L’ONG dénonce des évictions forcées et des arrestations qui visent les populations locales.
Un projet de compensation des émissions carbone piloté par le gouvernement cambodgien viole les droits de populations locales, ciblées par des évictions forcées et des arrestations, a alerté Human Rights Watch dans un rapport publié jeudi. «Les stratégies de conservation qui mettent de côté et punissent les peuples indigènes pour lutter contre la crise environnementale mondiale, sont inacceptables et contre-productives», a réagi Luciana Tellez Chavez, chercheuse auprès de l’ONG.
L’enquête pointe du doigt les «évictions forcées et les charges pénales» visant les populations Chong, dont la majorité n’aurait pas son mot à dire au sujet de la forêt qu’ils habitent depuis des siècles. Le programme en question, dirigé depuis plusieurs années par le ministère cambodgien de l’Environnement et l’ONG Wildlife Alliance, concerne un demi-million d’hectares autour de la chaîne des Cardamomes (sud-ouest). Il a rapporté plus de 18 millions de dollars, selon un rapport officiel datant de fin 2021.
Arrestations de membres de la communauté Chong
La compensation des émissions de gaz à effet de serre, par le biais de crédits carbone achetés par des entreprises soucieuses d’afficher la neutralité carbone, peut être assimilée à du greenwashing, car globalement inefficace, selon des chercheurs. Human Rights Watch signale notamment des arrestations de membres de la communauté Chong pour avoir collecté de la résine, une pratique traditionnelle jugée vertueuse, dans une zone protégée, et l’éviction de six familles de terres qu’elles cultivaient.
Le peuple Chong compte environ 3000 personnes dans la région couverte par le programme, sans reconnaissance légale de leur droit à la terre. La chaîne des Cardamomes est reconnue comme étant un haut-lieu mondial de la biodiversité, abritant des espèces rares d’éléphants, de léopards et d’ours. Un habitant, qui a souhaité rester anonyme, a assuré à l’AFP que sa communauté n’était «pas heureuse» avec ce projet. «Nous sommes confrontés à des difficultés qui nous empêchent de pratiquer l’agriculture rotative traditionnelle», a expliqué un autre habitant, Ven Vorn.
Une image «profondément trompeuse et déformée»
Selon ce résident de Chumnoab, «les rangers et la Wildlife Alliance harcèlent les habitants, en détruisant leurs cultures, démontant leurs huttes et brûlant le riz et les autres cultures.» «Les habitants ont peur d’être arrêtés parce qu’ils ne comprennent pas la loi, quels produits de la forêt sont autorisés pour la collecte, et ceux qui sont interdits», a ajouté celui qui au départ soutenait le projet. «C’est dur à accepter», a-t-il dit, tout en admettant les bénéfices dont sa communauté a pu tirer du programme : deux routes et quelques puits. Un porte-parole du ministère cambodgien de l’Environnement, contacté par l’AFP, a relevé le développement de la région, et affirmé que des consultations avaient eu lieu avec les habitants.
Dans un courriel à l’AFP, la présidente de l’ONG Wild Alliance Suwanna Gauntlett rejette le rapport qui «présente une image profondément trompeuse et déformée». Le groupe a assuré avoir recruté et formé du personnel qui puisse aider les populations locales. Le Cambodge est régulièrement critiqué pour ses politiques laxistes de protection de la nature, qui contribuent à la déforestation massive du royaume.
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