Un acide gras commun pourrait aider à traiter les vaginoses bactériennes

, Un acide gras commun pourrait aider à traiter les vaginoses bactériennes

Voilà une nouvelle qui pourrait changer la vie de beaucoup de femmes. Dans le monde, plus de la moitié des femmes souffriront de vaginose bactérienne (VB) au moins une fois dans leur vie. Ce déséquilibre des microbes naturellement présents dans le vagin se traite par antibiotiques mais peut malheureusement survenir à répétition chez de nombreuses femmes. Sans gravité à la base, la maladie peut toutefois entraîner des problèmes de grossesse et un risque accru d’infections sexuellement transmissibles quand elle n’est pas bien prise en charge. Mais aujourd’hui, des chercheurs américains ont fait une découverte de taille sur le sujet. Selon les résultats de leur étude parue dans Cell, l’acide oléique, l’un des acides gras les plus abondants dans le corp, pourrait rétablir un équilibre sain des microbes vaginaux. A terme, cela pourrait permettre de soigner les vaginoses résistantes aux antibiotiques ou récidivantes.

« Les méthodes de traitement actuelles fonctionnent aussi bien qu’un tirage au sort, et cela n’a pas changé en plus de 40 ans de pratique médicale, de sorte que de nouvelles méthodes sont nécessaires pour aider les patients », déclare Meilin Zhu, premier auteur de l’article.

L’appareil génital féminin est naturellement colonisé par des espèces microbiennes du genre Lactobacillus. Traiter la vaginose bactérienne avec des antibiotiques peut modifier l’équilibre des lactobacilles et entraîner une surabondance de Lactobacillus iners, une espèce bactérienne créant un environnement propice à la récidive de la maladie.

« Un grand pas en avant pour le domaine de la microbiologie vaginale »

Forts de ce constat, les scientifiques ont cherché des méthodes pour promouvoir Lactobacillus crispatus, une espèce qui crée un microbiome plus stable que L. iners. Avant même de commencer le dépistage, ils ont découvert qu’un composant du milieu de culture utilisé pour cultiver les lactobacilles en laboratoire perturbait l’outil de dépistage. Malgré cela, les bactéries ne pouvaient pas se développer en culture sans lui. En résolvant le problème, ils ont réalisé que de nombreux lactobacilles avaient besoin d’acide oléique pour se développer.

En cultivant différentes souches de lactobacilles avec de l’acide oléique, ils se sont rendu compte que celui-ci inhibait la croissance de L. iners, les bactéries nuisibles, et favorisait en parallèle la croissance de souches associées à un microbiote plus sain, comme L. crispatus.

« Nous avons utilisé des outils génétiques de pointe auxquels de nombreux chercheurs en microbiologie vaginale n’ont pas accès, même s’ils constituent la référence absolue pour toute étude mécaniste, se félicite Zhu. C’est un grand pas en avant pour le domaine. » Car d’après la chercheuse, le domaine de la microbiologie vaginale ne bénéficie pas des mêmes ressources que les autres secteurs de la microbiologie.

« Réduire les effets indésirables sur la santé des femmes dans le monde entier »

L’équipe a également modélisé la manière dont l’acide oléique pourrait affecter le microbiome vaginal des patientes atteintes de vaginose bactérienne en cultivant des bactéries associées à la vaginose bactérienne avec L. iners et L. crispatus. Résultat : l’acide oléique a efficacement inhibé la croissance de L. iners ainsi que de la plupart des bactéries associées à la vaginose bactérienne, dont certaines souches résistantes au traitement antibiotique standard. Ainsi, l’acide oléique serait une façon efficace de restaurer un microbiome stable et sain dans l’appareil génital féminin après une vaginose bactérienne.

« Cette étude est un exemple important de la manière dont la compréhension des besoins métaboliques fondamentaux et des fonctions des bactéries clés peut conduire directement à de nouvelles thérapies qui nous permettent de modifier le microbiome pour une meilleure santé », se réjouit Seth Bloom, professeur de maladies infectieuses au Massachusetts General Hospitalet et co-auteur principal de l’étude.

« Nous pensons qu’il existe un potentiel intéressant pour traduire ces résultats afin de modifier durablement le microbiome vaginal pour améliorer le traitement de la vaginose bactérienne et réduire les effets indésirables sur la santé des femmes dans le monde entier », conclut Doug Kwon, membre principal de l’Institut Ragon, professeur associé de médecine à la Harvard Medical School et médecin spécialiste des maladies infectieuses au Massachusetts General Hospital, également co-auteur principal de l’article.

Quid de la vaginose ?

La vaginose bactérienne se manifeste le plus souvent par des pertes vaginales inhabituelles et  une forte odeur de poisson. Mais contrairement à la mycose vaginale, elle ne démange pas.

Généralement, le médecin prescrira un traitement antibiotique tel que le métronidazole (ovules ou comprimés pendant 7 à 10 jours) ou le secnidazole (un sachet unique au milieu d’un dîner), sur prescription, mais, comme on l’a vu précédemment, leurs effets sont souvent de courte durée.

« Pour un résultat plus persistant, on peut y associer une cure de probiotiques (Geliofil®, Polybactum®, Physioflor®…), de préférence sous forme d’ovules, à prendre pendant quatre à six mois pour rééquilibrer le microbiote vaginal », expliquait Anne de Kervasdoué, gynécologue à Paris, à Top Santé dans un article sur le sujet.

Lors d’une vaginose, il est également recommandé d’utiliser des préservatifs pendant les relations sexuelles, car le sperme de l’homme, au pH basique, risque d’aggraver la maladie.

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