Cambodge: la syndicaliste Chhim Sithar condamnée à deux ans de prison ferme


La syndicaliste Chhim Sithar a été emprisonnée pour «incitation à semer le trouble à l'ordre public», le 25 mai 2023 à Phnom Penh.

© Heng Sinith / AP La syndicaliste Chhim Sithar a été emprisonnée pour «incitation à semer le trouble à l’ordre public», le 25 mai 2023 à Phnom Penh.

À Phnom Penh, neuf représentants syndicaux ont été reconnus coupables ce matin d’« incitation à semer le trouble dans l’ordre public ». Des faits régulièrement reprochés aux activistes et politiciens membres de l’opposition. Un crime qui a conduit plusieurs dizaines d’entre eux en prison ces dernières années dans un contexte de détériorations des libertés fondamentales sous la gouvernance du Premier ministre Hun Sen.

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Juliette Buchez 

Une centaine de manifestants se sont rassemblés devant la cour municipale de Phnom Penh ce jeudi matin. Il s’agit pour la plupart d’anciens employés de NagaWorld, l’unique casino licencié de Phnom Penh. À l’intérieur de la cour, plusieurs membres d’un syndicat d’employés et leur présidente, Chhim Sithar.

Les neuf accusés sont reconnus coupable d’« incitation » à semer le trouble dans l’ordre public. Huit ont bénéficié de peines aménagées. Seule Chhim Sithar a écopé d’une peine de deux ans de prison ferme. Le conflit qui oppose NagaWorld à d’anciens employés date d’avril 2021 lorsque 1 300 personnes sont licenciées. Plusieurs centaines d’entre elles s’opposent aux conditions de leur renvoi et suspectent que les licenciements visent à saper le principal syndicat du groupe.  

Les négociations ayant échoué, des manifestations sont organisées aux abords du casino en décembre 2021. Les mobilisations d’ampleur dans l’espace public sont devenues choses rares au Cambodge. Celle-ci va se poursuivre pendant plusieurs mois malgré les nombreuses tentatives de dissuasion des autorités.

Dès janvier 2022, Chhim Sithar est violemment appréhendée devant 500 manifestants. Libérée sous caution, elle est de nouveau arrêtée en novembre 2022 à son retour d’Australie où elle participait à une conférence sur les droits du travail.

Perçu comme l’outil d’un appareil judiciaire mis au service du parti au pouvoir, le crime « d’incitation » est régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits humains. Ces faits sont souvent reprochés aux membres de l’opposition politique, mais aussi aux militants pour la défense de l’environnement, des droits humains ou du travail.

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