Cambodge : le Premier ministre Hun Sen annonce sa démission

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Publié le 26 juil. 2023 à 12:35Mis à jour le 26 juil. 2023 à 15:50

Au royaume du Cambodge, gouverner reste une histoire de famille. Ce mercredi, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a annoncé sa démission et confirmé que son fils, général quatre étoiles formé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, lui succédera.

« Je voudrais demander à la population de faire preuve de compréhension en annonçant que je ne resterai pas Premier ministre », a-t-il déclaré lors d’une allocution diffusée à la télévision d’Etat. Avant d’ajouter que son fils, Hun Manet, « deviendra Premier ministre dans un peu plus de trois semaines ». Plus précisément dans la soirée du 22 août.

Une succession préparée de longue date

Arrivé au pouvoir en 1985, Hun Sen – qui a aujourd’hui 70 ans – va donc officiellement tirer un trait sur près de quatre décennies de pouvoir. Mais son retrait est tout relatif. Car il n’a jamais caché, alors qu’il parle de transmettre le pouvoir à son fils depuis un an et demi, qu’il avait toujours l’intention d’exercer une influence, même après son départ. Il restera donc en partie aux manettes dans l’ombre de son fils aîné, élu député, à 45 ans, pour la première fois dimanche dernier.

Lors de ce scrutin sans suspense , le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen n’avait pas de réel adversaire. Le seul rival crédible, le Parti de la bougie, avait en effet été exclu de la course quelques semaines avant le vote, au prétexte qu’il ne s’était pas enregistré correctement auprès de la commission électorale.

Le PPC a donc, sans trop de surprise, eu le loisir de revendiquer une victoire sous forme de « raz-de-marée », avec 82 % des voix. Ce qui lui a permis de rafler 120 des 125 sièges de l’Assemblée, selon les médias locaux. Les cinq sièges restants reviennent au parti royaliste Funicipec (Front uni national pour un Cambodge indépendant, neutre, pacifique et coopératif), autrefois au pouvoir. Créé dans les années 1980 par Norodom Sihanouk, il n’était plus représenté à l’Assemblée depuis une dizaine d’années.

Un rapprochement avec Pékin qui irrite Washington

Ces résultats, et la prochaine passation de pouvoir, ne peuvent qu’accentuer le fossé qui s’est creusé entre Washington et Phnom Penh. En début de semaine, dans un communiqué, le département d’Etat américain s’est dit « préoccupé » par les résultats d’élections « qui n’ont été ni libres, ni équitables ». Précisant que Washington s’apprêtait à imposer des restrictions en matière de visas à des Cambodgiens et à suspendre certaines aides financées par les Etats-Unis.

Pékin, au contraire, a félicité l’exécutif cambodgien pour ses « élections réussies », satisfait d’avoir l’assurance que la feuille de route suivie depuis des années par Hun Sen ne sera pas modifiée. « Le résultat des élections au Cambodge devrait jeter des bases solides pour la stabilité et le développement futur des futures relations » entre les deux pays, soulignait d’ailleurs « Le Quotidien du Peuple ».

Sous la houlette du Premier ministre sortant, en effet, le Cambodge a opéré un rapprochement notable avec la Chine. Celle-ci a largement financé de nombreuses infrastructures, dont la première autoroute du pays, qui relie la capitale, Phnom Penh, à Sihanoukville, le grand port donnant sur le golfe de Thaïlande. En 2022, la Chine a pesé pour 90,5 % des investissements étrangers, selon Chea Vuthy, secrétaire général adjoint du Conseil pour le développement du Cambodge. Et 73,5 % au cours des quatre premiers mois de 2023.

Une base navale controversée dans le sud du pays

Pékin a aussi financé l’extension et la modernisation de la base navale de Ream, dans le sud du pays. Cette base est devenue au fil des années un sujet de contentieux entre Washington et Phnom Penn. Car les Etats-Unis suspectent qu’elle servira de tête de pont à Pékin pour étendre son influence dans cette partie du monde et peut-être même y stationner des troupes et des équipements. Cela en ferait la deuxième plus grande base navale chinoise à l’étranger, après Djibouti. Ce que le Cambodge et la Chine démentent.

Hasard du calendrier, Phnom Penh a confirmé cette semaine que les travaux sur cette base touchent à leur fin. Et les photos satellite publiées par la société américaine BlackSky montrent clairement que deux jetées de 363 m y ont été bâties. Des constructions suffisamment longues pour accueillir n’importe quel navire de la marine chinoise, y compris le porte-avions « Fujian », le premier entièrement conçu et construit en Chine .

L’ONU dénonce les intimidations et menaces autour des élections

« Les partis d’opposition, les activistes, les représentants des médias et d’autres ont été confrontés à de nombreuses restrictions et représailles qui semblent avoir eu pour but de minimiser la campagne politique et d’entraver l’exercice des libertés fondamentales essentielles à la tenue d’élections libres et pleinement participatives », a déclaré, dans un communiqué, Volker Türk, haut-commissaire de l’ONU aux Droits de l’homme.

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