Vives tensions à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, longue de 800 km. Des échanges de tirs en mai dernier de part et d’autre de la frontière, tuant un soldat cambodgien, avaient suffi à tendre de nouveau les relations entre les deux pays, qui avaient renforcé leur dispositif militaire.

La nuit dernière, la tension est encore montée d’un cran, avec de nouveaux affrontements qui ont fait au moins 12 morts dont un enfant de 8 ans, et 14 blessés, selon un dernier bilan fourni par les autorités des deux pays.

Pourquoi ce regain de tensions ?

Le 28 mai dernier au petit matin, dans une zone du Sud-Est appelée « triangle d’émeraude », un militaire cambodgien meurt dans un échange de tirs avec l’armée thaïlandaise. Cette région reculée est revendiquée à la fois par le Cambodge et la Thaïlande. Les circonstances de cette échauffourée restent floue, chaque pays accusant l’autre d’avoir tiré en premier.

En réplique, les frontières terrestres sont fermées, les échanges commerciaux à l’arrêt, et le nationalisme grimpe dans les deux pays. Dans les jours qui suivent, l’armée thaïlandaise se dite prête à lancer une « opération de haut niveau au cas où il serait nécessaire de riposter » pour contrer toute violation de sa souveraineté. Selon ses renseignements, le Cambodge a renforcé son dispositif militaire, une situation qu’elle juge alors « inquiétante », début juin. La diplomatie est depuis à l’oeuvre pour tenter de calmer la situation entre les deux pays, en vain.

Pourquoi ces deux pays s’affrontent ?

Le conflit entre le Cambodge et la Thaïlande n’est pas nouveau. Il remonte en réalité à l’époque coloniale. Au début du XXe siècle, la France possède l’Indochine française, vaste territoire qui regroupe notamment l’actuel Cambodge, le Vietnam, le Laos, ainsi que certaines provinces.

Lors d’une guerre au début du XXe siècle, la France reprend des territoires qui appartenaient au Cambodge au Siam, actuel nom de la Thaïlande. Des traités franco-siamois de 1904 et 1907 sont alors signés et définissent la frontière qui sépare aujourd’hui Thaïlande et Cambodge. Quatre temples khmers sur lesquels la Thaïlande revendique la souveraineté se retrouvent tout d’un coup côté de l’actuel Cambodge, dont le temple de Preah Vihear.

C’est le tracé de cette frontière qui est depuis régulièrement l’objet de combats, à certains point précis. Dans les années 1930, une première contestation émane officiellement du Siam. Puis à l’indépendance du Cambodge, l’armée thaïlandaise occupe le temple angkorien de Preah Vihear, en territoire cambodgien, au nord du pays.

Un temple une nouvelle fois au coeur de combats entre 2008 et 2011, avec 28 victimes des combats sur cette période. En 2013, la Cour internationale de justice (CIJ) statue en faveur du Cambodge en clarifiant une décision de 1962 qui lui attribuait la juridiction sur le temple.

Que dit la communauté internationale ?

Peu de réaction officielle dans un conflit éloigné de l’Europe, assez local et qui remonte à plusieurs décennies. Les Thaïlandais ont officiellement été appelés à quitter le Cambodge, tandis que la Chine déconseille officiellement les voyages dans la zone d’affrontements entre la Thaïlande et le Cambodge.

Du côté de la France, la diplomatie tricolore écrit ce jeudi que « les déplacements dans ces zones sont fortement déconseillés. Les ressortissants français qui s’y trouveraient sont invités à les quitter dans les meilleurs délais et peuvent le cas échéant se signaler auprès de l’Ambassade de France à Phnom Penh ».

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