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Où va un traité sur la radiodiffusion basée sur le signal ?

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Droit d’auteur : OMPI. Photo : Emmanuel Berrod. Ce travail est sous licence internationale Creative Commons Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0.

Les négociateurs de l’OMPI semblent prêts à approuver un projet de traité sur la radiodiffusion qui ne soit plus « fondé sur le signal » ni limité à la radiodiffusion « traditionnelle » (non basée sur Internet).

Il y a une forte pression lors des réunions de cette semaine du Comité permanent du droit d’auteur et des droits connexes de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) pour approuver une conférence diplomatique sur un traité sur les organismes de radiodiffusion qui ne se limite pas strictement à lutter contre l’interception illégale des signaux de radiodiffusion traditionnels. Nous observons la réunion au nom respectivement des universitaires, de la société civile et des bibliothèques. Nous vous écrivons pour informer ceux qui se méfient de la possibilité d’un nouveau traité Internet de grande envergure de l’OMPI d’en prendre note.

Il s’agit de deux décisions de l’Assemblée générale, datant chacune de plus de 15 ans, qui obligeaient le SCCR à restreindre l’accord. Le 2006 GA a autorisé des négociations pour une conférence diplomatique sur le traité sur la radiodiffusion uniquement sur la radiodiffusion « traditionnelle » et la diffusion par câble et en adoptant uniquement une approche « basée sur le signal ». Après une tentative infructueuse d’élaborer un projet de négociation selon ces termes, le 2007 L’Assemblée générale a autorisé la tenue d’une conférence diplomatique sur le traité « seulement après qu’un accord sur les objectifs, la portée spécifique et l’objet de la protection ait été atteint ». Lors de la 45e réunion du SCCR, les États membres ont régulièrement répété qu’ils étaient attachés aux mandats de l’Assemblée générale de 2006 et 2007, mais le brouillon du président si loin des objectifs initiaux.

Ces limites étaient importantes, car on craignait à l’époque que de larges définitions de « diffuseur » et l’utilisation de modèles de droits exclusifs ne confèrent à chaque webdiffuseur amateur et professionnel de nouveaux droits exclusifs et créent de nouveaux niveaux d’exclusivité qui nécessiteraient des licences de de simples moyens d’utiliser du contenu déjà couvert par la loi sur le droit d’auteur.

Faisant allusion au fait que les efforts en faveur d’une conférence diplomatique pourraient se poursuivre malgré le manque de strict respect des mandats de l’AG de 2006 et 2007, l’expert du Comité a déclaré au Comité :

« Le consensus n’est pas un concept clairement défini. Mais cela ne signifie incontestablement pas l’inanimité. Dans la tradition de l’OMPI, dans le contexte… lorsqu’il existe un consensus entre les États membres, tous ne devraient pas être pleinement d’accord.

Il a en outre suggéré qu’« après 17 ans, les avis divergent quant à savoir si le mandat est toujours pertinent et valide ». Mais il a finalement précisé que « parce que l’assemblée générale n’a pas [adopted] tout mandat remplaçant celui de 2006 et 2007… l’opinion est que ce mandat est toujours pertinent et applicable. Mais le même expert a décrit le strict respect de l’orientation « traditionnelle » de la radiodiffusion comme peu pratique en raison de l’évolution technologique vers des outils basés sur Internet.

Comme indiqué ci-dessous, aucun pays n’a officiellement proposé (lors de la session publique de la quarante-cinquième session du SCCR) d’amendements au « projet du président » cela rendrait le traité véritablement basé sur le signal et limité à la radiodiffusion traditionnelle.[1] Le terme « basé sur le signal » visait en 2006 à restreindre les objectifs et la portée du traité à l’utilisation d’obligations générales pour réglementer l’interception d’un signal, comme dans la Convention de Bruxelles, plutôt que d’imposer ou de promouvoir une approche de droits exclusifs, comme dans la Convention de Rome. Il existe une telle disposition dans l’actuel article 10, qui impose l’interdiction du piratage des signaux dans tout cadre réglementaire. Mais les articles 6 à 9 promeuvent des droits exclusifs. En effet, les facilitateurs de la Présidence reconnaissent depuis longtemps que le traité n’est pas basé sur des signaux au sens de la Convention de Bruxelles ; Jukka Liedes, le facilitateur du président, a décrit le traité du SCCR 44 comme étant un mélange des approches de la Convention de Rome et de la Convention de Bruxelles. L’utilisation du terme « radiodiffusion traditionnelle » visait à empêcher le traité de réglementer la « diffusion sur le Web » ou tout autre contenu diffusé sur Internet. Mais le projet actuel atteint clairement un tel contenu.[2]

Une disposition clé de la proposition de traité qui a été analysée par James Love est la forme de traitement national « à cliquet » qu’elle propose.[3] Le projet actuel de la présidence contient une clause de traitement national (article 5.2) qui permet à une partie contractante de limiter les droits d’un organisme de radiodiffusion d’une autre partie contractante lorsque cette partie contractante accorde moins de droits. Ainsi, même si les clauses de droits exclusifs deviennent permissives, il y aura une pression nationale pour harmoniser au plus haut niveau, surtout si elles sont adoptées par les membres de l’Union européenne et d’autres parties à revenus élevés.

Au fond, les résultats des discussions de l’OMPI sur le traité sur la radiodiffusion jusqu’à présent cette semaine montrent un risque important d’évolution vers une conférence diplomatique sur un texte de négociation qui ne limiterait plus le cadre à une approche basée sur le signal ou uniquement à la radiodiffusion traditionnelle. Peut-être devrait-il s’appeler le Traité sur les droits exclusifs des streamers Internet.

Article Problème Solution Statut du projet actuel, y compris les amendements suggérés par les pays à la 45e session du SCCR
2–Définitions Les termes du traité sont définis de manière si large qu’ils incluent des activités autres que la radiodiffusion traditionnelle, par exemple le streaming à la demande et les transmissions point à point. Voir Amour 2023. Restreindre les termes du traité pour qu’ils s’appliquent uniquement à la radiodiffusion traditionnelle – à la radiodiffusion linéaire, à la télévision et à la diffusion par câble. Aucun amendement proposé en séance publique.
2-Définitions Les définitions du traité ne limitent pas la protection aux œuvres pour lesquelles le radiodiffuseur a acquis des droits, mais s’étendent également aux œuvres contrefaites ou appartenant au domaine public. (c) « programme » désigne un ensemble de matériel en direct ou enregistré composé d’images, de sons ou des deux, ou de représentations de ceux-ci. pour lequel l’organisme de radiodiffusion a acquis le droit de transmettre et lorsque le matériel n’est pas dans le domaine public ou ne porte pas atteinte aux droits du titulaire du droit d’auteur ; Aucun amendement proposé en séance publique.
5- Traitement national Le paragraphe 5.2 du projet permet à une partie contractante de limiter les droits d’un organisme de radiodiffusion d’une autre partie contractante, lorsque cette partie contractante accorde moins de droits. Cela pousse les pays à fournir plus que le minimum requis dans l’article 10 actuel, à adopter les droits exclusifs et après fixation des articles 6 à 9. Supprimer le paragraphe 5.2. Aucun amendement proposé en séance publique.
6-Retransmission Au-delà de la protection basée sur le signal. Nécessite « un droit exclusif d’autoriser la retransmission au public » au lieu d’une protection basée sur le signal. Lac de Hugenholtz 2023 Supprimer l’article 6. Aucun amendement proposé en séance publique.
7–Fixation Au-delà de la protection basée sur le signal. Nécessite l’octroi d’un droit exclusif de fixation du signal porteur du programme. Supprimer l’article 7. Les États-Unis ont demandé la suppression de l’article.
8–Programmes stockés Au-delà de la protection basée sur le signal. Nécessite le droit d’empêcher la retransmission d’un programme qui a été stocké après sa transmission linéaire d’origine. En particulier lorsqu’il est combiné avec le droit de fixation de l’article 7, cela confère au radiodiffuseur des droits exclusifs assimilables au droit d’auteur sur le programme. Supprimer l’article 8. Les États-Unis ont demandé la suppression de l’article.
9- La disposition crée en effet un droit exclusif pour les radiodiffuseurs. Plutôt que d’imposer au gouvernement une obligation flexible de réglementer, il stipule que « les organismes de radiodiffusion jouiront du droit d’interdire ». Il s’agit d’un domaine déjà réglementé par la Convention de Bruxelles. Supprimer l’article 9. Aucun amendement proposé en séance publique.
11–Contraintes Le traité autorise l’adoption d’exceptions, mais ne les impose pas. Ainsi, les radiodiffuseurs pourraient bénéficier d’une plus grande protection que les titulaires de droits d’auteur. Le test en trois étapes n’est pas approprié pour un traité basé sur le signal, ne se trouve pas dans la Convention de Rome, la Convention de Bruxelles ou l’article 14 de l’Accord sur les ADPIC, et est basé sur la version la plus restrictive du test en trois étapes. Si un test en trois étapes est inclus, il pourrait être conçu pour accroître la flexibilité, et non pour la réduire. Les exceptions pour l’épuisement des droits dans l’Accord sur les ADPIC (article 6) et les recours contre les actes anticoncurrentiels (article 40 sur l’ADPIC, que l’on trouve également dans la Convention de Bruxelles) ont été supprimés des projets précédents. À l’article 11, paragraphes 1 et 2, remplacer « peut » par « doit ». Supprimer l’article 11, paragraphe 3 (test en trois étapes) ou appliquer uniquement aux exceptions supplémentaires :

(3) Les Parties contractantes limiteront tout supplémentaire limitations ou exceptions à… »

Ajouter:

« , en tenant compte des intérêts légitimes des tiers»

Aucun amendement proposé en séance publique.
12–Technologie. Mesures Une interdiction du contournement des MTP pourrait étendre la protection aux éléments du domaine public ou empêcher l’exercice d’exceptions. Rétablir l’article 12(3) exigeant des exceptions à l’interdiction de contournement. Le Brésil a proposé le rétablissement de l’exception TPM.

[1] Comme il est normal dans les négociations de l’OMPI, une grande partie de la réunion du SCCR s’est déroulée en session « informelle » au cours de laquelle il n’est pas permis de rendre compte publiquement de ce qui a été proposé ou discuté.

[2] L’analyse des problèmes et les solutions proposées sont tirées de Hugenholtz, Bernt, « Simplifying the WIPO Broadcasting Treaty: Proposed Amendments to the Third Revised Draft » (2023). Série conjointe de documents de recherche PIJIP/TLS. 85., et Love, James, « The Trouble With the WIPO Broadcasting Treaty » (2023). Série conjointe de documents de recherche PIJIP/TLS. 85. Love, James P., « Commentaires sur le projet du 6 septembre 2023 d’un traité de l’OMPI sur la radiodiffusion, les définitions, le champ d’application, le traitement national et les formalités » (2023). Série conjointe de documents de recherche PIJIP/TLS. 110.

[3] Love, James P., « Commentaires sur le repêchage du 6 septembre 2023 », supra.