Vers une transition juste au Cambodge : emploi vert et inclusion sociale

Alors que le Cambodge se prépare à sortir du statut de pays les moins avancés (PMA) d’ici 2029, il fait face à un double défi : maintenir sa croissance économique tout en répondant à l’urgence climatique. Très exposé aux catastrophes naturelles — inondations, sécheresses, tempêtes —, le pays pourrait voir son PIB chuter de 10 % par an d’ici 2050 sans mesures d’adaptation supplémentaires, selon les estimations du PNUD.

Mais cette vulnérabilité peut aussi devenir un levier de transformation. La mise en œuvre d’une « transition juste » — c’est-à-dire une transition écologique inclusive — permettrait de créer jusqu’à 449 000 emplois verts d’ici 2050 dans des secteurs comme les énergies renouvelables, l’agriculture durable, la construction écologique et la gestion des déchets.

Une opportunité sociale et économique à saisir

La transition juste ne se limite pas à la réduction des émissions de carbone. Elle vise aussi à protéger les travailleurs des secteurs vulnérables, tels que le textile, l’agriculture ou le tourisme, en leur offrant des formations et des perspectives dans une économie plus verte. Elle implique également une meilleure intégration des femmes dans les chaînes de valeur liées au climat et une valorisation du potentiel de la jeunesse cambodgienne, dont les moins de 30 ans représentent les deux tiers de la population.

Des initiatives déjà engagées, mais des obstacles persistants

Le Cambodge a commencé à poser les jalons de cette transition. Le gouvernement met en œuvre une stratégie d’économie circulaire et des normes d’efficacité énergétique, tout en explorant le potentiel solaire et éolien encore peu exploité du pays. L’agriculture intelligente face au climat et la transformation agroalimentaire à valeur ajoutée pourraient également renforcer les revenus ruraux.

Cependant, des freins importants subsistent. Le poids du secteur informel rend difficile l’élargissement des protections sociales et la planification de l’évolution du marché du travail. Les femmes et les groupes marginalisés restent peu présents dans les secteurs verts, et la coordination institutionnelle sur les questions climatiques reste à renforcer. La sortie du statut de PMA pourrait en outre réduire l’accès aux financements concessionnels, limitant les ressources disponibles pour les politiques de développement durable.

Les leviers pour réussir la transition

Pour relever ces défis, le Cambodge devra élaborer des feuilles de route sectorielles (textile, agriculture, construction) intégrant les principes de transition juste. L’élargissement de la protection sociale aux travailleurs informels et vulnérables au climat est également essentiel. À cela s’ajoute un besoin urgent d’investissement : le pays vise 100 millions de dollars supplémentaires d’ici 2028 dans des projets verts et en lien avec les Objectifs de développement durable (ODD).

La formation dans les technologies vertes, la gestion énergétique, et l’adaptation au stress thermique dans les politiques du travail et l’urbanisme seront aussi des priorités.

L’engagement du PNUD au côté du Cambodge

Le PNUD soutient activement cette dynamique à travers l’élaboration de la nouvelle Contribution Déterminée au niveau National (CDN 3.0), la stratégie de financement intégrée du développement, la mise en place de la première obligation en monnaie locale du pays, et la promotion de l’économie circulaire, notamment dans la réduction de la pollution plastique.

À l’avenir, l’agence onusienne accompagnera des projets de réduction des déchets dangereux, notamment dans la construction, avec pour objectif de baisser de 500 000 tonnes les émissions équivalentes de CO2. Le renforcement de la base industrielle verte du Cambodge, de la gouvernance numérique inclusive et de la protection sociale restent au cœur de son action.

La transition juste offre au Cambodge l’opportunité de bâtir une économie à la fois inclusive, durable et résiliente. Il s’agit non seulement d’une réponse au dérèglement climatique, mais d’un pari sur un avenir plus équitable. Pour y parvenir, il faut agir maintenant, collectivement, en investissant dans l’humain, la formation et les énergies propres.

Shakeel Ahmad Facebook PNUD Cambodia

 

​Shakeel Ahmad est l’actuel Représentant résident adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Cambodge. Économiste du développement, il possède plus de 22 ans d’expérience dans le domaine, dont 16 au sein du PNUD à divers niveaux nationaux et régionaux. Il est titulaire d’un master en gestion du développement de la London School of Economics and Political Science (LSE) et d’un master en économie agricole de l’Université d’agriculture de Peshawar, au Pakistan, où il a obtenu une médaille d’or. Il a rejoint le PNUD en 2006 en tant qu’économiste au Pakistan, avant d’occuper divers postes, notamment celui de chef de l’unité de politique de développement et de représentant résident adjoint au Pakistan. Il a également été conseiller politique pour le PNUD en Afghanistan et a assuré des fonctions de direction en tant que représentant résident adjoint par intérim au Sri Lanka. Au sein du Bureau régional du PNUD à Bangkok, il a supervisé les programmes dans la région Asie-Pacifique pendant plus de trois ans .​En tant que Représentant résident adjoint du PNUD au Cambodge, Shakeel Ahmad joue un rôle clé dans la promotion du développement durable et inclusif. Il est particulièrement impliqué dans les initiatives liées à la transition énergétique verte, à l’économie circulaire et à l’adaptation au changement climatique. Il a notamment participé à des projets visant à promouvoir les énergies renouvelables et à renforcer la résilience des communautés face aux défis environnementaux .​

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