Les déchets d’Adidas, Walmart et d’autres marques alimentent des fours à briques au Cambodge – rapport

, Les déchets d’Adidas, Walmart et d’autres marques alimentent des fours à briques au Cambodge – rapport

par Clare Baldwin et Helen Reid

20 novembre (Reuters) – Les déchets issus de la
fabrication de vêtements d’au moins 19 marques internationales,
dont Adidas et Walmart, sont utilisés pour alimenter des fours
d’usines de briques au Cambodge, impactant la santé de certains
travailleurs, selon un rapport publié lundi par un groupe local
de défense des droits.

Le rapport de la Ligue cambodgienne pour la promotion et la
défense des droits de l’homme, plus connue sous son acronyme
LICADHO, s’appuie sur des visites effectuées dans 21
briqueteries de la capitale cambodgienne Phnom Penh et de la
province voisine de Kandal entre avril et septembre, ainsi que
sur des entretiens avec des employés, anciens ou encore en
poste.

Selon l’étude, sept usines brûlent des déchets issus de la
fabrication des vêtements, notamment des tissus, du plastique,
du caoutchouc et d’autres matériaux provenant des marques, pour
économiser sur les coûts de carburant.

« Plusieurs travailleurs ont déclaré que l’incinération des
déchets de vêtements leur causait des maux de tête et des
problèmes respiratoires ; une autre travailleuse a rapporté
qu’elle se sentait particulièrement mal pendant ses grossesses »,
indique le rapport.

Plusieurs enseignes, dont Primark et Lidl, ont déclaré
qu’elles enquêtaient sur le sujet.

La combustion des déchets de vêtements peut libérer des
substances toxiques pour l’homme si les conditions
d’incinération ne sont pas soigneusement encadrées, et les
cendres peuvent également contenir des niveaux élevés de
polluants, selon une étude interne réalisée en 2020 par le
Programme des Nations unies pour le développement, qui a mesuré
les émissions des incinérateurs des usines de vêtements au
Cambodge.

Le rapport indique que ces substances toxiques comprennent
des dioxines, qui peuvent être cancérogènes. Le PNUD n’a pas
répondu à une demande de commentaire sur le rapport.

Selon un autre rapport publié en 2018 par des universitaires
britanniques de Royal Holloway, de l’Université de Londres, les
déchets de l’industrie textile contiennent souvent des produits
chimiques toxiques, notamment de l’eau de Javel, du formaldéhyde
et de l’ammoniac, ainsi que des métaux lourds, du PVC et des
résines utilisées dans les processus de teinture et
d’impression.

Les ouvriers des usines de briques ont signalé des migraines
régulières, des saignements de nez et d’autres maladies, selon
le rapport britannique.

Les marques citées dans le rapport de la LICADHO sont :
Adidas, C&A, Cropp et Sinsay de LPP, Disney, Gap, Old Navy,
Athleta, Karbon, Kiabi, Lululemon Athletica, Lupilu de Lidl
Stiftung & Co, No Boundaries de Walmart, Primark, Reebok, Sweaty
Betty, Tilley Endurables, Under Armour, et Venus Fashion.

Adidas, qui s’approvisionne auprès de 16 usines au Cambodge,
a déclaré avoir ouvert une enquête pour vérifier si les déchets
étaient détournés des filières autorisées vers les fours à
briques.

La politique environnementale d’Adidas au Cambodge stipule
que tous les déchets des fournisseurs de vêtements doivent être
éliminés soit dans une usine de valorisation énergétique des
déchets agréée, entièrement réglementée et dotée de contrôles de
la qualité de l’air, soit dans des centres de recyclage agréés
par le gouvernement, a indiqué la société.

Lidl a dit prendre très au sérieux les informations
signalées par la LICADHO et avoir lancé une enquête, sans donner
plus de détails.

Le détaillant polonais LPP a indiqué qu’il ignorait que ses
déchets textiles étaient brûlés dans des fours à briques et
qu’il avait contacté ses agents chargés de passer les commandes
au Cambodge.

Le britannique Primark, qui s’approvisionne auprès de 20
usines au Cambodge, a déclaré qu’il enquêtait sur la question.
Sweaty Betty n’a pas commenté les résultats spécifiques, mais
dit travailler en étroite collaboration avec ses fournisseurs
pour garantir le respect total de son code de conduite
environnemental.

La chaîne de magasins de vêtements C&A, qui a aussi lancé
une enquête, a déclaré qu’elle se conformait aux lois et
réglementations locales et qu’elle contrôlait ses fournisseurs
au moyen d’évaluations par des tiers et de visites de suivi
effectuées par son propre personnel local.

La société Tilley Endurables s’est dit de son côté « très
préoccupée » par les conclusions de l’enquête et affirme que
l’usine qui produit ses articles a été auditée par
l’organisation WRAP (World Responsible Accredited Production) et
qu’elle s’était engagée à assurer une gestion appropriée des
déchets sur la base des lois locales et des normes
internationalement reconnues.

Tilley Endurables dit avoir enquêté et a découvert que
l’usine faisait appel à une société d’enlèvement des déchets
agréée par le ministère cambodgien de l’Environnement et qu’elle
ne savait pas ce qu’il advenait des déchets une fois qu’ils
étaient collectés.

Les autres marques n’ont pas répondu aux demandes de
commentaires de Reuters dans l’immédiat. Le WRAP, le ministère
cambodgien de l’Environnement et la société de collecte des
déchets Sarom Trading Co. Ltd, n’ont pas répondu aux demandes de
commentaires.
(Reportage Clare Baldwin et Helen Reid, avec la contribution de
Katherine Masters ; version française Kate Entringer, édité par
Blandine Hénault)

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