Nous vivons au rythme des saisons. Les virus et maladies évoluent au fil du calendrier et notre mental bien souvent également. Vous avez sans doute déjà entendu parler du concept de déprime saisonnière ou de « trouble affectif saisonnier » ? Ce dernier veut que, pendant au moins deux ans de suite, vous expérimentiez une grosse baisse de moral à un moment précis de l’année. Ce phénomène courant affecterait une personne sur dix en France et jusqu’à 8% de la population européenne. Le plus souvent cela se produit en hiver où le manque de lumière bouleverse notre horloge biologique (ensemble de zones cérébrales impliquées dans diverses fonctions physiologiques), ce qui affecte notre corps tout entier, nos hormones et donc bien sûr, notre moral.
Ainsi donc, les saisons pourraient guider nos humeurs. Ces dernières influençant notre façon de penser, elles sont donc corrélées à nos valeurs. Aujourd’hui, « Nous rapportons des preuves que les valeurs morales des individus changent avec les saisons », écrivent des chercheurs universités de Nottingham (Angleterre) et de la Colombie-Britannique (Canada) dans un article paru dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Pour leurs travaux, les scientifiques ont analysé les réponses d’une vaste enquête menée entre 2011 et 2020 auprès de plus de 232 975 individus aux États-Unis. Résultats : « L’adhésion des gens aux valeurs morales qui favorisent la cohésion et la conformité du groupe est plus forte au printemps et à l’automne qu’en été et en hiver », explique Ian Hohm, co-auteur des travaux. Ainsi, au printemps et en automne, les participants avaient plus tendance à valoriser la dévotion à un groupe et le maintient des liens.
« Les niveaux d’anxiété culminent au printemps et à l’automne »
Les chercheurs ont également observé une diminution de l’adhésion aux valeurs morales contraignantes l’été dans les régions où les différences climatiques saisonnière sont plus extrêmes. Cette tendance n’a en revanche pas été identifiée pour l’attention (donner la priorité à la gentillesse et éviter de nuire aux autres) et l’équité (assurer l’égalité de traitement pour tous).
Selon les scientifiques, ces changements moraux pourraient notamment se comprendre par un cycle saisonnier dans l’anxiété. « Nous avons remarqué que les niveaux d’anxiété culminent au printemps et à l’automne, ce qui coïncide avec les périodes où les gens adhèrent plus fortement aux valeurs contraignantes. Cette corrélation suggère qu’une anxiété plus élevée peut pousser les gens à chercher du réconfort dans les normes et les traditions soutenues par des valeurs contraignantes », explique Mark Schaller, auteur principal de l’étude.
Ces évolutions morales peuvent avoir de lourdes conséquences sur la vie publique, rappellent les chercheurs. Par exemple, procès et des décisions juridiques, « pourraient être influencés par les variations saisonnières des valeurs morales, car ceux qui adhèrent à des valeurs contraignantes ont tendance à être plus punitifs envers ceux qui commettent des crimes et ne respectent pas les règles ».
« Concevoir des campagnes de santé plus efficaces »
Les changements saisonniers des valeurs morales pourraient également jouer sur la façon dont une population voit les étrangers ou les marginaux, notent les chercheurs.
Evoquant la pandémie de Covid-19, ils rappellent également que la manière dont les personnes ont suivi les recommandations sanitaires et réagi face à la vaccination était notamment influencée par leurs valeurs morales.
Par conséquent, « Le fait de savoir que ces valeurs changent avec les saisons pourrait aider à concevoir des campagnes de santé plus efficaces ».
Les bouleversements climatiques dans la balance
L’influence des saisons sur l’état d’esprit des individus est un sujet qui passionne la science. Outre les conséquences négatives du manque de luminosité pour le moral, il a notamment été démontré que la hausse des températures pouvait entraîner des problèmes psychiques tandis que le réchauffement climatique altérerait lourdement l’équilibre psychologique des individus. Notamment à cause de l’augmentation des catastrophes naturelles : incendies, tempêtes, ouragans et inondations peuvent engendrer de graves traumatismes.
Aux Etats-Unis, l’exposition à l’ouragan Katrina en 2005 a été associée à une augmentation de 4% des problèmes de santé mentale tandis qu’au Royaume-Uni, une étude sur les inondations a montré que les personnes dont les habitations avaient été endommagées par de violentes intempéries survenues en 2014 étaient 50% plus susceptibles de souffrir de problèmes mentaux dans les mois suivants.
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