Vous nous parlez d’une transmission…
Que le Figaro nous raconte, quand un pays martyr d’une vieille guerre, transmet à un pays aujourd’hui violenté sa science de la survie…
Cela se passe au Cambodge, pas loin des temples d’Angkor, dans un paysage labouré par deux pelleteuses blindées qui fouillent le sol et le broient et avalent sur leur passage les arbustes les branches les broussailles et les mines antipersonnel… Elles résisteraient même aux explosions de mines antichars, ces machines fabriquées au Japon, baptisées BM 307, dont 14 démineurs ukrainiens ont appris cet été les secrets et la conduite, formés par des instructeurs cambodgiens…
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On a donc ici, tandis que les combats se poursuivent et que la Russie bombarde intensément, un simple petit reportage sur la mondialisation du conflit… On savait déjà que l’Occident accompagne l’Ukraine dans sa guerre, je découvre ici comment deux pays asiatiques vaincus et victimes l’aident à se réparer…
Car sans attendre la paix, l’Ukraine la prépare, et se prépare à nettoyer ses sols contaminés par des mines et des obus… Car il faudra nettoyer avant que l’agriculture, la vie, reprenne ses droits. Le Japon lui a livré et lui livrera encore des BM 307, le Cambodge lui apprend à s’en servir…
Ce que vivent les Ukrainiens, les Cambodgiens connaissent, qui pendant les guerres d’Asie du Sud-Est au siècle dernier, quand l’Amérique bombardait le Nord Viet-Nam ont été souillés de plus de 4 millions de tonnes d’explosif et n’en ont pas fini de se décontaminer, ce sera a priori pour 2030… Le Cambodge y a acquis une expérience unique, qu’il fait partager, c’est sa manière de s’inscrire dans la politique mondiale…
On peut ici penser à Camus et à sa phrase sur sa génération contrainte de réparer le monde…
Vous en lisez aussi des guerres, dans la Croix -un reportage sur le Soudan où en seize mois d’une guerre civile qui a tué 160000 personnes, les habitants ont appris à survivre dans le bruit des bombes devenu comme une musique de fond, on a pris l’habitude, on empêche les enfants de jouer dehors ou trop près des fenêtres et quand viennent les explosions, on se rassemble au centre de la pièce, pour éviter des éclats…
… Et vous lisez aussi une guerre sur le site du Monde, qui nous dit les enfants de Gaza que la famine, la malnutrition, la déshydratation emportent… Hatim Alhaddad, nouveau-né de 1 jour, mort le 14 juin. Abdulaziz Abdulrahman Salem, 15 jours, mort le 2 mars des suites d’un œdème de famine. Mira Muhammad Bakr Al Shawa, 15 jours, décédée le 3 mars. Youssef Sami Al-Tiramisi, 25 jours, mort le 6 février… Et après eux 50.000 enfants de moins de 5 ans dans la qui ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë, 8810 en état de famine selon l’UNICEF, et si la guerre s’arrêtait maintenant, il faudrait lis je deux ou trois ans pour que les enfants retrouvent la santé… Sommes-nous espèce humaine plus vite réparables que les sols?
On parle d’une autre réparation…
Sur le site du Monde encore, qui loin des guerres, nous raconte d’autres enfants qui s’émerveillent, visitant un monastère de bonnes soeurs, devant des êtres innocents, fragiles, rares, mystérieux, voués à disparaitre si nous n’y prenons garde. Des salamandres, les axolotls, petits amphibiens ne dépassant pas trente centimètres, dotés de six branchies qui leur sortent de la tête comme des tentacules, les axolotls que les indiens purépechas consommaient en soupe ou dont ils buvaient le sang, car l’axolotl aurait la vertu de guérir les affections respiratoires, les axolotls qui sont pour notre science rationnelle un mystère: ils savent régénérer leurs membres, et leur système nerveux central en se maintenant à l’état larvaire…
Mais ces pouvoirs ne peuvent pas les sauver de la pollution, et de la sur-pêche qui enserre leur territoire le lac volcanique Patzcuaro, dans l’état de Michoacan au Mexique… C’est ici qu’interviennent nos religieuses, trois dominicaines, les soeurs Ofelia, Carmen et Juana, qui, encouragées par un dominicain docteur en biologie, ont créé un élevage, qu’elles montrent aux écoliers émerveillés -qui ne le serait…
Dans nos journaux de France trainent d’autres bestioles quotidiennes, victimes ou bourreaux.
Le Journal du Centre nous dit un loup qui en six semaines et sept attaques a tué trente des 180 brebis de Jean-Pierre Morizot, éleveur à Magny-Cours dégoûté, attristé et écœuré et dont le travail s’envole, ses bêtes meurent et le loup est protégé…
Dans l’Union, je lis un autre éleveur, Bruno Miser de Blanchefosse et Bay, qui comme Jean-Pierre Morizot, redoute chaque matin de ramasser ses bêtes mortes, mais ses bêtes à lui sont victimes de la fièvre catarrhale ovine, qui fait rage depuis le début de ce mois et nous aurions tardé à vacciner… Dans la Montagne j’apprends que des rats jaillissent de terre à Clermont-Ferrand, parfois culottés familiers, montant sur le genou d’un retraité en son salon pour faire ami-ami, et cette invasion vient des vibrations de travaux de la ville, et du réchauffement climatique, nous sommes donc coupables de ce ce que nous infligeons.
Mais ne désespérons pas de nous-même, frères humains, ni de notre planète… La même Montagne nous emmène en Corrèze qui est terre de dépaysement, car dans ce département les paysages peuvent rappeler le Costa-Rica par la grace d’une cascade à Albussac ou l’Ecosse dans un château à Bort les orgues, ou un désert chilien dans la nuit étoilée du plateau de Millevaches. La Corrèze c’est le monde!
Et on parle enfin de bambous…
Qui ne sont pas des arbres mais une herbe et qui poussent et poussent sans dévier de leur parcelle, et qui furent dans l’enfance le refuge, la cachette d’une fillette prénommée Jeanne dans sa maison du Limousin où son arrière-arrière-grand-père avait planté un bosquet… Jeanne Pham Tran désormais écrivaine adepte du bambou auquel elle consacre un livre militant, et dont elle dit à Libération, avec poésie et passion, qu’il peut le bambou révolutionner notre usage du monde» et de créer «une passerelle entre nous et les autres êtres vivants».
Le Figaro lui nous dit une peintre new yorkaise née française, Louise Bourgois, morte il y a treize ans, presque centenaire, dont les oeuvres étaient sensuelles et féroces et les dessins tracés d’une main tremblante et d’un rouge meurtri… Louise Bourgeois dont les oeuvres sont confrontés au Caravage, au Bernin à Raphael à Rome, Villa Borghese, si le voyage vous tente, c’est jusqu’au 15 septembre.
Le Journal du centre, sans aller si loin, a demandé à des libraires de la Nièvre, ce qu’ils elles choisissaient dans la rentrée littéraire. Charlotte Bidault de la librairie Le Cyprès à Nevers a choisi « Bienvenue à la librairie Hyunam », ouvrage coréen. « Il raconte l’histoire d’une jeune femme qui ouvre une librairie. C’est une ode à la librairie. Un récit de trois cents pages où le temps est long et où il ne se passe pratiquement rien. C’est agréable. » Infiniment.
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