment la pandémie de Covid-19, et le manque de solidarité internationale, ont appauvri et endetté des milliers de familles dont les ressources dépendent du prêt-à-porter au Cambodge et au Bangladesh.
L’économie du Bangladesh et du Cambodge repose en grande partie sur l’exportation de vêtements, produits par 4,22 millions de personnes au Bangladesh et plus de 800 000 personnes au Cambodge.
Or les grandes marques de prêt-à-porter, comme les équipiers sportifs ou les supermarchés pour qui ces vêtements sont produits, se sont montrées bien peu solidaires. Quelques mesures de solidarité ont été prises par les pouvoirs publics, mais elles n’ont pas suffi à empêcher le surendettement et l’appauvrissement des ouvrières, majoritaires dans ce secteur d’activité où les salaires pratiqués sont parfois inférieurs au minimum légal, et la plupart du temps inférieurs au minimum vital.
Le rapport Victimes de la Mode présente les conclusions de 2 enquêtes menées auprès de 218 personnes employées dans les deux pays, entre mars 2020 et la fin de l’année 2021. Ses conclusions sont accablantes :
- Au Bangladesh, 55% des personnes interrogées ont eu faim pendant les périodes de confinement. Les personnes privées d’emploi ont dû attendre en moyenne 11 mois pour retrouver un emploi et leurs salaires ont baissé de 7% depuis le début de la crise… alors que les prix des denrées courantes n’ont cessé d’augmenter.
- Au Cambodge, 89% des personnes interrogées ont épuisé leurs économies pour pouvoir se nourrir au plus fort de la crise, et 47% d’entre elles ont dû contracter un ou plusieurs emprunts.
D’autre part, le harcèlement et les violences, y compris les agressions sexuelles, restent tristement banales dans le secteur de l’habillement. Ainsi, 30% des ouvrières interrogées au Bangladesh, et 41% au Cambodge, avaient déjà subi des violences au travail.
Pour Aurore Pereira, chargée de campagnes : « Il faut que les entreprises européennes assument leurs responsabilités. Car ce sont elles qui fixent leurs prix et leurs délais à leurs fournisseurs et sous-traitants, et leurs exigences sont difficilement compatibles avec le respect des droits fondamentaux des ouvrières. » Et des solutions existent : le rapport se conclut par des recommandations aux pouvoirs publics, mais aussi aux entreprises qui se fournissent dans ces deux pays.
La sortie du rapport s’est accompagnée, jeudi dernier, d’un webinaire sur l’industrie du « prêt-à-jeter ».
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