Une trajectoire entre littérature et image
Né à Avignon, Sébastien Berlendis vit aujourd’hui à Lyon. Ancien professeur de philosophie, il s’est consacré pleinement à la création artistique depuis septembre 2023. Auteur de sept ouvrages publiés aux éditions Stock et Actes Sud (Une dernière fois la nuit, L’autre pays, Maures, Revenir à Palerme, Des saisons adolescentes, Seize lacs et une seule mer, et Lungomare), il explore dans ses récits les thèmes de la mémoire, du paysage et de la quête des origines.
Parallèlement à l’écriture, il développe une pratique artistique qui mêle photographie argentique et cinéma en Super 8. Son premier court-métrage, Vercors, a vu le jour en 2021, suivi de Et la mer est de centre en 2024.
Une résidence au Cambodge comme terre de dérive
Depuis mai 2025, il est en résidence à la Villa Marguerite Duras à Phnom Penh, un programme soutenu par l’Institut français du Cambodge. Installé avec une co-résidente plasticienne dans un appartement en périphérie de la capitale, avec vue sur le Mékong, il profite de six semaines de liberté créative.
L’écrivain y poursuit l’écriture d’un nouveau roman, conçu dès le départ pour résonner avec le Cambodge. L’histoire suit un homme en quête d’une femme cinéaste d’origine vietnamienne, avec qui il correspondait avant une rupture de contact inexpliquée.
Mémoire, errance et paysages
Si l’environnement change, les motifs récurrents de l’écrivain restent : mémoire, errance, inscription du corps dans un paysage. La capitale cambodgienne, ses ambiances nocturnes, inspirent une écriture sensorielle. L’espace de la résidence — une tour quasi vide, baignée de silence — provoque chez lui une sensation de flottement, semblable à celle décrite dans le film Lost in Translation.
Lors d’une échappée à Kep et Kampot, Sébastien Berlandis découvre un bord de mer qu’il n’avait pas prévu d’inclure dans le roman, mais qui, comme dans ses œuvres précédentes, s’impose naturellement. « Dans tous mes livres, la mer est présente. Ce sera sans doute le cas ici aussi », confie-t-il.
L’image comme point de départ de l’écriture
Photographe depuis les années 2000 et passionné de cinéma qu’il a également étudié en parallèle de ses études de philosophie, Sébastien Berlandis conçoit l’image comme l’origine de l’écriture. Ses textes naissent souvent d’images qu’il produit avec ses appareils argentiques ou ses caméras Super 8. « J’écris à partir d’images. Je les développe, je les dispose dans mon salon, et la narration naît de là », explique-t-il.
S’il ne souhaite pas mêler texte et photographie dans ses ouvrages, chaque livre est néanmoins accompagné d’une série photo et d’un court-métrage qu’il expose ou projette à part. Il rêve cependant de publier un jour un recueil uniquement composé de ses photos.
De la philosophie à la sensibilité poétique
Bien qu’il ait longtemps enseigné la philosophie, Berlandis affirme que celle-ci n’influence pas directement son écriture : « Mes textes sont plus sensibles que conceptuels. Je ne développe pas de thèses. » Il reconnaît toutefois que des notions philosophiques — mémoire, temps, altérité, désir — traversent son œuvre, mais dans une approche poétique et subjective.
Une esthétique artisanale et intemporelle
Son attachement au Super 8 et à la photographie argentique relève d’une fidélité à un certain geste artisanal. « Il y a dans la pellicule une matière, une imperfection, une émotion visuelle que je ne retrouve pas dans le numérique. » Son esthétique volontairement intemporelle brouille les repères chronologiques. Dans ses films comme dans ses livres, Berlandis évite tout signe de modernité, privilégiant l’évocation à la datation.
Un roman en cours, dans la continuité
Le texte cambodgien en gestation devrait suivre la forme des précédents, courts et denses, écrits généralement sur une année. Berlandis a d’ailleurs terminé à Phnom Penh un précédent manuscrit très méditerranéen, preuve que les lieux nourrissent l’écriture même sans en être le sujet.
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