Préserver la biodiversité au Cambodge

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Un enjeu mondial, une urgence nationale

Le 22 mai a marqué la Journée internationale de la biodiversité, placée cette année sous le thème « En harmonie avec la nature et le développement durable ». Ce message résonne avec force au Cambodge, où les dernières forêts de plaine d’Asie du Sud-Est abritent des espèces menacées.

En décembre 2022, la communauté internationale a adopté le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, avec 23 objectifs à atteindre d’ici 2030 et 5 buts à long terme pour 2050. Parmi les cibles prioritaires figurent la restauration de 20 % des écosystèmes dégradés et la réduction de moitié des espèces envahissantes. Cette journée met l’accent sur les liens profonds entre ce cadre et les Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, soulignant l’urgence d’agir à seulement cinq ans de l’échéance.

Une richesse naturelle essentielle mais fragilisée

Au Cambodge, la biodiversité n’est pas un luxe : elle est le socle du bien-être national. Les écosystèmes remplissent des fonctions vitales : les forêts filtrent l’eau et régulent les pluies, les insectes pollinisent les cultures, et les mangroves protègent les côtes des tempêtes. Les plantes médicinales et les aliments sauvages sont également au cœur de la santé des communautés rurales et de leur identité culturelle.

Pourtant, cette richesse naturelle est gravement menacée. De Prey Lang à Preah Roka, les forêts sont ravagées par l’exploitation illégale et les concessions foncières, souvent tolérées, voire couvertes.. En vingt ans, 24 % de la couverture forestière de Prey Lang a disparu.

La répression des défenseurs de l’environnement

Face à ces destructions, les défenseurs de l’environnement – jeunes militants et communautés autochtones – sont de plus en plus ciblés. Début mai, le journaliste environnemental Ouk Mao, connu pour surveiller les forêts, a été arrêté après avoir photographié des bûcherons dans Prey Lang. 

En juillet 2024, dix militants de Mother Nature Cambodia ont été condamnés pour avoir dénoncé la pollution. En avril 2025, la Cour suprême a rejeté leur demande de libération sous caution. Accusés d’« atteinte à l’État », ces jeunes écologistes paient cher leur engagement. 

Le développement contre la nature ?

Le Cambodge poursuit son développement infrastructurel et agricole, mais perçoit la biodiversité comme un obstacle, au lieu de reconnaître sa contribution fondamentale. Cette vision est non seulement erronée, mais dangereuse.

Sans biodiversité, les fondements mêmes de la vie s’effondrent : les inondations augmentent, les cultures périclitent, les maladies émergent. Les économies rurales déclinent, et le tourisme s’essouffle. Un développement fondé sur la destruction des écosystèmes est voué à s’écrouler.

Biodiversité et santé planétaire

La crise cambodgienne s’inscrit dans une dégradation globale. Le concept de santé planétaire révèle à quel point la santé humaine dépend de la santé des écosystèmes. Lorsque la nature s’effondre, les zoonoses comme la COVID-19 émergent à l’interface entre humains et animaux

Au Cambodge,la sécurité alimentaire aussi est menacée : poissons, fruits forestiers, insectes comestibles sont essentiels à la nutrition des familles rurales. Leur disparition aggrave la vulnérabilité économique et climatique.

Les forêts régulent le climat, stockent le carbone, préservent les sols. Leur destruction intensifie les catastrophes naturelles et accélère le réchauffement.

Des modèles alternatifs existent déjà

Une autre voie est possible. À Mondulkiri, des familles Bunong protègent les corridors d’éléphants grâce à l’écotourisme communautaire. À Kampong Thom, des récolteurs de résine exploitent durablement les arbres. Autour du Tonlé Sap, des pêcheurs préservent les forêts inondées pour assurer leur avenir.

Ces initiatives montrent que développement et biodiversité peuvent se renforcer mutuellement, et non s’exclure.

Pour une vision écologique et équitable du futur

Imaginer un Cambodge respectueux de la nature est une nécessité stratégique. Il s’agit de garantir les droits fonciers des autochtones, de former les jeunes à la cartographie numérique et au climat, d’intégrer l’écologie dans les programmes scolaires et de rendre les politiques environnementales transparentes et responsables.

Le pays a déjà posé des bases : ratification de la Convention sur la biodiversité en 1995, plan national mis à jour en 2016, engagement dans le cadre Kunming-Montréal. Mais sans mise en œuvre sérieuse, ces promesses resteront lettres mortes.

Protéger aujourd’hui pour survivre demain

Le choix est simple : préserver ses forêts, ses espèces uniques et ses écosystèmes – ou en faire un souvenir. Les défenseurs comme Ouk Mao doivent être protégés, et les crimes écologiques sanctionnés.

Les espèces en péril – ibis géant, kouprey, crocodile du Siam – sont des richesses irremplaçables. Leur survie est un baromètre de la résilience nationale.

La conservation ne doit plus être vue comme une contrainte, mais comme la pierre angulaire du développement. Elle demande une éducation écologique généralisée, des partenariats équitables et une action cohérente à tous les niveaux.

Les forêts, les zones humides et la faune du Cambodge sont bien plus que des décors exotiques. Ils sont le cœur battant du pays, porteurs de savoirs ancestraux, de solidarités rurales, et d’un avenir durable pour tous les Cambodgiens

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