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Série La solitude au milieu de la beauté du monde est l’atout parfait pour gagner des likes. Et si on retournait l’objectif pour découvrir les mises en scène ? Direction le Cambodge, dans un des hauts lieux du tourisme mondial, les temples d’Angkor.
Angkor et ses temples. Le lieu absolu pour la méditation, l’effacement de soi devant le poids de l’histoire, le goût du silence et l’admiration béate devant l’enchevêtrement de pierres et de végétation. C’est aussi l’endroit idéal pour se laisser aller à un élan amoureux, comme en témoignent les milliers de photos de couples s’embrassant devant Angkor Wat, le plus majestueux des temples, et sa longue allée qui offre une superbe profondeur de champ.
L’effet visuel est tel que, dès le lever du soleil, les touristes se massent par centaines à l’entrée de l’allée, près du Tonlé Sap, le lac qui borde le temple, pour capturer ce joyau de l’empire khmer émergeant dans la lumière, et surtout pour réaliser le selfie qui donnera l’illusion de calme et de solitude. Car passé ces quelques minutes matinales, une fois que les touristes s’engagent dans la longue allée de pierre, ou se dispersent dans les bas-côtés, puis dans le temple lui-même, c’en est fini.
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Débute alors un concert de piaillements dans toutes les langues du monde, avec une prédominance du chinois. Des dizaines de groupes de touristes venus de Chine sillonnent en effet le site au pas de charge avant de rejoindre la cohorte de minibus qui les emportent au temple suivant, l’idée de flâner quelques minutes n’étant pas une option possible.
Il en sera ainsi toute la journée : chercher un instant de calme dans les temples d’Angkor, et même pas forcément pour prendre une photo immortalisant cette pseudo-solitude, devient le but ultime. Le site regorge de lieux extraordinaires : le Ta Prohm, le Bayon, Angkor Thom, le Ta Keo, le Prè Rup, le Baphûon, etc. Mais, partout, ou presque, et c’est pire quand les temples sont petits, la foule se masse, crie, les perches à selfie s’entrechoquent, les enfants crapahutent sur les pierres…
Il existe cependant des solutions, qui demandent de bien connaître les lieux. Cibler les débuts et fins de journée, quand la chaleur a épuisé le gros des troupes. Privilégier les temples un peu à l’écart, inutile d’aller grossir la foule devant Angkor Wat au soleil levant, quitte à prendre un guide malin et bon connaisseur des lieux. Prévoir plusieurs jours (trois ou dans l’idéal quatre) afin de multiplier les chances de vivre quelques instants de paix dans les lieux phares du site, le Bayon et le Ta Prohm notamment.
La première fois que je suis venu à Angkor, en 1996, le site était ouvert aux quatre vents, seule une partie était réputée dangereuse en raison de la possible présence de quelques Khmers rouges ou de mines qu’ils auraient laissées derrière eux. C’était la fin d’après-midi, en août, une pluie de mousson apportait un peu de fraîcheur. Avec un jeune confrère cambodgien, nous n’étions que deux au pied du Bayon. J’en ai gardé une photo, où je suis seul au sommet du temple. J’étais loin d’imaginer que je vivais un authentique moment de luxe. Instagram n’existait pas encore…
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