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Jane Sautière, retour sur soi et à Phnom Penh

, Jane Sautière, retour sur soi et à Phnom Penh

Récit

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Le cahier Livres de Libédossier

L’autrice de «Corps flottants» bataille contre les trous et les flous de la mémoire et se rappelle le Cambodge de son adolescence, avant que se mette en place la machine de mort khmère rouge.

L’ennemi est nommé à la page 61, au milieu du récit : «l’abominable oubli». Face à la «mort du passé», à la «violence prodigieuse de la disparition», chercher des traces, des survivances de ce qui persiste, résiste. Un peu comme ces fragments et ces taches naviguant dans le vitré de l’œil, décrit par les médecins comme des «corps flottants» qui donnent le titre au livre de Jane Sautière. Et font écho à l’impermanence des ukiyo-e, ces images japonaises célébrant l’effervescence du vivant, saisissant l’instant présent d’un «monde flottant» pris sur le vif. L’éphémère face à l’effacement.

Alors Jane Sautière écrit pour identifier, fixer, s’extraire de la «fumée du rêve», pour corriger ce «défaut de présence au monde», cette «absence d’attention». L’autrice n’est pas dans la collecte scrupuleuse du souvenir ou la reconstitution nostalgique d’un passé désagrégé. Elle «affronte le vieillissement» en guettant des signes, des silhouettes, en humant des odeurs, en exhumant des goûts, en convoquant l’ivresse et le désir, en attisant les pulsions et l’orgasme.

Dans de courts chapitres-scènes, Jane Sautière tente des retrouvailles qui ont tout d’une déambulation. Elle se livre à une sorte d’inventaire parcellaire qui finit par dessiner une mosaïque de la mémoire, constellée d’éclats vifs et précis et de résurgences nébuleuses et …

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