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Le Cambodge forcé de s’attaquer au crime organisé chinois

Des immeubles résidentiels construits pour des Chinois, à Sihanoukville (Cambodge), en décembre 2021. Des immeubles résidentiels construits pour des Chinois, à Sihanoukville (Cambodge), en décembre 2021.

Après une série de scandales, le Cambodge tente de s’attaquer au crime organisé chinois qui a proliféré sur son territoire, particulièrement dans la ville portuaire de Sihanoukville, où une dizaine de raids policiers ont été menés entre le 18 août et le 4 octobre. Ce début de réaction fait suite au dépôt de 420 plaintes visant des activités illégales, allant de la prostitution aux paris illégaux, en passant par le kidnapping et la torture. Au moins 2 760 étrangers ont été contrôlés, en grande majorité des Chinois de Chine continentale, dont la moitié doivent être expulsés pour séjour illégal dans le pays. Plusieurs personnes ont également été inculpées. Mal équipées juridiquement pour lancer des procédures contre les étrangers, les autorités cambodgiennes ont longtemps fermé les yeux sur des opérations d’escroquerie en ligne qui ont explosé à la faveur du Covid-19 dans le secteur des casinos, et prospèrent grâce à de puissantes protections aux niveaux local et national.

La volonté de reprise en main s’affiche pourtant au sommet de l’Etat : « Il ne faut pas que le Cambodge devienne un paradis pour les criminels, un lieu de blanchiment d’argent et de trafic d’êtres humains », a lancé le premier ministre cambodgien, Hun Sen, le 29 septembre. Dotée d’innombrables casinos, Sihanoukville est devenue la proie de mafias de Chine continentale, mais aussi de Hongkong et de Taïwan. Avec le Covid-19, les opérations de fraude en ligne ont prospéré à la faveur des confinements et de la chute de l’activité et du tourisme au Cambodge. A Sihanoukville, des membres du crime organisé se sont installés dans les complexes géants de tours construites à l’origine pour accueillir des Chinois. Deux millions d’entre eux avaient visité la ville en 2019, et au moins 180 000 y résidaient officiellement avant la crise sanitaire.

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Concernée par le nombre de ses ressortissants établis à Sihanoukville et impliqués dans les arnaques en ligne, aussi bien comme criminels que comme victimes, la Chine soumet les visiteurs à destination du Cambodge à des vérifications spécifiques, en vain. En mars, Sar Kheng, le ministre cambodgien de l’intérieur, avait révélé au quotidien Khmer Times que son pays avait opposé un refus, pour des raisons de « souveraineté », à une demande officielle chinoise de se voir octroyer le droit d’« arrêter de manière indépendante les Chinois qui commettent des crimes au Cambodge sans l’implication de la police locale ».

Séquestrations et brimades

Le royaume de 17 millions d’habitants est pressé d’agir par ses voisins, notamment la Thaïlande, le Vietnam, l’Indonésie et la Malaisie. Des ressortissants de ces pays, ayant cru postuler à un travail de marketing sur Internet au Cambodge, se sont retrouvés séquestrés et obligés d’escroquer leurs compatriotes sur des sites de rencontre. Ces petites mains reçoivent des manuels expliquant comment « tuer le cochon », selon l’expression chinoise, c’est-à-dire harponner une victime avant de la pousser à débourser de l’argent pour des placements, des jeux, du sexe en ligne ou des achats de cryptomonnaie. Ces complices involontaires se voient confisquer leur passeport et subissent brimades ou coups de matraque électrique infligés par l’encadrement, généralement chinois.

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