Nous retrouvons Jeanne, 25 ans, récemment arrivée au Cambodge, qui nous fait part avec son regard frais, de son premier séjour à Siem Reap.

Samedi, Jour 2

Nous nous rendons aujourd’hui au sein de la réserve naturelle de Prek Toal qui se trouve au bord du lac Tonle Sap, le plus grand lac d’eau douce d’Asie du Sud-Est. Il attire de nombreux visiteurs désireux d’en savoir plus sur les moyens de subsistance des populations dont la vie dépend de l’eau. Il est également possible d’observer la réserve ornithologique. 

Pour nous rendre au village, nous nous engageons d’abord sur des routes bosselées, faites de terre et de sable, au bord du lac. Le bus est secoué dans tous les sens. Nous embarquons ensuite sur un bateau en bois, à moteur pour parcourir le lac jusqu’au village. 

Chaque maison, école, magasin ou même dispensaire se trouve directement sur l’eau. Les habitants utilisent des bateaux pour se déplacer, pour assister à des cérémonies religieuses ou à des mariages, qui sont également célébrés sur l’eau en tenues traditionnelles. Dans la communauté de Prek Toal, habitants et touristes peuvent déguster des plats dans les restaurants flottants ou acheter une collation aux habitants qui se déplacent en bateaux pour vendre de la nourriture.
 

Notre première destination est une école. En arrivant, j’observe un enfant d’environ 6 ans assis en équilibre à l’extrémité d’une barque, qui pagaie pour rejoindre le bord fait de végétation flottante et de boue. Arrivé à quai, il noue son embarcation puis sautille avec agilité d’une barque à l’autre pour atteindre la terre ferme. Ici, tout le monde va à l’école en bateau : élèves et professeurs.

L’école est constituée de deux bâtiments sur hauts pilotis, l’un en bois, l’autre en béton. Il est nécessaire qu’elle soit construite en hauteur car l’eau du lac peut monter jusqu’à 7-8 mètres lors de la saison des pluies ! La cour de l’école est un grand terrain en terre tout autour. J’aperçois un tas de déchets qui brûle non loin de ce terrain de jeu. Au sein des bâtiments, on trouve une petite bibliothèque, des salles de classes et une boutique qui vend des repas, sucreries et jouets en tout genre.
 

J’aperçois les enfants qui jouent dans la terre et la boue, qui arrachent les plantes qui couvrent leur espace de jeux. Beaucoup d’entre eux sont pieds nus, leurs ongles noircis par la terre. Ils portent des tenues colorées, des maillots de football, des robes, des sweats, indifférents à la chaleur qui devient pourtant difficilement supportable l’après-midi. Je remarque qu’ils prêtent une attention particulière à leur tenue. Les petites filles portent des bijoux, des barrettes à paillettes dans les cheveux, des serre-têtes et certains petits garçons des chemises blanches distinguées.

D’abord, ils m’observent de loin. Certains s’approchent, peu à peu, me font des signes ou me saluent en anglais. Je sens leurs regards interrogatifs se poser sur moi, scrutant mon apparence. Quelques uns me demandent mon prénom, mon âge, d’où je viens. Leurs rudiments d’anglais s’arrêtent là. Je complimente une petite fille sur ses barrettes colorées et quelques minutes plus tard, elle s’avance timidement pour m’en offrir une.
 

A l’heure du déjeuner, nous nous rendons dans un des restaurants du village. Sur de grandes tables recouvertes de nappes colorées sont disposées du poisson frit, de la salade de papayes, du riz et de nombreux autres mets. Ensuite, un petit garçon s’amuse à nous effrayer avec un bébé crocodile qu’il tient dans ses mains comme on le ferait avec un chaton. Les propriétaires nous expliquent qu’ils les élèvent pour vendre leur peau et leur viande : d’énormes crocodiles sont empilés les uns sur les autres dans de grandes cages construites dans le lac.

Nous poursuivons notre visite dans une seconde école dont la structure est similaire, bien que les bâtiments semblent plus récents. Non loin de l’école se trouve une pagode, lieu de culte bouddhiste. Devant, j’aperçois des moines et des habitants attelés à construire des pontons, sous un soleil de plomb, en tenue traditionnelle. 

Nous sommes ensuite conduits dans une barque à moteur à travers le lac pour observer les oiseaux. Nous croisons une famille occupée à couper des jacinthes d’eau qui, une fois séchées, seront utilisées pour tisser des sacs. Une petite fille assise dans la barque nous suit du regard avant de se cacher précipitamment derrière une couverture, sûrement destinée à la protéger du soleil. Nous nous arrêtons quelques temps au bord du lac où s’élève une cabane, faite de branchages et de cordes. Nous gravissons l’échelle qui mène à son sommet pour observer la nature foisonnante qui nous entoure. L’édifice s’agite doucement sous nos pas… 
 

Au retour, j’observe émue, du toit du bateau, le couché du soleil qui s’étend devant moi, mesurant la chance que j’ai de découvrir cet incroyable pays.