L’ombre de l’autocrate cambodgien Hun Sen plane sur ce que de nombreux observateurs jugent être un assassinat politique. Un ancien député de l’opposition au Cambodge, de nationalités khmère et française, Lim Kimya, 74 ans, a été tué par balle mardi 7 janvier au soir à Bangkok par un inconnu circulant à moto.
La police thaïlandaise a émis un mandat d’arrêt dès le lendemain, mercredi 8 janvier, contre un suspect qui serait un ancien soldat de la marine thaïlandaise, selon la presse locale.
Ancien député élu
Lim Kimya, 74 ans, a été élu député de l’opposition au Parlement cambodgien à l’issue d’élections générales en 2013, au cours desquelles le parti au pouvoir dirigé par l’ancien dirigeant Hun Sen a failli perdre face à son rival de l’époque, le Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC). Aujourd’hui âgé de 72 ans, Hun Sen a transmis le pouvoir à son fils aîné Hun Manet en 2023 et occupe depuis le mois d’avril dernier le fauteuil de président du Sénat.
Le PSNC, fondé en 2012 par les leaders de l’opposition Sam Rainsy et Kem Sokha et autrefois considéré comme le seul adversaire viable du Parti du peuple cambodgien (PPC) au pouvoir, a été dissous par décision de justice en 2017. De nombreux politiciens et députés de l’opposition, dont Lim Kimya, ont été interdits d’activités politiques après la dissolution du parti.
Hun Sen écrase toute opposition
Des groupes de défense des droits de l’homme ont accusé Hun Sen qui a dirigé le Cambodge pendant près de quatre décennies d’utiliser le système judiciaire pour écraser toute opposition à son régime. De nombreux politiciens et militants de l’opposition ont été condamnés et emprisonnés pendant son mandat, les opposants étant contraints de fuir et la liberté d’expression étouffée.
Le gouvernement cambodgien a toujours nié que les accusations portées contre les militants politiques et écologistes aient été motivées par des raisons politiques. Kem Sokha a été arrêté et condamné en 2023 à vingt-sept ans de prison pour trahison – une accusation qu’il a niée à plusieurs reprises – et a été immédiatement placé en résidence surveillée.
Sam Rainsy, lui, craignant d’être assassiné au Cambodge, vit en exil en France depuis de nombreuses années. « Je suis consterné par l’assassinat de mon collègue Lim Kimya », a-t-il réagi mardi 8 janvier dans le magazine francophone Gavroche publié à Bangkok. « Comme moi, Lim Kimya, comme tous les militants les plus actifs de l’opposition démocratique, figurait sur la liste noire de Hun Sen qui ne recule devant aucun crime, ajoute-t-il, et plusieurs dizaines de membres de l’opposition ont été froidement assassinées. On peut voir la main de Hun Sen derrière l’assassinat de Lim Kimya comme on l’a vue derrière les innombrables crimes politiques au Cambodge restés toujours impunis. »
« Je n’abandonnerai jamais la politique »
Bien qu’il soit citoyen français, Lim Kimya n’a pas rejoint les dizaines de députés qui ont fui à l’étranger. En 2017, il avait confié à l’Agence France-Presse : « Je n’abandonnerai jamais la politique. » Aux yeux de Phil Robertson, directeur d’Asia Human Rights basé à Bangkok et spécialiste du Cambodge, « le gouvernement français doit faire tout son possible pour obtenir justice pour son citoyen, Lim Kimya, et ne ménager aucun effort pour faire pression sur le gouvernement thaïlandais afin qu’il enquête efficacement et en profondeur sur cet assassinat ».
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