Nous, les Cambodgiens, on s’adapte au milieu dans lequel on vit.
Lem Srey est bouddhiste, il fête Noël en famille ce lundi 25 décembre 2023. Patron du restaurant « Aux délices d’Asie » à La Flèche, où il est connu sous son prénom français Emmanuel, il préparera l’une de ses spécialités pour ses proches : la fondue.
Huîtres et fondue khmère
Ce plat typique khmer se compose de viande, fruits et mer et légumes baignant dans un bouillon d’épices, de citronnelle, de feuilles de citron, d’ail, d’échalotes… et parfois de lait de coco. C’est agréable quand il fait froid. Ou bien quelquefois nous préparons une soupe. Et nous servons une entrée française, par exemple des huîtres…
Né en 1967, Lem Srey est de nationalité française depuis 1989. Depuis son arrivée en 1985, il a rencontré son épouse Sophie, d’origine thaïlandaise. Ils ont une fille. Un beau dénouement, pour une histoire qui avait plutôt mal commencé. J’ai connu le travail forcé à sept ans, sans famille, ni amis, ni école. On appelle ça l’époque noire, sous Pol Pot. Même les petits de trois ou quatre ans travaillaient pour enlever les mauvaises herbes dans les rizières ou glaner après les récoltes.
Dans les camps pendant six ans
Il gagne un camp de réfugiés en Thaïlande en 1979, puis deux camps similaires. Après les Khmers rouges, nous n’avions plus rien à manger, ni maison, ni terre à cultiver. Je suis allé en Thaïlande par hasard. Mais on ne pouvait pas vivre à la frontière, des conflits survenaient quotidiennement.
Il transite six mois sur une île en Indonésie, sans eau potable ni rien à manger, avec du riz et des boîtes de conserve
. Un de ses oncles qui avait rejoint la France vers 1975 le retrouve grâce à une pancarte affichée dans le camp. Lem Srey passe un mois à Paris, vit dans plusieurs villes et rejoint La Flèche en 2002. Plus de vingt ans ont passé et, avec le temps, les Noëls à la fondue khmère semblent une belle revanche sur l’époque de la dure vie dans les camps.
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