Hun Sen, homme fort du Cambodge depuis trente-huit ans, laisse sa place à son fils, le général Hun Manet

Hun Manet, à Phnom Penh, le 21 juillet. Hun Manet, à Phnom Penh, le 21 juillet.

En annonçant sa démission en direct à la télévision, mercredi 26 juillet, le premier ministre cambodgien Hun Sen, 70 ans, a entériné la transition à laquelle il préparait le pays depuis 2020 : son fils aîné, le général Hun Manet, élu député à Phnom Penh le 23 juillet, prendra la tête du gouvernement le 22 août, dès la première session du nouveau Parlement.

Le scrutin du 23 juillet avait été taillé sur mesure pour assurer cette succession dynastique, ne lui conférant qu’un mince vernis de légitimité : la seule formation d’opposition crédible avait été disqualifiée et le Parti du peuple cambodgien (PPC), le parti de Hun Sen, a remporté 120 sièges sur 125. Premier ministre sans discontinuer depuis « trente-huit ans, sept mois et huit jours » comme il l’a énoncé mercredi – il fait de sa longévité une fierté – Hun Sen garde la main en coulisse : il demeure président du PPC, et présidera le conseil de la Couronne (l’organe en charge de la désignation du roi). Il a confirmé qu’il prendrait la présidence du Sénat, en février 2024, un poste qui fera de lui le régent et le chef d’Etat par intérim en cas de vacance du trône, qui n’a pas de pouvoir politique au Cambodge mais garde une aura que l’insatiable Hun Sen est soupçonné de convoiter.

A 45 ans, Hun Manet hérite d’un régime qui reste une démocratie formelle mais a pris un tournant très autoritaire suite aux élections de 2013 – lors desquelles le bon score de l’opposition a été vu comme une menace par le PPC – tout en basculant dans l’orbite chinoise.

Manet naît en 1977, l’année où son père, jeune chef de bataillon khmer rouge, fait défection et rejoint le Vietnam. Hun Sen sera nommé ministre des affaires étrangère par les forces communistes vietnamiennes qui renversent Pol Pot en 1979, puis premier ministre en 1985, à l’âge de 32 ans. S’il est né dans le chaos et la pauvreté, Manet a donc grandi au sein de l’élite.

Le contrôle des factions

Dans le Cambodge que les Nations unies ont doté d’une démocratie modèle en 1993, son père le destine à une carrière militaire et l’envoie passer quatre ans à l’académie militaire américaine de West Point, dont il sortira avec une licence d’économie en 1999. Hun Manet obtiendra en 2002 une maîtrise dans le même domaine à l’université de New York, puis décrochera un doctorat d’économie à l’université de Bristol en 2008. Sa thèse a pour titre : « Qu’est-ce qui détermine la répartition par taille des entreprises et leur intégration structurelle ? » Au Cambodge, il poursuit une carrière militaire, jusqu’à son dernier poste, commandant en chef des armées. Il a été promu général quatre étoiles en avril.

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