Les Khmers sont des amoureux des fleurs. Pas le moindre bas-relief, pas le moindre décor de pagode, pas la moindre étoffe sans motifs floraux. Certaines des fleurs appréciées au Cambodge ont été introduites dans le royaume, d’autres sont natives. Je vous propose de faire plus ample connaissance aujourd’hui avec une espèce native : l’ylang-ylang grimpant.
L’article en anglais (ici) que Wikipedia consacre à l’ylang-ylang grimpant, ou coque du Levant (Artabotrys hexapetalus), indique que l’espèce est originaire de Chine du Sud, de Birmanie, des Philippines et d’Inde. La page en chinois (ici) ajoute que l’espèce est présente aussi au Cambodge, en Indonésie, au Vietnam, au Sri Lanka, à Taïwan, en Thaïlande et en Malaisie.
Ylang-ylang grimpant par Mme TITH Veasna
Au Cambodge, on connaît cette espèce sous le nom de « banane mûre » (ចេកទុំ [chék tum]), sans doute en raison de la couleur jaune de la fleur à maturité ; les différents noms chinois décrivent plutôt la forme de la fleur : « serre d’aigle » (鹰爪 [yīngzhuǎ]) ou encore « orchidée à cinq griffes » (五爪兰 [wǔzhuǎlán]). L’un des synonymes d’A. hexapetalus, A. odoratissimus illustre une autre caractéristique de l’espèce : un parfum puissant, exotique et fruité.
Dans son Dictionnaire des plantes utilisées au Cambodge (p. 50), Madame Pauline Dy Phon décrit l’espèce comme un « arbrisseau grimpant des formations denses de l’Asie du Sud-Est », ajoute qu’elle est « souvent cultivée dans les jardins comme ornementale ».
Fleur d’Artabotrys hexapetalus par Meneerke bloem, CC BY-SA 3.0
La Flore de la République Populaire de Chine (vol. 30(2), p. 122) indique encore que la fleur fraîche contient environ 0,75 à 1,00% d’huile aromatique à partir de laquelle on obtient un extrait utilisé en composition dans des produits cosmétiques de luxe. Dans un article intitulé « Notes ethnobotaniques sur quelques plantes en usage au Cambodge », publié en 1969 dans le Bulletin de l’École Française d’Extrême-Orient (BEFEO, LV (1) : 171-232, 1969, p. 174), Gabrielle Martel, Saveros Lewitz et J.-E. Vidal expliquent par ailleurs que, au Cambodge, « les fleurs servent à parfumer le linge et à confectionner des bracelets ».
Différents auteurs attribuent à l’espèce des vertus médicinales diverses : « les feuilles sont prescrites sous forme de décoction en cas de choléra » (Pauline Dy Phon) ; « la racine est utilisée en pharmacopée pour traiter la malaria » (Flore de la République Populaire de Chine) ; « la plante entière, diurétique, est préconisée dans le traitement des flatulences et des œdèmes. L’infusion de la jeune feuille est considérée tonique ; la racine et le fruit sont parfois employés comme antipaludiques » (Mathieu Leti et al., Flore photographique du Cambodge, p. 67).
Fruits de l’ylang-ylang grimpant par Vinayaraj, CC BY-SA 3.0
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