Cambodge : régime dynastique en vue après des législatives sans suspense

, Cambodge : régime dynastique en vue après des législatives sans suspense

Le dépouillement des bulletins de vote était en cours dimanche au Cambodge après des législatives sans suspense, à l’issue desquelles le Premier ministre Hun Sen, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 38 ans, devrait passer la main à son fils aîné.

Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 15H00 (08H00 GMT) et les premiers résultats sont attendus dans les heures à venir. Selon la commission électorale, la participation à 13H00 s’établissait à environ 74%. En 2018, la participation finale avait atteint 82%.

En l’absence de toute opposition crédible après l’exclusion du principal mouvement hostile au pouvoir, le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen devrait, comme en 2018, rafler l’ensemble des 125 sièges du Parlement.

A 70 ans, Hun Sen, l’un des leaders mondiaux depuis le plus longtemps au pouvoir, prépare sa succession, souhaitant cimenter le contrôle avant de passer le relais dans les semaines à venir à son fils aîné Hun Manet (45 ans), général quatre étoiles formé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

Le scrutin a suscité les critiques d’une coalition de 17 ONG internationales, dont la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et le Réseau asiatique pour des élections libres (Anfrel), qui se sont inquiétées samedi d’un « manque notable de transparence, d’équité et d’inclusion dans le processus électoral ».

Plus de 9,7 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes pour ces septièmes élections nationales depuis les accords de paix de Paris en 1991, qui ont marqué la fin de l’ère des Khmers rouges.

« Nous avons exercé (…) notre devoir et notre droit de citoyen à voter pour choisir le parti que nous aimons pour diriger le pays », a déclaré Hun Manet aux journalistes après avoir voté en début de matinée dans un bureau électoral de Phnom Penh, où il se présente.

Hun Sen avait quant à lui glissé son bulletin dans l’urne dès les premières minutes du vote dans un bureau de la banlieue de la capitale.

– Opposition muselée –

Ses détracteurs l’accusent d’avoir fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, qui ont été jetés par dizaines en prison.

Imposer son fils, « c’est un coup de poignard dans le dos du peuple cambodgien », estime Phil Robertson, de l’ONG Human Rights Watch.

Ses frasques « font ressembler le Cambodge à la Corée du Nord plutôt qu’à une véritable démocratie », constate-t-il.

Avant les législatives, la politique de répression s’est encore durcie envers les opposants, privés de leur liberté ou en exil.

Lors du dernier scrutin national en 2018, le PPC avait remporté tous les sièges après la dissolution par un tribunal du principal parti d’opposition.

Cette fois-ci, c’est le Parti de la bougie, seul rival crédible du Premier ministre, qui a été exclu de la course pour ne pas s’être enregistré correctement auprès de la commission électorale.

– Imposer son fils –

« Aujourd’hui est un jour de victoire pour nous », a lancé Hun Manet vendredi, lors du dernier rassemblement de la campagne.

Hun Manet a récemment pris du galon, prenant en charge petit à petit des fonctions assumées directement par son père.

Membre du puissant comité permanent, il est pour la première fois candidat sur une liste du PPC à Phnom Penh, première étape nécessaire pour devenir Premier ministre.

Interrogé par l’AFP à la sortie du bureau de vote sur ce qu’il ferait un fois au pouvoir, Hun Manet a répondu qu’il « n’avait rien à déclarer là-dessus ». « Il est né avec une cuillère en argent dans la bouche », analyse pour l’AFP le politologue Ou Virak. « Remplacer son père sera un défi majeur ».

« Je vote sans enthousiasme, il n’y a plus de partis d’opposition », a déclaré à l’AFP Oum Sokum, 51 ans, dans un bureau de vote poussiéreux de Phnom Penh, sous forte présence policière.

D’autres électeurs déclaraient voter pour la stabilité, dans un royaume encore profondément marqué par les années de guerre et le génocide.

« Je veux voter pour la personne qui peut aider le pays à se développer. Je veux vivre en paix et en harmonie », a déclaré Chea Phearak, 36 ans, à l’AFP.

À l’approche des élections, la liberté d’expression a été largement étouffée avec la fermeture d’un des derniers médias indépendants, la lourde condamnation du principal opposant pour trahison et la modification de la loi électorale pour exclure de facto les opposants en exil des élections futures.

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