Le Vishnu couché rejoindra 126 objets en bronze prêtés par le Musée national du Cambodge. Cette exposition offrira un aperçu des compétences en fonte de bronze des artisans et artistes khmers, leur relation avec le pouvoir royal et le contexte religieux des œuvres en bronze, de la préhistoire à nos jours.
Une Exposition en Cinq Parties
Des Origines à l’Âge du Bronze
L’exposition, intitulée « Couler pour le roi : l’art du bronze à Angkor » (titre provisoire), se divisera en cinq parties. La première partie abordera les origines et l’émergence de la métallurgie du bronze au Cambodge, depuis l’âge du bronze jusqu’à l’ère pré-angkorienne. Pierre Baptiste, conservateur général au musée Guimet, souligne que des fouilles récentes ont révélé des sources de cuivre dans le pays, comme le site de Chaaep dans la province de Preah Vihear, dont plusieurs objets seront exposés en France.
La Fonte du Bronze et la Religion
Cette section mettra en lumière les plus anciennes représentations bouddhistes et hindouistes de la période pré-angkorienne, témoignant de l’influence de la civilisation indienne dans la région. Des statues de Bouddha et de Bodhisattva, coulées avec des techniques de cire perdue, seront exposées.
Le Bronze et le Pouvoir Royal
La deuxième partie de l’exposition explorera le lien entre le bronze et le pouvoir royal. Selon Pierre Baptiste, toute l’histoire de la fonte du bronze est liée au pouvoir, particulièrement royal. Des preuves de ce lien seront dévoilées, comme la présence d’un atelier de fonte à proximité du palais royal dans la ville d’Angkor Thom.
Honorer les Dieux : La Période Angkorienne
La troisième partie, intitulée « Honorer les dieux », montrera des objets de la période angkorienne (9e-15e siècles). Cette section exposera les iconographies hindouistes et bouddhistes, et l’évolution de l’utilisation du bronze durant cette période.
L’Impact des Changements Historiques sur la Fonte du Bronze
La quatrième partie, « Nouveau Monde, nouveaux lieux et nouvelle foi », permettra de comprendre les changements survenus à Angkor, l’abandon de la capitale et l’émergence de nouvelles capitales comme Longvek, Oudong et Phnom Penh. Cette section montrera comment ces événements ont impacté la fonte du bronze.
De l’Époque Post-Angkorienne à Nos Jours
Cette section fournira une transition vers la modernité, exposant des objets coulés aux 20e et 21e siècles et montrant la continuité de la fonte du bronze au Cambodge. L’iconographie bouddhiste Theravada, dominante aujourd’hui, sera particulièrement mise en avant.
La Découverte d’un Trésor Perdu
La pièce maîtresse de l’exposition sera le Vishnu couché du temple de West Mebon. Découverte en 1936, cette statue du 11e siècle représente Vishnu reposant sur le Serpent de l’Éternité. La statue fut déterrée par les archéologues de l’EFEO Henri Marchal et Maurice Glaize, et est actuellement conservée au Musée national de Phnom Penh.
Une Légende Fascinante
Selon une légende locale, un paysan cambodgien a découvert la statue suite à un rêve. Dans ce rêve, le Bouddha lui serait apparu et lui aurait demandé de l’aider à se libérer de l’endroit où il se trouvait. Le paysan a alors creusé dans la partie centrale du West Mebon et a découvert les restes de la statue, qui s’est révélée être celle de Vishnu, et non du Bouddha comme il le pensait initialement.
Une Étude Scientifique et Historique
Entre septembre et novembre 2020, le Musée Guimet, en collaboration avec l’EFEO et le C2RMF, a mené une étude préliminaire sur la statue. Cette étude a révélé que la statue mesurait à l’origine entre cinq et six mètres de long et a permis d’identifier les fragments manquants grâce à des scans informatiques réalisés par Oliver Cunin de l’Autorité nationale APSARA.
Un Mystère Resté Entier
Pierre Baptiste a expliqué que seuls 25 à 30 % de la statue originale subsistent. Ce pourcentage pourrait être réduit à 15 % si l’ensemble représentait également l’épouse de Vishnu, Lakshmi, et d’autres figures. Pourquoi seule la tête de la statue subsiste reste un mystère, peut-être parce que les pillards pensaient qu’elle était trop précieuse pour être refondue.
Une Exposition Inoubliable
« Nous espérons vraiment que l’exposition sera un grand succès et qu’elle permettra de promouvoir les arts cambodgiens, tout en approfondissant la connaissance du public sur la richesse de la culture khmère », a déclaré Pierre Baptiste. Cette exposition promet de captiver les visiteurs avec une immersion profonde dans l’histoire et l’art du bronze cambodgien.
Trois conservateurs cambodgiens accompagneront la statue et participeront à son processus de conservation, faisant de cette exposition une collaboration internationale précieuse.
source : Cambodianess
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