La francophonie en action au Cambodge

Pendant 2 jours, des experts ont animé l’événement  pour aider les parlementaires et fonctionnaires cambodgiens à renforcer leurs capacités dans le domaine du service de recherche. Le séminaire n’est pas un évènement exceptionnel, il s’agit d’une action de coopération, comme l’APF en organise chaque année auprès de ses membres.

L’APF est un des acteurs de la Charte de la Francophonie. La Francophonie présente une architecture institutionnelle unique qui se reflète au niveau intergouvernemental par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), au niveau législatif par l’APF, au niveau des collectivités territoriales avec l’association internationale des maires francophones, et au niveau universitaire avec l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). Il arrive qu’un État ne soit pas membre de l’OIF, mais qu’un de ses parlements soit membre de l’APF ou qu’une de ses universités soit membre de l’AUF.

Nous avons rencontré les deux cadres du Secrétariat général de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie qui ont préparé et coordonné ce séminaire : Nadine GAUTIER, Conseillère Chargée De La Planification Budgétaire Et Du Protocole, et Alioune DRAMÉ, Conseiller chargé de la coopération Parlementaire, pour les interroger sur cet évènement qui met la Francophonie en action.

LPJ : Qu’est-ce qui justifie la présence de l’APF à ce séminaire ?

Alioune DRAMÉ : Nous sommes ici dans le cadre d’un séminaire d’information et d’échanges qu’organise l’APF en partenariat avec le Sénat et l’Assemblée nationale du Cambodge grâce au soutien financier d’Affaires Mondiales Canada. Ce séminaire qui porte sur le thème « recherche scientifique, gestion de l’archivage et de la documentation : rôle et compétences d’un service de recherche de Parlement » et ce que nous appelons à l’APF une action de coopération.  La coopération interparlementaire est l’un des métiers de l’APF qui possède un programme de coopération visant à renforcer les capacités technico-juridiques des parlementaires et des fonctionnaires parlementaires sur des sujets d’importance. Pour qu’ils puissent prendre des décisions législatives éclairées, ces derniers doivent être sensibilisés aux enjeux contemporains, notamment des enjeux de développement durable. Chaque année, l’APF sollicite ses membres dans le cadre d’un appel à projets de coopération,  afin qu’ils proposent des thèmes sur lesquels ils souhaitent renforcer leurs capacités avec les formats adaptés (séminaires, cours de langue, stages, cours en lignes etc). 

Nadine GAUTIER  : Nous cherchons à réunir des experts. Nous avons un réseau qui couvre divers thèmes, tels que les droits des femmes, la jeunesse, ou encore la gestion des déchets plastiques. 

Alioune DRAMÉ : L’année dernière, nous avons reçu une demande officielle du Parlement cambodgien pour les aider à former et sensibiliser les nouveaux parlementaires élus sur la question de la recherche scientifique de l’archivage et de la documentation, un sujet crucial pour eux. Les enjeux sont mémoriels, culturels et linguistiques, et ils sont aussi essentiels pour éclairer les décisions politiques. Nous avons donc fait venir des experts cambodgiens, et des experts internationaux venus du Canada, de Belgique, du Luxembourg, du Bénin etc.

Nadine GAUTIER  : Il est essentiel que nos experts soient francophones. Ici au Cambodge, il y a des fonctionnaires qui parlent khmer, mais les échanges se font en français.

LPJ : Vous avez mentionné la venue d’experts béninois. Pouvez-vous développer sur l’importance de la coopération Sud-Sud au sein de l’APF ?

Alioune DRAM֤É : Son développement est une priorité de l’APF. L’Assemblée parlementaire de la Francophonie est l’une des plus grandes institutions parlementaires au monde avec ses 95 membres. Elle regroupe de nombreux parlements du Sud. Lorsque nous parlons de francophonie, nous pensons souvent à l’Afrique ou à l’Asie, notamment aux anciennes colonies françaises.

Il est crucial d’établir cette coopération Sud-Sud entre les pays asiatiques et africains notamment qui ont des préoccupations proches.. La francophonie et spécifiquement la Francophonie parlementaire crée un cadre d’échanges sur des réalités économiques, culturelles et politiques spécifiques au Sud.

LPJ : Le Cambodge a-t-il formulé d’autres demandes ?

Nadine GAUTIER : Nous avons plusieurs sujets en cours d’identification par la section cambodgienne. Cela peut inclure la numérisation des archives ou la lutte contre le changement climatique. Nous avons développé un corpus législatif pour aider les parlements souhaitant légiférer sur ces questions.

Alioune DRAMÉ : Il y a également des cours de langue. Le Cambodge sollicite régulièrement l’APF pour accompagner les fonctionnaires parlementaires dans l’apprentissage du français. De manière générale, notre approche est toujours basée sur les besoins du terrain : nous ne venons pas avec des programmes préétablis, mais nous travaillons à partir des besoins identifiés localement.

Enfin, cette réunion est ouverte à tous les parlementaires, qu’ils soient sénateurs ou députés. Bien qu’ils ne soient pas tous francophones, cela ne limite pas leur participation aux discussions essentielles.

La Francophonie joue un rôle clé dans le partage d’expériences et de bonnes pratiques entre pays francophones. Cela fait partie de ce qu’Alioune DRAMÉ désigne comme la « valeur ajoutée de la Francophonie ».

 

Le séminaire s'est tenu les 13 et 14 novembre.
Le séminaire sur le rôle et les compétences du service de recherche du parlement s’est tenu les 12 et 13 novembre.

 

Afin de renforcer le partage d’expériences et de bonnes pratiques entre pays francophones,  le Réseau francophone international en conseil scientifique a été créé il y a 2 ans. Mathieu Ouimet, premier directeur général de ce réseau et professeur titulaire au département de sciences politiques à l’Université Laval à Québec, présent lors du séminaire en tant qu’expert, nous a présenté le rôle de cette organisation : 

« Nous sommes une organisation apolitique. Nous ne sommes pas une organisation de conseil scientifique mais nous travaillons au renforcement des capacités auprès des acteurs qui réalisent des activités de conseil scientifique auprès des gouvernements et des parlements. Le renforcement des capacités consiste à développer des formations pour différents publics.

Dans les parlements, cela se limite beaucoup aux services de recherche et aux bibliothèques. Dans les gouvernements, selon les administrations publiques, il y a des conseillers chargés d’analyser l’information scientifique ainsi que d’autres types d’informations.

Notre réseau intervient sur trois axes :

  • La recherche : nous menons des recherches scientifiques sur le conseil scientifique pour étudier comment la recherche est utilisée et quels obstacles existent.
  • La formation : le développement d’outils et de formations destinés aux praticiens du conseil scientifique dans différentes structures.
  • Le développement d’une communauté de pratique : l’organisation d’ateliers sous-régionaux pour discuter et partager des expériences entre ces différentes structures. »

L’Assemblée parlementaire de la Francophonie avait déjà organisé à Phnom Penh les 4 et 5 décembre 2023  un séminaire portant sur l’état civil et la problématique « enfants sans identité ». 

Le Cambodge accueillera en 2026 le vingtième Sommet de la Francophonie.

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