Jean Commaille a sa rue à Siem Reap

Jean Commaille fut un homme respecté au Cambodge et dont la mort en 1919 a marqué les esprits. En hommage au travail titanesque entrepris par le conservateur dans les temples d’Angkor, une route porte son nom à Siem Reap.

Au Cambodge, les rues, outre leur numérotation, portent le nom de monarques ou d’autres personnes célèbres qui ont eu des liens avec le pays. A Siem Reap par exemple, une route de 5 kilomètres sur le côté sud du temple d’Angkor Wat porte le nom du président français Charles de Gaulle, qui a visité Angkor en 1966.

Non loin de là, une route traversant des villages et des rizières porte le nom d’un autre Français qui a passé près de 20 ans au Cambodge. Il s’appelait Jean Commaille. Militaire et artiste-peintre, il était arrivé au Cambodge dans les années 1890 pour travailler dans l’administration du Protectorat français comme auxiliaire de comptabilité. Sa carrière de conservateur débute quelques années plus tard, lorsque l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) est créée. 

 

Route Jean Commaille à Siem Reap/Cambodianess
Route Jean Commaille à Siem Reap/Cambodianess

 

Les premiers pas de la restauration des temples d’Angkor

 

L’EFEO voit le jour en 1900 et se consacre immédiatement à l’étude et à la restauration des monuments historiques du pays et notamment des temples d’Angkor. Après avoir travaillé pour l’EFEO en tant que secrétaire-trésorier, Commaille devient officiellement en juillet 1908 le premier conservateur d’Angkor. Chargé de la conservation du site archéologique alors placé sous la responsabilité de l’EFEO dès 1907, Commaille entreprend rapidement des travaux de restauration à Angkor Vat et au temple du Bayon. La reconstitution du Baphûon achevée en 2018 fut possible grâce aux photographies prises par Commaille 110 ans plus tôt. 

 

 

Jean Commaille
Jean Commaille/EFEO.

 

Angkor renaît grâce au travail de restauration

 

Selon Im Sokrithy, archéologue de l’Autorité Nationale APSARA – l’organisme gouvernemental cambodgien qui gère le parc archéologique d’Angkor – Commaille, qui parlait khmer, a fait venir des Cambodgiens de la région pour commencer à débroussailler et à déplacer les pierres, étapes habituelles de la restauration des temples. Ce travail acharné du conservateur permit de faire renaître Angkor. 

 

Dégagement de la chaussée d'Angkor Vat par Commaille et son équipe/EFEO
Dégagement de la chaussée d’Angkor Vat par Commaille et son équipe/EFEO

 

Vivant dans une hutte sur pilotis en mauvais état près des temples, Commaille ne cesse de se voir promettre des fonds par les autorités françaises. Mais ces fonds n’arrivant jamais et les conditions de vie précaires ne sont plus supportées par sa femme qui décide de retourner en France. 

 

Maison de Jean Commaille et sa femme/ EFEO.
Maison de Jean Commaille et sa femme/ EFEO.

 

La mort soudaine du conservateur

 

Le 29 avril 1916, Commaille est attaqué et dévalisé sur une route alors qu’il transporte le salaire de ses ouvriers. Il mourra chez lui le lendemain. Trois de ses agresseurs sont arrêtés, jugés à Phnom Penh, condamnés à mort et exécutés. Son serviteur sera envoyé 18 mois en prison pour s’être enfui après l’assassinat. On dit que les Cambodgiens qui avaient travaillé avec Commaille dans les temples l’ont pleuré. 

 

Un stupa à la mémoire de Commaille près du temple Bayon

 

 

Après ses funérailles à Angkor, sa dépouille a été ramenée en France. Pour perpétuer son souvenir, un stupa en forme de temple, avec un linteau et des encadrements de porte sculptés, a été construit sur le côté sud-ouest du temple Bayon.  Les touristes peuvent encore le visiter. Situé le long de la route qui contourne le temple du Bayon, le stupa se trouve aujourd’hui au milieu de monastères bouddhistes et de résidences de moines, bordé d’un simple jardin et d’une décoration en pierre. Deux plaques de pierre, l’une écrite en khmer et l’autre en français, sur lesquelles sont inscrits les noms des principaux conservateurs d’Angkor, ont été placées devant le stupa.

 

Stupa Commaille

Plus tard, une route fut construite pour relier la ville de Siem Reap à Angkor Vat, que les Cambodgiens de la région appelaient la « route de la Commaille ». Im Sokrithy explique qu’il est difficile de dire exactement à quelle époque cette route a été construite.

Après son décès, la maison de Jean Commaille près d’Angkor Vat a été enlevée, et tous les fragments de statues, d’inscriptions en pierre, etc. trouvés sur les chantiers de restauration et qu’il avait conservés pour être étudiés ont été déplacés de sa maison à ce qui est aujourd’hui le bureau de La Conservation d’Angkor dans la ville de Siem Reap.

 

Avec l’aimable autorisation de Cambodianess, qui a permis de traduire cet article et ainsi de le rendre accessible au lectorat francophone.

 

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