L’inde et le Cambodge s’accordent pour réintroduire le tigre dans le Royaume

L’Inde et le Cambodge ont signé le 12 novembre un protocole d’accord visant à réintroduire des tigres sauvages. Un bon pas sur le chemin du retour du félin dans le royaume, mais la route sera longue.

Le dernier tigre sauvage au Cambodge a été aperçu par une caméra du WWF dans les montagnes des Cardamomes en 2007. Il est pratiquement sûr qu’il est éteint dans le royaume depuis.

Dernier tigre aperçu au Cambodge en 2007
Dernier tigre aperçu au Cambodge en 2007

La population du tigre dans le monde

En 2008, une Initiative mondiale pour le tigre regroupant gouvernements et organisations internationales s’ est créée,  dans le but de travailler ensemble pour sauver les tigres sauvages. 

Le gouvernement cambodgien a approuvé en 2016 un programme qui ouvre la porte à une réintroduction de l’animal dans le pays, après avoir reconnu que l’espèce était « fonctionnellement éteinte ». Ce plan fait partie d’une initiative mondiale lancée en 2011 baptisée Tx2, à laquelle participent 13 pays ( le Bangladesh, le Bhoutan, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, la Malaisie, le Myanmar, le Népal, la Russie, la Thaïlande, et les trois pays de la péninsule indochinoise dans laquelle l’espèce est éteinte : le Cambodge, le Laos  et le Viet Nam).

L’objectif de ce projet  était de doubler le nombre de tigres sauvages dans le monde d’ici 2022, l’année chinoise du tigre. Selon Seng Teak, directeur national du WWF Cambodge, ces 13 pays abritent désormais 4 652 tigres, soit une augmentation de 45 % de la population par rapport aux 3 200 individus recensés en 2020.

Le Bhoutan, la Chine et la Russie ont connu une augmentation du nombre de tigres, mais pas autant que le Népal et l’Inde. Le nombre de tigres au Bangladesh et en Thaïlande est resté stable. Au contraire, il a diminué au Myanmar, en Indonésie et en Malaisie, tandis que le Cambodge n’a fait aucun progrès depuis 2007, année où le dernier tigre sauvage a été vu.

Le protocole d’accord signé avec l’Inde

Le document signé par l’Inde et le Cambodge samedi n’est qu’un protocole d’accord. S’il prévoit une coopération sur la réintroduction et la conservation des tigres sauvages, pour l’instant aucun autre détail n’a été donné, ni sur un calendrier, ni sur le nombre d’animaux qui seraient transférés au Cambodge. Il a néanmoins été convenu que l’Inde fournirait des tigres au Cambodge et encouragerait la coopération pour réussir à les protéger à l’état sauvage. Elle partagera également son expérience et ses bonnes pratiques avec le Royaume.

Say Samal, ministre cambodgien de l'Environnement, et Mme Devyani Khobragade, ambassadrice indienne au Cambodge
Devyani Khobragade, ambassadrice indienne au Cambodge
 et Say Sam Al, ministre cambodgien de l’Environnement

Le porte-parole du ministère de l’environnement, Neth Pheaktra, a déclaré que ce protocole d’accord ouvrait la porte aux deux pays pour poursuivre les discussions techniques et stratégiques sur le plan de réintroduction des tigres sauvages dans la forêt cambodgienne. Il a déclaré à Cambodianess le 15 novembre :

Grâce à cet accord, nous allons discuter davantage. Le moment où les tigres seront envoyés dépendra de l’évaluation et de l’équipe technique des deux pays.

Le porte-parole du ministère a ajouté que les tigres seraient placés dans les forêts des Cardamomes. Une équipe technique formée par des experts du ministère du WWF et de Wildlife Alliance doit s’assurer que le Cambodge leur offre un habitat adapté avec suffisamment de proies disponibles..

Pour montrer un léger mouvement dans la bonne direction, il a également annoncé que cette équipe a préparé un terrain de 100 hectares dans les montagnes; en espérant que les animaux seront envoyés dès que le document officiel sera signé.

Les difficultés de la réintroduction du Tigre 

On sait dors et déjà que cette zone est trop petite. Le directeur du département de l’environnement de Mondulkiri, Keo Sopheak, a expliqué que les tigres ont besoin d’un espace de 100 kilomètres carrés pour être à l’aise dans la nature, ce qui est cent fois plus que la zone préparée par le ministère de l’environnement.

Outre le fait de devoir préserver une vaste zone des appétits humains, le Cambodge comme le Laos, le Viet Nam, la Malaisie et l’Indonésie, fait face actuellement à une grave crise due au braconnage et particulièrement à la pose de collets. Rien qu’en 2021, le ministère de l’Environnement et ses partenaires en ont retiré 61 611 dans 72 zones protégées du Cambodge. Ces pièges tuent sans distinction tout animal qui a été pris,  des tortues aux éléphants, en passant par les singes, les herbivores et les oiseaux. Ils constituent bien sûr une menace directe sur les tigres qui seraient réintroduits, mais aussi sur la rarification de leur proies et donc sur leur moyen de subsistance.

ranger cambodgiens contre les pieges
Rangers cambodgiens débarrassant la foret les collets. Ministère de l’environnement

Le gouvernement vient de mener une campagne contre la consommation de viande sauvage qui repose essentiellement sur la sensibilisation des populations autochtones. On doit s’attendre cependant à ce qu’elle ne porte ses fruits que dans quelques temps. Il faudra également que ces populations trouvent dans la préservation de la faune sauvage en général un intérêt économique susceptible de compenser l’arrêt du braconnage.

Donc pour l’instant, si le Cambodge travaille dans la bonne direction pour la réintroduction du tigre et réussit à trouver des partenaires fiables,comme le montre la signature de cet accord avec l’Inde, il reste un long chemin à parcourir avant que l’histoire racontées par les deux frères, le film de Jean Jacques Annaud est une chance de se réaliser. 

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