Les autorités cambodgiennes tirent la sonnette d’alarme. Ces derniers temps, plusieurs vidéos alarmantes impliquant des macaques ont été postées sur les réseaux sociaux et en particulier sur YouTube. Toutes sont filmées dans la vallée entourant le temple d’Angkor Wat, qui fut classé au patrimoine mondial de l’Unesco pendant plus de dix ans, et l’une d’entre elles est particulièrement choquante.

Sur cette séquence, décrite par Associated Press, on aperçoit une personne jouer avec les organes génitaux d’un jeune macaque mâle pour l’exciter devant la caméra et ainsi augmenter le nombre de vues de sa vidéo. Dans une autre vidéo, on peut également voir un bébé singe tenu par le cou et menacé d’être jeté dans une citerne de béton. Et ce ne sont malheureusement que deux exemples parmi d’autres.

Car de plus en plus de vidéos impliquant les macaques du temple d’Angkor Wat circulent sur les réseaux sociaux et l’objectif des vidéastes est clair : avoir des images « spectaculaires » pour faire le buzz et ainsi rapporter un maximum d’argent. Et ce, même si cela se fait au détriment du bien-être l’animal. Un groupe cambodgien de défense des animaux dénonce même dans une pétition des cas d’« agressions sexuelles » envers des primates et des cas de détention abusive de singes au domicile de certains Youtubeurs.

Un véritable fléau

Sans parler de ces abus, il est important de rappeler que même les petites vidéos « mignonnes et innocentes » de petits macaques sautillant et jouant dans la vallée peuvent impliquer un comportement abusif de la part d’un vidéaste. Associated Press prend l’exemple d’une vidéo d’une maman singe qui allaitait son bébé et qui a beaucoup circulé sur les plateformes. Ce que cachait en réalité cette captation, c’est que pas moins de douze vidéastes ont traqué cette macaque durant toute l’après-midi pour obtenir quelques vues (et donc quelques dollars).

De façon plus générale, les vidéastes ont pris la fâcheuse tendance d’attirer les primates avec des bananes ou de les faire boire de l’eau à la bouteille pour amuser leurs spectateurs, créant une forme de dépendance vis-à-vis de l’homme pour trouver leur nourriture et mettant en danger les visiteurs du temple d’Angkor Wat. Car il est désormais fréquent de voir des petits macaques se jeter sur les touristes et leur faire les poches à la recherche de nourriture ou d’une bouteille en plastique. Et si les visiteurs résistent, les petits singes ont tendance à les mordre… Un comportement qu’aucun animal sauvage n’adopterait naturellement.

Une enquête ouverte

Malheureusement, aujourd’hui, le bureau cambodgien qui supervise le site archéologique d’Angkor, l’APSARA, se dit dépassé par la situation. Pas question toutefois de baisser les bras. Une enquête a été ouverte par le ministère de l’Agriculture afin de recueillir des preuves « au moins pour les agressions les plus graves » et poursuivre leurs auteurs. « Tout maltraitant d’animaux sera sévèrement puni par la loi au Cambodge », prévient l’APSARA.

Une enquête que les Youtubeurs – qui nient le caractère abusif de leur interaction avec les macaques – redoutent. Car tous n’ont qu’une crainte, c’est que le gouvernement décide tout bonnement d’interdire la captation vidéo de ces singes, privant ainsi des dizaines de vidéastes de leur principale source de revenu.

Quant aux défenseurs du bien-être animal, eux, appellent la population à cesser de regarder ces vidéos pour faire couler ce business basé sur des singes maltraités d’un côté et des « vues » sur les réseaux de l’autre.