En termes de santé et de cancer, certains emplois sont plus à risque que d’autre. Afin de mettre en lumière les procédés de travail (activités ou conditions de travail) pouvant être cancérogènes, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) propose désormais une méthodologie, révèle-t-elle dans un communiqué paru ce jeudi 24 octobre. « En l’absence de critères scientifiques établis au niveau européen et français, la Direction générale du travail a saisi l’Anses afin qu’elle se penche scientifiquement sur l’inclusion de nouveaux procédés cancérogènes dans la réglementation », est-il précisé. C’est pourquoi, l’Agence a mené plusieurs expertises entre 2021 et 2024. « Elle a également établi une liste des procédés à expertiser prioritairement dans les années à venir », est-il précisé.
Parmi les circonstances d’exposition susceptibles de provoquer des cancers chez les travailleurs, on peut citer par exemple des opérations de soudage ou de ponçage. En effet, ces dernières peuvent exposer à un ensemble de gaz, particules et poussières nocives. Sont également citées des conditions de travail particulières comme des activités exposant le travailleur aux rayons UV du soleil ou au fait de travailler de nuit.
Dans le détail, l’Anses prend en compte les procédés industriels, les organisations du travail, professions, tâches professionnelles et toutes les situations occasionnant des « expositions professionnelles à des groupes d’agents chimiques, physiques, biologiques ». En revanche, « les contraintes relationnelles et donc les facteurs pouvant générer des risques psychosociaux sont exclues ».
Préciser les organes touchés par le cancer et déterminer le degré de causalité
L’Agence a élaboré et publié une méthodologie d’identification et d’évaluation des procédés cancérogènes. Cette dernière se base sur des les résultats de travaux internationaux déjà existants. L’objectif ici est de préciser les organes touchés par un cancer et de déterminer le niveau de certitude du lien causal entre l’exposition lors de la mise en œuvre du procédé évalué et l’apparition du cancer.
Ces dernières années, à la demande du ministère chargé du travail, l’Anses a utilisé cette méthodologie pour évaluer trois procédés fortement suspectés d’être cancérogènes. Elle a tout d’abord étudié les procédés exposants aux cytotoxiques, ce qui l’a conduite à demander en 2021 l’inscription dans la réglementation française des travaux exposant à 18 substances actives de médicaments anticancéreux. Elle a également évalué les procédés exposant aux fumées de soudage et/ou fumées métalliques de procédés connexes comme le brasage fort, le gougeage, l’oxycoupage, la projection thermique ou encore le rechargement. Ces derniers sont désormais inscrits dans la règlementation.
Quid de la friture ?
Enfin, elle a analysé ceux exposant aux hydrocarbures aromatiques polycycliques et vient notamment de finaliser son évaluation pour les procédés exposant aux émissions de friture. « Lors de la friture, l’augmentation de la température favorise les transformations physiques et biochimiques de la matière grasse et des aliments, générant des émissions de HAP, de particules fines et ultrafines et de nombreux composés organiques volatils », explique l’ANSES.
La composition des émissions de friture change en fonction du type de friture, de sa température, de la matière grasse utilisée ainsi que du temps de cuisson ou encore du type d’aliment frit ou de la source d’énergie utilisée pour la cuisson.
En 2010, le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé les activités exposant aux émissions de friture à hautes températures comme « cancérogènes probables pour l’Homme ». Aujourd’hui, l’Anses précise : « cancérogène probable pour l’Homme pour le cancer pulmonaire ». Elle recommande d’ajouter les procédés exposant aux émissions de friture utilisant des graisses animales ou végétales à la liste réglementaire des procédés cancérogènes pour ces trois modes de friture : le sauté à la poêle, la friture à la poêle et la friture profonde (par immersion dans la matière grasse).
Par conséquent, elle recommande que d’avantage de recherches soient menées sur le sujet, afin de « pouvoir prendre en compte les pratiques mises en œuvre en France ou plus largement en Europe ».
Trois procédés à examiner en priorité
Outre ces trois procédés déjà étudiés, l’Agence en a identifié quinze autres dont trois à examiner en priorité : les travaux exposant aux rayonnements solaires et ultraviolets (plus d’un million de travailleurs potentiels), les expositions dans le cadre de l’activité de pompier (entre 100 000 et un million d’individus potentiellement exposés) et le travail de nuit (plus d’un million de personnes potentiellement concernées).
Quand un procédé est inclus comme cancérogène dans la réglementation applicable sur les lieux de travail, des mesures d’évaluation, d’information et de prévention renforcées doivent être mises en œuvre, dont un suivi médical individuel. Enfin, quand c’est possible, les employeurs doivent remplacer les procédés cancérogènes par d’autres procédés.
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