Bravo contre Amerisur Resources (litige du groupe Putumayo). Les demandeurs survivent à la contestation de la prescription malgré une conclusion douteuse sur les preuves et la procédure d’exclusion de Rome II.

Dans Bravo & Ors contre Amerisur Resources Ltd (Re The Amerisur plc Putumayo Group Litigation) [2023] Les demandeurs EWHC 122 (KB), qui vivent dans des communautés rurales éloignées de la région de Putumayo en Colombie, demandent des dommages-intérêts au défendeur en vertu du Code civil colombien et en se fondant sur le décret colombien 321/1999, en ce qui concerne la pollution de l’environnement causée par un déversement (ou déversements) de pétrole brut le 11 juin 2015. Les deux causes d’action des demandeurs sont plaidées sous les titres (i) tutelle d’une activité dangereuse et (ii) négligence. Il est constant entre les parties que le déversement de pétrole était le résultat d’actes délibérés de l’organisation terroriste, les FARC.

Steyn J a tenu hier des questions préliminaires, y compris le délai de prescription. Le défendeur soutient que le délai de prescription de deux ans prévu par la loi colombienne pertinente concernant les actions de groupe colombiennes (« loi 472 ») s’applique à la demande. Les parties conviennent qu’en substance, la loi colombienne est lex causae selon A4 et A7 Rome II.

Les demandeurs invoquent deux points de droit anglais et un de droit colombien. Premièrement, ils soutiennent que l’article pertinent de la loi 472 est une disposition procédurale au sens de A1(3) Rome II, et qu’il ne relève donc pas du champ d’application de Rome II. Je crois qu’ils ont raison, mais le juge ne l’a pas fait. Deuxièmement, ils réfutent l’affirmation de la défenderesse selon laquelle cette action devrait être traitée comme une action de groupe en vertu de la loi 472. Troisièmement, même s’ils se trompent sur ces deux points, ils soutiennent que l’application du délai de la loi 472 serait incompatible avec le public anglais politique, et le tribunal devrait donc refuser de l’appliquer conformément à A26 Rome II.

Tous les liens vers la jurisprudence dans cet article, sauf un, renvoient à ma discussion sur la même chose sur le blog, avec des éléments bien sûr liés à l’arrêt. Toutes mes excuses pour la tape dans mon dos, mais il est agréable de voir que tous les cas sauf un (Vilca, où les parties se sont essentiellement entendues sur la question de Rome II) des cas mentionnés dans le jugement de tous figurent sur le blog.

Pour les demandeurs, Alexander Layton KC a fait référence à Wall v Mutuelle de Poitiers Assurances et Actavis UK Ltd & ors v Eli Lilly and Co (où les questions ont été discutées ci-dessus). Les défendeurs s’appuient sur Vilca v Xstrata Ltd [2018] EWHC 27 (QB), KMG International NV contre Chen [2019] EWHC 2389 (Comm), Pandya contre Intersalonika General Insurance Co SA [2020] EWHC 273 (QB), [2020] ILPr 44 et Johnson contre Berentzen [2021] EWHC 1042 (QB).

Ma réception des conclusions de la Haute Cour dans KMG, Pandya et Johnson n’a pas été enthousiaste, et dans mon examen de Pandya en particulier, je suggère également que la même bourse sur laquelle s’appuie cette affaire n’a pas réellement étayé les arguments de l’accusé, et Je m’en tiens à cela aussi.

D’où la conclusion de Steyn J [102] que l’article 15 Rome II

contient une liste de matières qui doivent « en particulier » relever de la loi désignée, sauf de savoir si elles seraient classées comme questions de fond ou de procédure

autre [106]

que les dispositions de l’article 15 de Rome II doivent être largement interprétées

à mon avis est faux. (Notez l’analyse linguistique dans [110] intéressera les lecteurs intéressés par l’interprétation authentique des lois multilingues).

[109] La question clé est alors de savoir quel délai de prescription colombien s’applique à ces procédures anglaises, ce qui amène le juge à discuter [115] ff ia Civils irakiens contre Ministère de la Défense (n° 2). Ici, le juge, après avoir discuté des preuves de droit colombien, tient [137]

que cette action n’a pas été intentée en vertu de la loi 472 et qu’elle ne doit pas être traitée comme si elle avait été intentée en tant qu’action collective colombienne. Par conséquent, cette action n’est pas prescrite en vertu de l’article 47 de la loi 472.

Ainsi, les demandeurs ont perdu l’argument sur l’exception procédurale de Rome II mais ont gagné l’argument sur l’application de la loi colombienne.

[139] ff si la règle de prescription doit être écartée conformément à A26 Rome II est discutée obiter et sommairement, en référence bien sûr à Begum v Maran dont je discute ici. Le juge soutient que le seuil élevé de A26 ne serait pas atteint.

Les deux parties ont raison de faire appel, et l’on se demande sur quelles parties de Rome II, l’autorisation de faire appel sera demandée.

Geert.

Droit international privé de l’UE, 3e éd. 2021, entre autres para 4.80.