Au Cambodge, l’étreinte chinoise ne se desserre pas

Base navale rénovée par la Chine, à Ream (Cambodge), le 13 juillet 2023. Base navale rénovée par la Chine, à Ream (Cambodge), le 13 juillet 2023.

Alors que les pays occidentaux ont critiqué les élections législatives du 23 juillet au Cambodge en raison des défauts évidents de compétition politique qui y ont prévalu – le seul parti d’opposition crédible avait été disqualifié d’avance –, la Chine n’a pas tari d’éloges pour le « leadership correct du gouvernement dirigé par Hun Sen », comme l’a déclaré le président chinois Xi Jinping, le 25 juillet. Dès sa démission, le 26 juillet, au profit de son fils, Hun Manet, le premier ministre sortant a écrit à son homologue chinois, Li Qiang, pour lui assurer que « la politique du nouveau gouvernement envers la Chine basée sur [l’]amitié traditionnelle mutuelle, la confiance et la coopération gagnant-gagnant ne va pas changer ».

Difficile de l’exprimer plus clairement : la présence massive de la Chine au Cambodge, à travers l’aide au développement, les investissements en infrastructures, des programmes d’échange ainsi qu’une coopération sécuritaire et militaire très dense, profite de la confiscation par Hun Sen et son clan de la démocratie pluraliste mise en place par les Nations unies en 1993. Au point de faire du royaume de 17 millions d’habitants, la taille d’une municipalité chinoise, un « Etat client » – voire un « Etat recruté », comme le défendait lors d’un colloque sur le Cambodge, en juin, à Paris, le géographe français Emmanuel Véron.

« La Chine s’en est longtemps tenue dans sa stratégie d’engagement à cibler les dirigeants, le haut du panier, car l’ampleur de ses investissements le nécessitait », explique, à Phnom Penh, le directeur cambodgien d’une ONG internationale qui requiert l’anonymat. « On assiste aujourd’hui à un effort plus large pour conquérir les cœurs et les esprits : les Chinois déploient des centres de recherche, des médias. Ils nous approchent même, nous les ONG prodémocratie, pour nous proposer des financements. Cela prouve qu’ils sont là pour rester », poursuit-il. Même si, ajoute-t-il, « ils veillent, dans cet effort, à servir avant tout le parti dirigeant [le Parti du peuple cambodgien, PPC], du moins tant que celui-ci va dans le sens de leurs intérêts ».

A l’heure où les Etats Unis multiplient les accords de coopération avec les pays ayant des contentieux maritimes avec la Chine, celle-ci tient plus que jamais à son meilleur allié dans l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean). En juin, Phnom Penh a mis son veto à la proposition de l’Indonésie d’organiser, dans son espace maritime situé en mer de Chine du Sud, les premiers exercices navals conjoints des pays de l’Asean. Le Cambodge est, pour la Chine, une prise géopolitique de choix, entre l’ombrageux Vietnam et l’insaisissable Thaïlande. Les groupes chinois sont omniprésents dans la région de Sihanoukville, destinée à devenir le Shenzhen cambodgien et offrant une façade maritime sur le golfe de Thaïlande, non loin des plus importantes bases navales du Vietnam et de la Thaïlande.

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