« Les gouvernements populistes et autoritaires en Europe ont gravement érodé les garanties constitutionnelles fondamentales propres à la démocratie libérale. Ces attaques visent également la reconnaissance et l’exercice des droits de l’homme – et leur gardien ultime, la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) et le Conseil de l’Europe (CoE). Plusieurs États parties dotés d’un gouvernement populiste ou autoritaire refusent d’appliquer les arrêts défavorables de la Cour. D’autres rendent très difficile pour les particuliers l’épuisement des voies de recours internes, afin de mettre la CEDH hors de leur portée. Comment la Cour EDH/CoE réagit-elle, et comment pourrait-elle mieux réagir ?
Les études sur les réponses au populisme et à l’autoritarisme dans l’Union européenne ainsi que celles sur le droit et la théorie constitutionnels ont abondé ces dernières années. Pourtant, aucune étude approfondie n’a jusqu’à présent examiné la réponse et les opportunités de la Cour européenne des droits de l’homme et du Conseil de l’Europe de manière plus générale. Les précieuses contributions existantes se réfèrent en grande partie à des affaires particulières, souvent sans distinguer les caractéristiques systémiques de la Cour et sans approfondir sa pratique juridictionnelle. La Cour européenne des droits de l’homme et le CdE peuvent-ils utiliser les outils existants élaborés par des juristes et des politologues compte tenu de son rôle international, axé sur les droits de l’homme et subsidiaire ?
L’atelier vise à combler cette lacune en examinant le rôle de la Cour (y compris le CdE). Par exemple, quelle variété de populisme cible spécifiquement la Cour européenne des droits de l’homme et est-elle différente de l’arène constitutionnelle ? Et comment la Cour a-t-elle répondu jusqu’à présent ? De telles attaques peuvent amener la Cour à développer davantage – ou à limiter – son arsenal juridictionnel, d’interprétation et d’enquête. La Cour a été conventionnellement décrite comme la garantie externe des droits démocratiques fondamentaux des individus – un exemple notoire de « démocratie militante ». La Cour est-elle aujourd’hui en mesure de faire face à des menaces plus subtiles et insidieuses contre la démocratie, l’État de droit et les droits de l’homme ? L’atelier interroge également si ces menaces obligent la Cour non seulement à poursuivre de nouvelles politiques, mais aussi à réformer les relations systémiques entre la Cour et les autorités nationales, en particulier les mécanismes exprimant la subsidiarité. Les autorités nationales ont déjà été conçues comme les « partenaires de conformité » (Alter) au début de la Cour. Pourtant, les populistes et les autoritaires ont développé des techniques politiques et juridiques avancées pour utiliser et abuser de la subsidiarité à leur avantage, sapant ainsi la structure du système de la Cour. Ces techniques nationales nécessitent-elles une réforme des rôles de subsidiarité de la CEDH ?’