Migraines, courbatures, diarrhées, gorge qui gratte… la liste des symptômes de la Covid-19 est longue comme le bras. Mais il en est deux que nous avons tous retenus puisqu’ils ont intrigué le monde entier : la perte du goût et de l’odorat. Aujourd’hui, on en sait un peu plus sur la première. Selon une étude parue le 17 août dans la revue Scientific Reports, les personnes ayant souffert d’anosmie présenteraient des changements comportementaux, fonctionnels et structurels au niveau du cerveau.
Pour leurs travaux, des chercheurs chiliens ont suivi 73 personnes en convalescence après avoir été malades du Covid-19, ainsi que 27 infectées par d’autres agents pathogènes. Les patients ont été recrutés dans des hôpitaux publics et privés de Santiago, la capitale chilienne, 9 mois après le diagnostic, de février 2020 à mai 2023. Ils avaient en moyenne 40,1 ans.
Lors de l’étude, les scientifiques ont mené un dépistage cognitif, une évaluation des performances lors d’une tâche de prise de décision, des tests fonctionnels et des résultats d’imagerie par résonance magnétique (IRM). Deux séances de suivi ont été menées à 15 jours d’écart.
De l’importance de détecter les individus à risque
Dans le détail, 22 des 73 patients atteints du Covid, soit 30,1% de la cohorte, ont déclaré souffrir de troubles de l’attention et de la mémoire à divers degrés. Sept ont dit avoir des maux de tête, 6 être fatigués et 4 avoir eu des problèmes d’odorat pendant en moyenne 1,3 mois. Les chercheurs ont utilisé la perte d’odorat et l’hospitalisation comme indicateurs potentiels respectifs d’une atteinte neurologique et de la gravité de la maladie.
« Étant donné l’incidence mondiale significative du Covid-19, l’identification des facteurs qui peuvent distinguer les individus à risque de développer des altérations cérébrales est cruciale pour prioriser les soins de suivi », écrivent les auteurs de l’étude.
Lors des tests olfactifs, 6 des 43 patients qui avaient auto-déclarés une perte de l’odorat au cours de l’infection n’ont pas pu identifier plus de quatre des six odeurs qui leur étaient présentées. Cela suggère un dysfonctionnement permanent de l’odorat, s’inquiètent les chercheurs.
Un marqueur potentiel
Lors d’une IRM réalisée lors d’un jeu, la perte de l’odorat était associée à une diminution de l’activité fonctionnelle lors de la prise de décision, à une perte de l’intégrité de la substance blanche et à un amincissement de la couche externe du cerveau dans les régions pariétales. Ces dernières sont responsables du traitement des entrées sensorielles, de la compréhension des relations spatiales et de la navigation.
« Seuls six patients présentent des indicateurs de déficit olfactif persistant ; nos résultats ne sont donc pas dus à un déficit réel, notent les chercheurs. Par conséquent, l’anosmie pourrait servir à la fois de marqueur potentiel des dommages induits par le virus sur les tissus neuronaux et de marqueur pour les individus susceptibles de subir des lésions cérébrales. »
« Ces résultats contribuent à notre compréhension des conséquences neurologiques du Covid-19 et soulignent l’importance d’une détection et d’une intervention précoces dans les populations à risque », concluent-ils, invitant à prendre le symptôme de la perte de l’odorat plus sérieusement dans le traitements des Covid longs.
L’anosmie, également signe d’Alzheimer?
Mais d’après une étude italienne parue à la fin de l’année 2023, la perte de l’odorat et celle du gout évolueraient favorablement avec le temps. Si cela a parfois pris du temps, au bout de trois ans, les personnes suivies dans le cadre de l’étude avaient toutes récupéré leurs sens.
Rappelons toutefois que le Covid n’a pas l’apanage de l’anosmie. Selon une étude publiée l’été dernier dans la revue Neurology, elle pourrait également être un signe avant-coureur de la maladie d’Alzheimer. D’après ces travaux, les personnes porteuses de la variante génétique associée au risque de cette pathologie perdraient leur capacité à détecter les odeurs plus tôt que les autres.
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