Cancer du col de l’utérus au Cambodge : une bataille urgente

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Le 5 mai, lors de l’ouverture du Plan national de lutte contre le cancer 2025–2030, le ministre de la Santé Chheang Ra a lancé un avertissement glaçant : une personne meurt du cancer toutes les 40 minutes au Cambodge. Parmi les victimes, beaucoup sont des femmes emportées par le cancer du col de l’utérus.

Pourtant, cette maladie est largement évitable et soignable si elle est détectée à temps. Chaque année, 1 135 Cambodgiennes sont diagnostiquées, et près de 643 en meurent, selon le Centre d’information HPV ICO/IARC.

Un vaccin qui peut sauver des milliers de vies

En octobre 2023, le Cambodge a lancé la vaccination contre le papillomavirus (HPV) chez les filles de 9 à 14 ans, avec l’appui de partenaires comme l’OMS, GAVI et l’UNICEF. Ce vaccin, efficace à plus de 90 % contre les souches responsables du cancer du col, peut transformer l’avenir de la santé des femmes.

Si le pays atteint l’objectif de vacciner 90 % des filles avant 15 ans, fixé par l’OMS, le cancer du col de l’utérus pourrait pratiquement disparaître d’ici la fin du siècle. Des pays comme le Rwanda ou le Bhoutan l’ont prouvé : c’est possible.

Dépister pour protéger celles qui n’ont pas eu accès au vaccin

Mais des millions de femmes, aujourd’hui âgées de 30 à 49 ans, n’ont jamais reçu ce vaccin. Trop souvent, elles ne sont dépistées qu’à un stade avancé, quand les traitements sont lourds, coûteux et moins efficaces.

Le nouveau plan de lutte donne donc la priorité au dépistage précoce. Des méthodes simples et abordables, comme l’inspection visuelle à l’acide acétique (VIA) ou les tests ADN du HPV, sont mises en avant. Elles peuvent être réalisées dans les centres de santé locaux ou par des cliniques mobiles, qui vont directement vers les femmes, notamment dans les zones rurales.

Former des sages-femmes et des agents de santé à ces techniques permettrait de toucher celles qui échappent aux soins traditionnels.

Des objectifs ambitieux qui doivent devenir réalité

Le Cambodge vise à dépister 70 % des femmes avant 35 ans, puis à 45 ans. Un objectif louable, mais qui ne sauvera personne sans actions concrètes.

Il faut créer des cliniques mobiles dans les usines, organiser des journées santé dans les villages, et lancer des campagnes de sensibilisation dans les quartiers, marchés, écoles ou lieux de travail. Il ne suffit plus d’attendre que les femmes viennent : il faut aller à leur rencontre.

Rompre le silence et briser les tabous

L’un des obstacles majeurs reste la stigmatisation. Le HPV, étant un virus sexuellement transmissible, reste un sujet tabou. La honte empêche de nombreuses femmes de se faire dépister ou vacciner.

Il est urgent de changer le discours : le cancer du col n’est pas une honte, c’est une maladie qu’on peut prévenir. Le HPV touche presque tout le monde à un moment ou un autre de sa vie.

Le dépistage doit devenir aussi banal qu’une prise de tension. Les soignants doivent offrir un accueil bienveillant et sans jugement. Les chefs de village, enseignants, moines et associations doivent participer à la sensibilisation.

Inclure les hommes dans la prévention

Même si ce cancer touche les femmes, les hommes jouent un rôle dans la transmission. Ils doivent aussi être ciblés : dans les pagodes, stades ou cafés, pour qu’ils encouragent la vaccination et soutiennent les dépistages.

Les femmes vivant avec le VIH méritent aussi une attention particulière : elles sont six fois plus à risque. Le Cambodge, qui a bien avancé dans la prise en charge du VIH, peut intégrer le dépistage du cancer dans les soins aux personnes séropositives.

Un tournant décisif à ne pas rater

La pandémie de COVID-19 a freiné les campagnes de vaccination. L’UNICEF alerte sur une baisse inédite des vaccins de routine. Sans réaction rapide, l’Asie du Sud-Est pourrait connaître une hausse de 44 % des cas de cancer du col et de 60 % des décès d’ici 2040.

Mais si le Cambodge renforce ses efforts en matière de vaccination, de dépistage et d’éducation, il peut sauver des milliers de vies — et devenir un modèle régional.

Un engagement envers les femmes du pays

Le Plan national contre le cancer incarne un engagement fort : ne plus laisser mourir de femmes à cause d’une maladie évitable. Le savoir, les outils et la volonté sont là. Il faut maintenant passer à l’action.

En 2025, aucun décès lié au cancer du col de l’utérus ne devrait encore être possible. Pas au Cambodge. Pas ailleurs.

Avec l’aimable autorisation de Cambodianess, qui nous permet d’offrir cet article à un public francophone. 
 

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