Jour de vote d’une élection sans suspens au Cambodge

Les Cambodgiens votent ce dimanche 23 juillet. Il n’existe aucune opposition au parti dirigeant, le Parti du peuple cambodgien (PPC).






Par H.R avec AFP


Sauf enorme surprise Hun Sen succedera a son pere a la tete du pays.
Sauf énorme surprise Hun Sen succédera à son père à la tête du pays.
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Les élections législatives ont débuté ce dimanche 23 juillet à 7 heures heure locale (minuit en France) mais sans le moindre suspens. En effet, il est déjà quasiment certain que le Premier ministre Hun Sen verra son fils lui succéder après 38 ans à la tête de l’État. Pour cause, il n’existe aucune alternative au Parti du peuple cambodgien, qui a exclu les autres partis politiques et qui compte depuis 2018, sur la totalité des 125 sièges au Parlement.

Le scrutin a été qualifié de « profondément inquiétant » par une coalition de 17 ONG internationales, dans un communiqué diffusé samedi. « L’exercice électoral à venir indique un manque notable de transparence, d’équité et d’inclusion dans le processus électoral », ont écrit les organisations de défense des droits, dont la FIDH et le Réseau asiatique pour des élections libres (Anfrel).

Hun Sen a voté quelques minutes après l’ouverture du scrutin dans un bureau de vote de Ta Khmau, dans la banlieue de Phnom Penh, selon des journalistes AFP présents sur place. Plus de 9,7 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour la 7e élection nationale depuis les accords de paix de Paris en 1991, qui ont marqué la fin de l’ère des Khmers rouges.

Pas d’opposition

À 70 ans, Hun Sen, l’un des leaders mondiaux au pouvoir depuis le plus longtemps, prépare sa succession, souhaitant cimenter le contrôle avant de passer le relais à son fils aîné, le général quatre étoiles Hun Manet (45 ans), formé aux États-Unis et en Grande-Bretagne. La passation pourrait intervenir d’ici entre 3 et 4 semaines, a-t-il déclaré dans une interview cette semaine.

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Mais le dirigeant a prévenu les électeurs qu’il continuerait à dominer la politique cambodgienne même après son départ. Ses détracteurs l’accusent d’avoir fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, qui ont été jetés par dizaines en prison. Imposer son fils, « c’est un coup de poignard dans le dos du peuple cambodgien » de la part de Hun Sen, estime Phil Robertson de Human Rights Watch, une ONG de défense des droits humains.

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Ses frasques « font ressembler le Cambodge à la Corée du Nord plutôt qu’à une véritable démocratie », constate-t-il. Avant les législatives, sa politique de répression s’est encore durcie envers les opposants, privés de leur liberté ou en exil. Lors du dernier scrutin national en 2018, le PPC avait remporté tous les sièges après la dissolution, par un tribunal, du principal parti d’opposition. Cette fois-ci, c’est le Parti de la bougie, seul rival crédible du Premier ministre, qui a été exclu de la course pour ne pas s’être enregistré correctement auprès de la commission électorale.

Hun Manet imposé

« Aujourd’hui est un jour de victoire pour nous », a lancé Hun Manet vendredi, lors du dernier rassemblement de la campagne, en promettant que le royaume retrouverait la fierté de l’empire khmer qui rayonna du IXe au XIIIe siècle, symbolisée par les temples d’Angkor.

Face à une marée de supporteurs, sous un portrait géant de son père, il a exhorté les Cambodgiens à voter pour le parti au pouvoir, le seul « capable de diriger le Cambodge », petit royaume pauvre d’Asie du Sud-Est, dont l’économie dépend largement de la Chine et des aides internationales. Il a ensuite pris la tête d’un cortège de plusieurs milliers de véhicules à travers la capitale.

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Hun Manet a récemment pris du galon, en prenant en charge petit à petit des fonctions assumées directement par son père. Membre du puissant comité permanent, il est pour la première fois candidat sur une liste du PPC à Phnom Penh, première étape nécessaire pour devenir Premier ministre. « Il est né avec une cuillère en argent dans la bouche », analyse pour l’AFP le politologue Ou Virak. « Remplacer son père sera un défi majeur. »

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