Du Cambodge à Marne-la-Vallée, le parcours extraordinaire de Nara Keo Kosal

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« Un peu plus près des étoiles, à l’abri des colères du vent, à peine un peu plus libres qu’avant… ». Ces paroles, ce sont celles d’un tube du groupe Gold, évoquant le sort de ceux qui ont fui les guerres et les dictatures en Asie du Sud-Est.

Parmi eux, nombreux sont ceux à avoir trouvé refuge en France, et à Marne-la-Vallée. Rencontre avec Nara Keo Kosal, habitant de Torcy (Seine-et-Marne), arrivé en France alors que la guerre faisait rage au Viêt-Nam, et commençait à toucher son pays, le Cambodge.

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Retourner à ses racines

Nara Keo Kosal est né au Cambodge, dans les années 1950. Le pays venait de recouvrer son indépendance, après neuf décennies sous protectorat français. Il ne restera pas longtemps sur ces terres qui l’ont vu naître, et partira en direction de la France en 1966. Il n’a même pas dix ans. « C’est la période où de Gaulle est venu. C’est aussi à cette époque que la guerre du Viêt-Nam pénètre au Cambodge, et que les États-Unis bombardent une partie du pays », se souvient-il.

Ses parents prennent la décision de l’envoyer en France, chez des connaissances, avant de le rejoindre. « C’était une période difficile, mais qui était aussi très belle. Je me suis créé une bande d’amis, avec qui j’ai noué des liens très forts, et je les vois encore aujourd’hui. Quand on arrive, on cherche à s’intégrer à une nouvelle culture, à une nouvelle langue. On ne pense pas à autre chose, on ne pense pas au passé », continue-t-il.

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Il ne retournera au Cambodge que bien des années plus tard, pour des raisons professionnelles, en 2004. Il est directeur de la photographie, et accompagne Bertrand Tavernier sur le tournage de Holy Lola. « Je ne voulais pas y aller en tant que touriste, ce n’est pas le même regard. Quand on veut retrouver des liens, il faut s’intégrer, et un touriste reste un touriste », estime-t-il. « C’était un moment tragique et douloureux. J’ai essayé de retrouver ma maison, à Phnom Penh. C’était impossible, tout a changé », se remémore-t-il.

Grâce aux recherches qu’il effectue dans les registres du cadastre, il découvre que cette maison, quittée des décennies plus tôt, a été remplacée par l’institut français. Une coïncidence, quand on sait que la famille de Nara Keo Kosal est, depuis bien longtemps, francophile.

Lorsqu’on lui demande s’il a pu retrouver des membres de sa famille, son visage se ferme. L’émotion reprend le dessus. « Ceux qui ont survécu sont partis au Viêt-Nam… »

C’est que l’histoire n’est pas très connue en France. Avec l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges, en avril 1975, un régime sanguinaire se met en place au Cambodge. En à peine quatre ans, il fera 1,8 million de morts. Environ un tiers de la population d’alors.

Faire connaître une histoire

Son histoire est celle de milliers de personnes, notamment à Marne-la-Vallée. D’ailleurs, on parle souvent de la commune voisine de Lognes comme de la « première ville asiatique de France ». « Il y a une grande communauté venue du Cambodge, du Laos et du Viêt-Nam, ici. En arrivant, ils sont d’abord allés à Paris, avant d’arriver dans la ville nouvelle. À Marne-la-Vallée, il y avait beaucoup d’eau, de terre, et d’espace, cela leur a plu », justifie-t-il.

Au fil des années, l’intégration faisant, l’héritage culturel et linguistique se perd. Alors, en 2020, il crée l’association Du Mékong à la Marne et un festival, Si loin, si proche, est lancé en 2022 à la Ferme du Buisson, à Noisiel.

Des films produits au Laos, au Cambodge et au Viêt-Nam y sont diffusés, et montrent toutes les facettes de la création dans ces pays, pour les faire connaître aux spectateurs français. Ils sont d’ailleurs diffusés en version originale.

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Cette année, même si comédies et romances étaient de la partie, la focale était placée sur la mémoire de la guerre et du génocide. Ce pan de l’histoire est loin d’être connu du grand public, et est même assez peu enseigné à l’école. « C’est une partie de l’histoire de France, mais dont on ne parle pas, que ce soit pour ses aspects positifs, comme négatifs. On parle plus de la guerre d’Algérie, par exemple, car cette région était mieux intégrée à la France », explique-t-il.

C’est d’ailleurs en participant au festival qu’il replonge vraiment dans ses origines, et crée de nouveaux liens avec la communauté.

L’une des missions que se fixe l’association est aussi de réaliser des portraits, trois à quatre par an, en vidéo. Souvent, ils sont « tragiques ». « Dans les familles, on essaye de ne pas en parler, mais il faut en discuter, c’est important », estime Nara Keo Kosal. Ces vidéos seront d’ailleurs prochainement diffusées au Forum des images, à Paris.

Si vous souhaitez contacter, voire rejoindre l’association, vous pouvez écrire à [email protected]

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