Notre équipe a repéré un encart sur le web dont la thématique est «la justice».
Le titre (Au Pérou, les familles des victimes de la répression policière et militaire demandent justice) parle de lui-même.
Annoncé sous le nom «d’anonymat
», le journaliste est reconnu comme quelqu’un de sérieux pour d’autres papiers qu’il a publiés sur le web.
La date de parution est 2023-04-03 07:33:00.
Texte mentionné :
Elle tient fermement au creux de sa poitrine un cadre de la photo de son fils, Beckham Romario Quispe, 18 ans, alors souriant et plein de vie, vêtu d’un maillot de football. Au-dessous, une autre photo, difficilement soutenable, le montre sur un lit d’hôpital : son crâne est ouvert et une partie de son cerveau est endommagée. Dans un sanglot ininterrompu, Raquel Garfias, qui ne parle pas espagnol mais quechua (la deuxième langue du pays), demande justice pour son fils. Elle a fait le déplacement à Juliaca, dans l’extrême sud du Pérou, depuis sa région d’Apurimac (Sud), à deux jours de bus : « Nous voulons connaître la vérité, pourquoi l’a-t-on tué ? Il ne méritait pas cela, il avait la vie devant lui. » Beckham est l’une des toutes premières victimes de la répression policière et militaire lors des manifestations déclenchées après la destitution de l’ex-président Pedro Castillo, le 7 décembre 2022, pendant lesquelles quarante-neuf personnes ont été tuées.
Samedi 1er avril, Juliaca était le siège de la première rencontre nationale des familles de victimes venues de différentes régions du Pérou. Ces trois derniers mois, la ville de l’Altiplano andin a été l’épicentre et le dernier bastion de la contestation en faveur de la démission de la présidente, Dina Boluarte, nommée à la suite de M. Castillo. Le théâtre, aussi, d’une répression d’une grande violence. Après avoir été paralysée plusieurs semaines par une grève et des blocages routiers, la ville a retrouvé un semblant de normalité, à l’image du pays. Mais ce samedi, la ville porte le deuil.
Dominga Hancco et son mari, Demetrio Aroqui, défilent en silence, vêtus de noir. Ils ne peuvent sortir de leur esprit ce moment où une balle de 9 millimètres a fauché la vie de leur fille aînée, dans ces rues qu’ils foulent aujourd’hui. Jhamilet, yeux en amande et cheveux noirs, avait 17 ans et était étudiante en psychologie. « La douleur de sa perte est si forte… Tous les rêves de notre famille ont été brisés. Si je n’avais pas à m’occuper de mes deux plus jeunes filles, je ne voudrais plus vivre, murmure Dominga, accablée de chagrin. Les responsables doivent payer pour leurs actes. »
Armes de guerre
Dans plusieurs villes du pays, la répression a tourné au massacre. A Ayacucho et à Juliaca, les 15 décembre et 9 janvier, alors que des manifestants tentaient de pénétrer dans l’enceinte de l’aéroport, les militaires et policiers ont répliqué avec des armes de guerre, des fusils d’assaut AKM et Galil, visant la tête, le thorax ou l’abdomen. Ils ont tiré aussi des projectiles de plomb – des armes interdites dans les manifestations – et des bombes lacrymogènes, lancées à courte distance. Bilan : 10 morts à Ayacucho, 21 à Juliaca. La coordination nationale des droits humains au Pérou a dénoncé des « exécutions extrajudiciaires ». Aux quarante-neuf tués à l’échelle nationale s’ajoutent un millier de blessés, certains mutilés et handicapés à vie.
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