Voilà une nouvelle qui pourrait changer la vie de centaines de milliers de personnes. Alors que dans le monde, on annonce 10 millions de nouveaux cas de démence par an, plus d’une personne sur dix à qui on diagnostique une démence pourrait en fait souffrir d’une maladie hépatique courante et traitable, selon une étude parue cet été dans The American Journal of Medicine. En effet, l’encéphalopathie hépatique (EH), déclenchée par une cirrhose du foie, provoque des symptômes similaires à la démence. A savoir confusion, oubli, sautes d’humeur ou encore troubles du sommeil. Cependant, quelques experts interrogés sur le sujet restent sceptiques. Le point.
Pour leurs travaux, les chercheurs ont suivi plus de 68 807 personnes principalement âgées d’une soixantaine d’années, diagnostiquées avec une démence entre 2009 et 2019. En revanche, aucune d’entre elles n’avaient reçu de diagnostic de cirrhose. Les scientifiques ont étudié les résultats d’analyses sanguines pour calculer un score de fibrose 4, ou FIB-4, un test courant pour cette maladie. Résultats : 13% d’entre des individus présenteraient des signes d’empoissonnement cérébral ou encéphalopathie hépatique.
« L’encéphalopathie hépatique (EH) pourrait être diagnostiquée à tort comme une démence ou provoquer une aggravation de la fonction cognitive chez les patients atteints de démence », écrivent donc les auteurs de l’article.
Une maladie réversible quand elle est prise en charge à temps
« Nous devons sensibiliser davantage au fait que la cirrhose et les complications cérébrales associées sont courantes, silencieuses, mais traitables lorsqu’elles sont détectées. Avec le vieillissement de la population, le risque de chevauchement entre l’encéphalopathie hépatique et la démence a augmenté et doit être pris en compte », déclare le Dr Jasmohan Bajaj, gastro-entérologue et auteur de l’étude.
Contrairement à la démence qui empire de manière irréversible au fil des années, l’encéphalopathie hépatique peut être complètement guérie quand elle est prise en charge correctement. Le traitement comprend des antibiotiques spécifiques et des compléments nutritionnels.
« Une cirrhose non diagnostiquée et une encéphalopathie hépatique potentielle peuvent être une cause traitable ou contribuer à une déficience cognitive chez les patients diagnostiqués avec une démence », poursuit le Dr Bajaj, rappelant que la cirrhose du foie augmente aussi le risque du cancer du foie. Une autre raison pour laquelle elle doit absolument être détectée à temps.
Des résultats à prendre avec des pincettes ?
Ces résultats vont dans le même sens de recherches de Bajaj parues en février, selon lesquelles environ 10% des vétérans américains diagnostiqués d’une démence pourraient en réalité souffrir d’EH.
Malgré tout, certains experts sont sceptiques. « L’utilisation d’outils simples comme FIB-4 peut vous permettre de vous assurer de ne pas négliger une maladie du foie comme facteur contributif chez un patient présentant des symptômes neurocognitifs », déclare ainsi le Dr Nancy Reau, spécialiste du foie, au Rush University Medical Center de Chicago (Etats-Unis), à l’édition américaine de Medscape, site d’informations à destination des professionnels de santé.
« L’encéphalopathie hépatique à part entière est différente de la démence. Les symptômes de l’encéphalopathie hépatique fluctuent d’une manière dont ne le fait pas la maladie d’Alzheimer et toute personne travaillant dans une clinique de la mémoire le sait », déclare quant à lui le Dr Rob Howard, professeur de psychiatrie de la vieillesse à l’University College de Londres (Royaume-Uni), interrogé par le média britannique Daily Mail. Personne ne devrait recevoir un diagnostic de démence sans que les causes physiques de sa confusion soient exclues. Des tests simples doivent toujours être effectués, notamment un test de la fonction hépatique. Mais je ne pense pas qu’il soit crédible de dire que des personnes atteintes de démence ont été mal diagnostiquées, sur la base de ces preuves. »
Quelques chiffres
La cirrhose est une maladie du foie provoquée par une consommation excessive d’alcool, une hépatite (B ou C) ou l’obésité. Parmi les premiers symptômes : fatigue, crampes musculaires, perte d’appétit, perte de poids, nausées, vomissements…sans prise en charge précoce, la pathologie se développe et des complications apparaissent : vomissements sanglants, présence de sang dans les selles, abdomen dilaté, jaunisse. A terme, la cirrhose du foie conduit à la perte de fonctions de l’organe. En France, 200 000 personnes seraient concernées, dont 30% au stade sévère de la maladie. Cette dernière engendre 10 000 à 15 000 décès par an dans l’Hexagone.
La démence, quant à elle, est prend de plus en plus d’ampleur dans le monde, notamment en raison du vieillissement de la population. D’après l’MOS, elle devrait passer à 152 millions de cas d’ici à 2050. La maladie d’Alzheimer est la première cause de démence. En France, environ 1 million de personnes en seraient atteintes, soit 8% des Français de plus de 65 ans. En moyenne, 225 000 nouveaux cas seraient diagnostiqués chaque année.
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