Japon, Chine, Cambodge : les arts d’Asie, deux siècles de passion française au musée des Beaux-Arts de Dijon

L’exposition « À portée d’Asie », montée au musée des Beaux-Arts de Dijon jusqu’au 22 janvier, est le fruit de quatre ans de recherches, porté par l’Institut national d’Histoire de l’Art. Le résultat, sérieux et didactique, consiste en une base de données et cette exposition analysant les collections d’art asiatique dans les musées de France en région du XVIIIe siècle à 1930. Le parcours, riche de plus de 300 œuvres, raconte l’arrivée en Europe des porcelaines, laques et autres paravents fabriqués au Japon, en Chine ou en Thaïlande. Puis il étudie les collections privées du XIXe siècle par ensembles cohérents en mettant en avant leurs dons dans les musées publics, en particulier ceux du Grand Est. Enfin, il permet de saisir la diversité des objets collectionnés, certains ayant été restaurés pour l’occasion.

Avec l’INHA

Initiée à l’INHA en 2018 et mise en ligne en 2022, la base de données sur les collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France de 1750 à 1930 est aujourd’hui portée par Pauline d’Abrigeon et Pauline Guyot. Venues étudier les fonds dijonnais, elles ont proposé à Catherine Tran-Bourdonneau, responsable des collections extra-européennes du musée des Beaux-Arts de Dijon, de bâtir une exposition dont un tiers des objets proviendraient des collections locales. Plus de 260 collectionneurs ont été identifiés et leurs collections étudiées. Ici, une douzaine d’entre eux est mise en avant en sections indépendantes.

Détail d’un magot sur un cerf formant un pot-pourri (début du XVIIIe), présenté dans l’exposition « A portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Détail d’un magot sur un cerf formant un pot-pourri (début du XVIIIe), présenté dans l’exposition « À portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Chez Jehannin de Chamblanc

Après une introduction générale soulignant l’importance des marchands merciers au XVIIIe siècle dans la diffusion des objets asiatiques acheminés par les Compagnies des Indes, l’exposition s’attarde sur le cabinet chinois du parlementaire dijonnais Jean-Baptiste Jehannin de Chamblanc. Soieries, cabinets de laque, dessins (dont deux rarissimes divinités des portes du XVIIIe siècle) voisinent avec un impressionnant paravent en laque de Coromandel, restauré pour cette exposition.

Le cabinet chinois de Jean-Baptiste Jehannin de Chamblanc, présenté dans l’exposition « A portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Le cabinet chinois de Jean-Baptiste Jehannin de Chamblanc, présenté dans l’exposition « À portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

L’arrivée massive des porcelaines

La deuxième salle raconte l’arrivée massive des porcelaines chinoises en France au XIXe siècle, en particulier après le pillage du Palais d’été par les soldats britanniques et français en 1860. L’exposition montre le travail des critiques d’art comme Albert Jacquemart autour de la classification de ces objets en familles vertes ou roses. Elle prouve également l’importance de ce nouveau marché avec des dizaines de ventes aux enchères d’objets d’art, parfois de provenance impériale.

Au centre : catalogue de la vente à Drout d’une collection d’objets d’art provenant du Palais d’été (1861) présenté dans l’exposition « A portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Au centre : catalogue de la vente à Drout d’une collection d’objets d’art provenant du Palais d’été (1861) présenté dans l’exposition « À portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Les estampes de Florine Langweil

Alsacienne d’origine, Florine Langweil tient à Paris dans les années 1900 une boutique d’objets chinois et japonais, fréquentée par le critique Philippe Burty ou le collectionneur Emile Guimet. Elle réunit un ensemble remarquable d’estampes comme ce portrait de courtisane jouant le rôle de la princesse tisserande Orihime. Nombre d’entre elles ont été données aux musées de Colmar, Mulhouse et Strasbourg.

Fête de Tanabata (1797) de Ichirakutei Eisui, présentée dans l’exposition « A portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Fête de Tanabata (1797) de Ichirakutei Eisui, présentée dans l’exposition « À portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Potichomanie ou bibelotage

Avec le succès des Expositions universelles de la seconde moitié du XIXe siècle et l’arrivée de milliers d’objets provenant de l’Extrême-Orient, la mode de « L’Asie à demeure » se développe. Surnommé potichomanie ou bibelotage, cette tendance à l’accumulation de potiches, boîtes en laque et autres bibelots de porcelaine permet d’imaginer des cabinets chinois ou japonais pour tout un chacun. L’évocation de l’intérieur du couple Trimolet à Lyon ou celle de la maison rouennaise de l’illustrateur Jules Adeline ponctuent parfaitement le parcours.

Salle consacrée à la collection Trimolet avec, à gauche, une boîte chinoise de forme polylobée (vers 1750), présentée dans l’exposition « A portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Salle consacrée à la collection Trimolet avec, à gauche, une boîte chinoise de forme polylobée (vers 1750), présentée dans l’exposition « À portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Estampage et ATP

Le parcours se termine par deux exemples d’objets moins luxueux que les objets d’art. D’une part, les cartes et les estampages (empreintes sur papier des sculptures et inscriptions figurant sur des monuments) recueillis par Edouard Chavannes et publiés en 1910. D’autre part, les objets d’arts et traditions populaires collectés par l’ethnologue André Leroi-Gourhan. On y retrouve quantité d’allusions à la vie quotidienne ou aux croyances populaires.

Détail de la carte du mont Tai (1839), présentée dans l’exposition « A portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

Détail de la carte du mont Tai (1839), présentée dans l’exposition « À portée d’Asie », musée des Beaux-Arts de Dijon, 2023 ©Connaissance des Arts/Guy Boyer

« À portée d’Asie. Collectionneurs, collecteurs et marchands d’art asiatique en France (1750-1930) »
Musée des beaux-arts de Dijon
Du 20 octobre 2023 au 22 janvier 2024

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