Cambodge : le Parlement confirme Hun Manet comme nouveau premier ministre, il succède à son père, resté au gouvernement pendant trente-huit ans

Hun Manet, premier ministre élu, fils du premier ministre cambodgien Hun Sen, assiste à une séance de l’Assemblée nationale à Phnom Penh, au Cambodge, mardi 22 août 2023. Hun Manet, premier ministre élu, fils du premier ministre cambodgien Hun Sen, assiste à une séance de l’Assemblée nationale à Phnom Penh, au Cambodge, mardi 22 août 2023.

Le nouveau Parlement cambodgien a confirmé mardi 22 août par un vote la transmission dynastique du pouvoir entre Hun Sen et son fils Hun Manet. Ce dernier avait largement remporté les dernières élections législatives, controversées.

Le 23 juillet, le Parti du peuple cambodgien (PPC) avait obtenu 120 des 125 sièges de l’Assemblée nationale. Le scrutin avait été considérablement décrié, après que la principale force d’opposition, le Parti de la bougie, en avait été écartée. Quelques jours plus tard, Hun Sen, âgé de 71 ans, avait annoncé qu’il démissionnait de son poste de premier ministre au profit de son fils aîné. M. Hun est resté pendant trente-huit ans dans le gouvernement : trente-trois en tant que premier ministre et cinq ans comme vice-premier ministre (de 1993 à 1998).

Le doyen de l’Assemblée a annoncé mardi matin l’élection sans surprise du fils aîné de Hun Sen, à la quasi-unanimité des votants, soit 123 voix sur 125, entérinant la victoire de son parti aux élections législatives du mois dernier. « C’est un jour historique pour le Cambodge », a déclaré le nouveau dirigeant dans une adresse aux députés.

Il a affirmé que les élections de juillet avaient été « libres, justes, équitables et transparentes, et promis que son gouvernement allait » accélérer les réformes « pour faire du pays une nation prospère ». Il a salué « l’héroïsme » dont son père avait fait preuve en sauvant le pays des Khmers rouges.

Le frère cadet nommé ministre de la fonction publique

Le roi du Cambodge, Norodom Sihamoni, dont le rôle est largement symbolique, avait ouvert lundi la session inaugurale du nouveau Parlement et félicité les députés, ainsi que Hun Manet, vêtu d’habits traditionnels.

Hun Many, le frère cadet de Hun Manet, devient ministre de la fonction publique, tandis que les fils des ministres de l’intérieur et de la défense reprendront les postes de leurs pères, selon un projet de liste des nouveaux membres du cabinet consulté par l’Agence France-Presse. Le neveu de Hun Sen, Neth Savœun, actuel chef de la police nationale, sera vice-premier ministre.

Les Etats-Unis, l’Organisation des Nations unies et l’Union européenne ont condamné les élections du mois dernier, les qualifiant de ni libres ni équitables. Ancien cadre khmer rouge, Hun Sen, au gouvernement depuis 1985, s’est insurgé contre les critiques de la communauté internationale concernant les élections sans véritable opposition et a affirmé que le passage de relais à son fils éviterait un « bain de sang pour s’emparer du pouvoir » à sa mort.

Il a également averti que si la vie de son fils venait à être mise en danger, il redeviendrait alors premier ministre. « Je ne me retire pas encore de la vie politique », a-t-il déclaré mardi, exhortant le nouveau gouvernement à maintenir la paix et la sécurité.

Allié de Pékin

Hun Manet, 45 ans, général quatre étoiles, était déjà membre du comité permanent du Parti du peuple cambodgien et a dirigé l’armée royale cambodgienne depuis 2018. A ce titre, il a déjà rencontré les grands dirigeants étrangers, y compris le président chinois, Xi Jinping, un précieux allié.

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Titulaire d’un doctorat d’économie de l’université de Bristol, en Grande-Bretagne, il a été le premier Cambodgien diplômé de l’académie militaire américaine de West Point, dont il est sorti en 1999. Mais son parcours international ne garantit pas forcément une approche libérale ni un changement par rapport aux manières autoritaires de son père.

Le Cambodge est devenu l’un des principaux alliés de Pékin dans la région sous la direction de Hun Sen, recevant d’importants investissements chinois.

Hun Sen a prévu de devenir président du Sénat au début de l’année prochaine, soit le numéro deux dans l’ordre protocolaire après le roi, qu’il remplacera en tant que chef de l’Etat lorsque celui-ci sera à l’étranger. Il a déclaré qu’il continuerait à occuper d’autres postes au moins jusqu’en 2033.

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Le Monde avec AFP

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