Entre le golfe de Thaïlande et la chaîne de montagnes des Cardamomes, à huit kilomètres de la frontière du pays du sourire, la province cambodgienne de Koh-Kong manque cruellement d’accès au soin.
En bordure de ce système de mangrove estuaire, l’hôpital provincial se dresse comme un rempart parfois fragile face à des pathologies nécessitant toujours davantage de gestes médicaux pointus.
Face à ce constat, trois médecins et deux audioprothésistes ont, cette année encore, chargé 200kg de matériel médical pour prêter main-forte à leurs confrères cambodgiens. Une mission médicale humanitaire, sous l’égide d’Enfant du monde, une ONG antiboise, renouvelée depuis 2012.
Un anesthésiste cannois à la manœuvre
Côté bistouri, les docteurs Steeve de Bruyne et Olivier Coulet, respectivement ORL à Antibes et à Marseille et Michel Rossi, anesthésiste cannois étaient à la manœuvre. « En dix jours de mission, nous avons réalisé vingt-cinq opérations. Le but, c’est de maximiser le temps que nous avons sur place afin de venir en aide au plus de patients possibles », explique le docteur Michel Rossi.
Et d’ajouter: « Sur certaines consultations pour des problèmes de thyroïde, on voit parfois des goitres très volumineux, Des choses que l’on ne voit plus en Europe de nos jours. On a travaillé dans des conditions que l’on voyait quarante ans en arrière! Les échanges avec les équipes locales se passent plus que bien. Leur extrême dévouement et cette volonté de participer à la mission m’ont beaucoup touché. Ils sont tous concernés, l’ensemble de l’hôpital. Les équipes de Koh-Kong sélectionnent les patients si bien qu’on a pu opérer dès le premier jour! »
Pour autant, la transmission ne peut se faire que dans une certaine mesure. « Même si on transmet la technique chirurgicale et anesthésiste, ce sont des procédés trop difficiles pour qu’ils les reproduisent sans nous. Mais pour des choses plus simples, ils peuvent réutiliser ce qu’on a transmis », admet le docteur Michel Rossi. « Il y aurait des chirurgiens, ça fonctionnerait parce qu’ils ont des infrastructures correctes même s’ils manquent de matériel, regrette l’anesthésiste cannois. Mais ce manque de chirurgiens provient aussi de l’assassinat du quart de la population dans lequel les intellectuels ont été décimés sous Pol Pot. »
L’aspect audioprothétique de la mission était géré par les mains expertes de Philippe Leconte et Antoine Forge, audioprothésistes à Antibes pour l’un et à Marseille pour l’autre.
Au creux de l’oreille
« 63 appareils auditifs ont été installés en moins de 10 jours. On en aurait eu 100 on les aurait utilisés! Tous les médecins cambodgiens nous ont aidés, ils étaient très volontaires pour nous accompagner et se former auprès de nous », confie Philippe Leconte. Après le départ des soignants français, pas question pour autant de laisser leurs patients cambodgiens sur la touche. « On a formé les équipes de l’hôpital au suivi des appareils pour le nettoyage et le dépannage. On leur laisse aussi pour un an de pile par patient plus un stock à l’hôpital, puisque ces appareils auditifs nécessitent de changer la pile tous les mois. Au total, cela représente 2.400 piles! » précise l’audioprothésiste.
Dernière opération cambodgienne pour Philippe Leconte,: « Je passe la main, 2023, pour moi, c’était la plus belle mission. Sur place, on prend une vraie claque. Ce sera suivi et Audika a confirmé sa participation à la récurrence de la mission. »
L’occasion aussi de prendre conscience de l’impact profond de cette action humanitaire. « J’appareille un gamin en 2019, il avait une dizaine d’années, et il n’avait plus qu’une seule oreille qui ne fonctionnait plus qu’à moitié se remémore Philippe Leconte. Je l’ai recroisé cette année, et son père m’a raconté que grâce à l’appareillage, il a pu aller à l’école! C’est tellement gratifiant, c’est la raison d’être de la mission! »
Avant de confier: « On vit des choses tellement intenses, tu pars avec un copain, tu reviens avec un ami, tu pars avec un ami et tu reviens avec un frère. »
« C’est devenu un véritable rendez-vous »
« Une ORL de Lanval d’origine cambodgienne, Sonanda Bailleux, se rendait régulièrement à Koh-Kong et m’a demandé de partir avec elle en 2012. Lors de cette première mission d’observation, voyant que les besoins étaient considérables, notamment face au manque criant d’infrastructures sur place, ce fut un vrai choc. J’ai convaincu Audika de financer une véritable opération chirurgicale là-bas. Après une année blanche, à partir de 2014, on est parti tous les ans avec un ORL, un anesthésiste et un audioprothésiste. D’année en année, c’est devenu un vrai rendez-vous avec une file d’attente hallucinante quand on arrive! », raconte Philippe Leconte.
L’opération est financée par Audika, à hauteur de 15.000 euros, hors matériel. La Caisse d’Épargne donne un coup de pouce de 2.000 euros. « Sur place, nous avons laissé un audiomètre fourni par Audika qui vaut 10 000 euros, les appareils auditifs chiffrent à 1.000 euros par appareil – soit un total de 63.000 euros – ont été financés par Oticon », détaille Philippe Leconte.
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