Depuis 2018, la fréquentation touristique de loisir est en baisse au Cambodge, chutant de 23 % entre 2018 et 2019. La pandémie a brusquement fermé les frontières en 2020, mais cette soudaineté a peut-être occulté d’autres raisons plus profondes du déclin du tourisme au Cambodge. Alexis de Suremain, actif dans le secteur du tourisme depuis 2005, partage ses réflexions sur cette tendance.
Arrivé au Cambodge en janvier 2002, Alexis de Suremain est impliqué dans l’industrie touristique depuis 2005. Il a participé à la création d’une vingtaine d’hôtels, restaurants et bars dans tout le Cambodge. Son domaine d’expertise englobe l’architecture bioclimatique en environnement tropical, le recyclage des matériaux et la climatisation solaire. Il est également actif dans la promotion de la culture cambodgienne à travers diverses expositions, de Elsewhere à la galerie The 240, en passant par La Plantation et actuellement à Aquation, où il accueille de nouveaux artistes cambodgiens et l’école de danse Princesse Buppha Devy. Il soutient également Angkor Database créée par Bernard Cohen, la plus grande base de données au monde en ligne sur Angkor et la civilisation angkorienne.
De 2018 à 2019, la fréquentation touristique de loisir a connu une baisse de 23 % au Cambodge. La pandémie en 2020 a accentué ce déclin, mais Alexis de Suremain estime qu’il existe d’autres facteurs sous-jacents.
Selon lui, plusieurs raisons peuvent expliquer cette baisse, sans prétendre à l’exhaustivité. Certaines de ces causes comprennent :
- Une image détériorée du Cambodge dans la presse occidentale.
- La sinisation de Sihanoukville et du secteur immobilier à Phnom Penh.
- Le surtourisme dans certains temples.
- La gestion des partis d’opposition par le gouvernement précédent, entraînant la perte du traité « Everything But Arms ».
- Un manque d’alternatives à l’offre touristique cambodgienne après la visite d’Angkor.
Il existe également des obstacles externes affectant le secteur touristique, tels que la croissance d’un sentiment d’insécurité lié à l’inflation en Europe, les conflits géopolitiques en Russie, en Ukraine et à Gaza, une prise de conscience écologique limitant les voyages en avion, et la quasi-parité entre le dollar et l’euro, rendant le pays moins attractif pour les Européens. De plus, le Cambodge est l’un des rares pays de la région à ne pas proposer de visa touristique gratuit.
Pour revitaliser le tourisme, Alexis de Suremain propose de renouveler l’offre. Il prend l’exemple de l’Arabie saoudite, un pays ultra-conservateur, mais qui propose des initiatives culturelles avant-gardistes à la clientèle internationale. Bien que les moyens financiers puissent différer, il insiste sur la nécessité d’avoir une volonté et une vision stratégique avant de disposer de ressources financières.
Au niveau macroéconomique, il suggère de commencer par l’existant. Actuellement, les deux sites les plus connues au Cambodge sont Angkor et le Mékong, ce dernier manquant cruellement d’infrastructures d’accueil pour motiver les voyageurs à programmer un voyage. Le Mékong, avec ses connotations de romance, d’aventure et d’exotisme, s’harmonise avec la tendance actuelle du « slow tourism ». Il pourrait devenir une destination à part entière, comparable à la descente du Danube, la Route 66 ou le GR20.
Une descente du Mékong de Luang Prabang aux 4000 îles, en passant par les chutes de Khone, jusqu’au delta, pourrait être une destination justifiant à elle seule l’achat d’un billet d’avion long-courrier. Des infrastructures atypiques le long du fleuve ajouteraient une nouvelle attraction au pays. En raison de certaines portions non navigables du fleuve, une partie du trajet pourrait se faire par voie terrestre, en voiture, en moto et même à vélo.
Pour concrétiser cette idée, le secteur privé pourrait collectivement la présenter au gouvernement. L’idée serait d’inscrire le Mékong en tant que zone touristique spéciale, bénéficiant de facilités fiscales et administratives pour attirer les investisseurs. Cela suivrait le modèle du Vietnam avec Phu Quoc, avec une TVA réduite, des visas plus souples et des permis de développement plus accessibles.
En plus des avantages économiques, les structures flottantes présentent des avantages écologiques significatifs, minimisant leur impact sur l’environnement immédiat. Une société comme Wetlands Work! a développé un traitement bio des eaux usée ménagère qui permet des rejets sans impact sur l’environnement.
Le développement du Mékong en tant que zone touristique offrirait des opportunités d’emploi aux populations rurales et leur permettrait une élévation sociale. Alexis de Suremain conclut en soulignant la nécessité de renouveler l’offre touristique au Cambodge, en utilisant le Mékong comme une destination distinctive capable de rivaliser avec des sites aussi connus qu’Angkor. Il encourage une vision stratégique et l’implication du secteur privé pour stimuler l’intérêt pour le pays et attirer les voyageurs internationaux.
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