Ce début d’année, une occasion de faire le point avec l’ambassadeur de France au Cambodge, M Jacques Pellet, et d’évoquer l’état des relations franco-cambodgiennes, ainsi que les perspectives de l’année à venir. Une année 2023 qui va s’avérer riche en événements.
Les 70 ans de l’indépendance du Cambodge
En effet en 2023 le Cambodge célébrera les 70 ans de son indépendance. L’ambassadeur nous confie qu’il n’existe pas de date officielle pour l’établissement des relations diplomatiques entre la France et le royaume. La souveraineté a été en effet transmise progressivement de 1949 à 1953.
D’ailleurs le premier ambassadeur a conservé pendant quelques années le titre de résident supérieur.
Cela explique qu’une date précise ne peut être définie, ni donc être célébrée en un jour dit, contrairement à d’autres pays tels que le Japon, l’Australie, les Etats-Unis, etc… L’ambassadeur précise d’ailleurs que ces prédécesseurs n’ont jamais célébré l’établissement de relations diplomatiques pour cette même raison.
Monsieur Pellet tient à souligner que l’indépendance cambodgienne n’a pas signifié une rupture avec la France, mais au contraire un approfondissement de ses relations. C’est en effet à l’époque du Sangkun que la France a construit le port de Sihanoukville, de nombreux professeurs de français sont venus, que l’Institut Pasteur du Cambodge a été fondé et que la population française s’est globalement accrue.
Les excellentes relations Franco-cambodgiennes
L’ambassadeur se flatte des excellentes relations françaises avec le Cambodge, et de l’amitié que les Cambodgiens nous manifestent. Il en veut pour preuve la récente décision, initiative des autorités cambodgiennes, de réédifier le monument aux morts de Phnom Penh qui avait été abattu sous les Khmers rouges. Ainsi que la célébration du voyage du roi Sisowath en France en 1906, via l’exposition au musée national de la monnaie, initiée et organisée par la banque nationale cambodgienne.
Cet intérêt réciproque s’est récemment manifesté lors du dernier voyage du Premier Ministre Hun Sen à Paris, où il a été reçu par le président français Emmanuel Macron à l’Elysée. Les échanges et le dîner entre les deux chefs d’Etat ont duré beaucoup plus longtemps que ce qui était initialement prévu. L’ambassadeur assure avoir observé une chaleureuse entente entre les deux dirigeants.
La présidence cambodgienne de l’ASEAN
Nous abordons alors le sujet du dernier sommet de l’ASEAN, dans lequel aucune réunion bilatérale n’a été organisée ni avec la France ni avec l’Union Européenne. Ce à quoi l’ambassadeur nous fait remarquer que d’une part Charles Michel (président du conseil de l’Europe) était présent en tant qu’invité, et que d’autre part un sommet entre L’ASEAN et L’UE a eu lieu le 14 décembre dernier à Bruxelles. Le premier ministre Hun Sen s’y était rendu en personne après sa visite de travail en France.
Il existe différents niveaux de partenariat entre L’ASEAN et les pays tiers. Les conférences ont été menées avec des partenaires stratégiques, et des partenaires de dialogues, tels que les Etats-Unis, l’Australie et le Japon présents au sommet au Cambodge. La France est, elle, un partenaire de développement. D’après l’ambassadeur, l’Union européenne a un rôle à jouer car
elle est perçue comme une autre voie possible entre les Etats Unis et la Chine, entre lesquels beaucoup de pays de l’Asean ne veulent pas choisir .
L’ambassadeur félicite par ailleurs le Cambodge pour sa présidence de l’Asean, qui de l’avis général s’est bien déroulée, et a selon lui « donné de la visibilité au pays ».
Il s’est également félicité de l’établissement d’une consultation politique annuelle, bilatérale entre la France et le Cambodge, qui va être inaugurée en ce début d’année. Car, étonnamment, cet espace de discussion formelle n’existait pas auparavant, «malgré notre histoire commune et nos relations étroites ».
Cette année nous célébrerons aussi les 70 ans de l’arrivée de l’Institut pasteur, ainsi que la quatrième conférence internationale de la préservation du site d’Angkor ; qui se tiendra à l’UNESCO à Paris fin novembre.
La contribution de la France au développement du Cambodge
En matière économique, le début d’année va être marqué par des visites de haut-niveau, et notamment par une mission d’entreprises à Phnom Penh les 24 et 25 janvier. Cela démontre le dynamisme économique de la France au Cambodge. Outre les grandes entreprises bien connues telles que Total ou Vinci, l’activité économique française peut se reposer sur un tissu de petits entrepreneurs. Un réseau qui a tenu malgré les difficultés économiques liées à la crise du Covid. Ce dont se réjouit l’ambassadeur :
La communauté française a souffert mais je l’ai trouvé assez résiliente, et nos ressortissants dynamiques.
La France va continuer à contribuer au développement du Cambodge. Grâce notamment à l’AFD, qui est le premier bailleur européen du pays. La présence française s’appuie également sur un réseau éducatif solide. Avec d’une part les écoles françaises (de Siem Reap, Battambang, et Phnom Penh), auquel s’adjoint un réseau de classes bilingues, l’institut technologique du Cambodge, l’agence universitaire de la Francophonie, et diverses ONG. Tout un « écosystème » lié à la francophonie, qui « continue de se développer ».
La France continue d’ailleurs à fournir des bourses aux étudiants cambodgiens. Ils sont environ 200 nouveaux à y partir chaque année, portant ainsi le nombre total d’étudiants cambodgiens en France à 800.
Pour conclure, l’ambassadeur se dit content d’avoir retrouvé le rythme d’une vie normale en 2022, en espérant que cela se poursuive en 2023. Nous invitons nos lecteurs à aller sur la page Facebook de l’ambassade pour prendre connaissance de ses vœux pour la nouvelle année.
Raphaël Ferry et Nicolò Tissier
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