En fouillant le web nos rédacteurs ont repéré un éditorial qui risque de vous séduire. Sa thématique est « la justice ».
Le titre (Au Sénégal, Chanel ranime l’ancien palais de Justice de Dakar) condense tout le texte.
Sachez que le journaliste (présenté sous la signature d’anonymat
) est connu et fiable pour plusieurs autres encarts qu’il a publiés sur internet.
Il n’y a pas de raison de douter de la fiabilité de ces infos.
Le post a été diffusé à une date indiquée 2022-12-23 09:59:00.
« Dakar est comme une pâte à modeler, sourit le peintre sénégalais Mbaye Diop, dont les tableaux montrent les transformations permanentes de la ville. Tous les jours, une partie disparaît et renaît sous une autre forme. » En effet, la plupart des édifices historiques de la capitale sénégalaise, dont l’agglomération concentre un quart des 17 millions d’habitants du pays, peinent à survivre. L’absence de politique urbaine cohérente et l’appétit des promoteurs qui construisent à leur guise des tours en béton menacent sans cesse l’histoire d’une cité en effervescence.
L’ancien palais de justice, situé à la pointe méridionale de la presqu’île du Cap-Vert, est un emblème de ce patrimoine en péril et un symbole de la richesse architecturale méconnue de Dakar. Le bâtiment brutaliste, construit en 1957 par Daniel Badani et Pierre Roux-Dorlut, évoque l’esthétique de Le Corbusier, et notamment sa cité administrative de Chandigarh, en Inde. De l’extérieur, c’est un long bloc rectangulaire, une façade austère qui contraste avec l’intérieur : au rez-de-chaussée, la salle des pas perdus est un immense espace parcouru par 99 colonnes, égayé au sol par une mosaïque de carrelage bleu-vert, et avec, en son centre, un magnifique puits de lumière. Dans le jardin, en guise de chêne de la justice, trône un manguier.
Des gravats, de la paperasse
En avril 1966, dans cette même salle des pas perdus s’était tenue, à l’initiative du président Léopold Sédar Senghor, l’exposition « Tendances et confrontations ». Elle se déroulait dans le cadre du premier Festival mondial des arts nègres – tels qu’on les qualifiait alors –, qui devait « affirmer la contribution des artistes et écrivains noirs aux grands courants universels de pensée, et permettre aux artistes noirs de tous les horizons de confronter les résultats de leurs recherches », ambitionnait alors l’homme d’Etat. L’événement avait, selon Malick Ndiaye, conservateur du Musée Théodore-Monod d’art africain, à Dakar, « confirmé la place centrale de la ville dans la vie culturelle africaine ».
Ce bâtiment, édifié trois ans avant l’indépendance du Sénégal, a frôlé la catastrophe. Fermé en 1992, alors que des fissures laissaient craindre un effondrement, il n’a abrité pendant vingt-quatre ans que des gravats, de la paperasse et des serpents. En 2016, les organisateurs de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar obtiennent des autorités d’en faire leur espace d’exposition régulier. Bien que débarrassé de ses déchets, son état reste pourtant alarmant.
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