Cambodge : la renaissance de la cathédrale Saint-Joseph de Phnom Penh, 50 ans après les Khmers rouges

, Cambodge : la renaissance de la cathédrale Saint-Joseph de Phnom Penh, 50 ans après les Khmers rouges

Une réouverture aussi symbolique qu’historique. Le chantier de la cathédrale Saint-Joseph de Phnom Penh, au Cambodge, dévoile peu à peu son visage. En construction depuis 2021, l’édifice, qui allie architecture khmère et catholique, devrait être achevé d’ici à juillet et consacré en novembre.

Il remplacera l’ancienne cathédrale Notre-Dame, détruite par le régime des Khmers rouges en 1975. Pour les fidèles, il s’agit là d’une forme de résurrection, cinquante ans après. « Nous sommes fiers de voir l’église renaître », explique le père Paul Chatsirey, curé de la paroisse, au média catholique UCA News.

Coût des travaux : trois millions de dollars (soit environ 2,8 millions d’euros), récoltés par des catholiques du Cambodge, de Thaïlande et du Vietnam, avec une aide substantielle des Missions étrangères de Paris (MEP). Le bâtiment, qui pourra accueillir jusqu’à 700 paroissiens, est la première église du Cambodge construite depuis 1967.

« Il s’agit d’une réaffirmation, dans un pays largement dominé par le bouddhisme theravāda », note Alain Forest, professeur émérite de l’université Paris-Diderot et spécialiste de l’histoire du Cambodge. Le pays compte environ 20 000 catholiques. « C’est aussi une manière de montrer la continuité et la résilience de l’Église », poursuit-il.

Les catholiques, victimes du régime des Khmers rouges

Une manière également de montrer une certaine longévité, dans un pays où le catholicisme a eu du mal à s’établir, à partir du XVIIe siècle. « Les missionnaires étaient très bien accueillis, mais la société ne se convertissait pas », détaille l’historien. Il faut attendre le siècle suivant pour commencer à voir naître une communauté, avec l’arrivée en masse de catholiques persécutés au Vietnam.

En 1970, la communauté vietnamienne constituait encore une large majorité des 65 000 fidèles de l’Église. Toutefois, 40 000 d’entre eux fuient de l’autre côté de la frontière pour échapper aux manifestations de haine, attisées par le général Lon Nol, chef du gouvernement entre 1970 et 1975.

À leur arrivée en 1975, les Khmers rouges entendent appliquer un communisme radical, inspiré par la révolution culturelle chinoise. Avec en ligne de mire, tous les symboles de l’impérialisme. Les catholiques, encore largement d’origine vietnamienne, sont associés à la colonisation française d’Indochine. Peu nombreux, ils subissent pourtant de plein fouet la violence, avec près de 50 % de « disparus » au sein de la communauté entre 1975 et 1979.

Certains bâtiments font également les frais du régime, comme la cathédrale Notre-Dame, achevée en 1927. « C’était un monument important dans la ville. En 1975, quand les Khmers rouges ont pris le pouvoir, ils l’ont détruite de fond en comble, de manière radicale », raconte Alain Forest. Avec la Banque nationale du Cambodge, elle est totalement rasée. Un effacement qui marque durablement les catholiques cambodgiens. Les Khmers rouges tuent près de deux millions de personnes pendant leur régime de terreur.

Construction débutée en 2021

Il faut attendre plus de 10 ans pour que la communauté commence à se remettre sur pied. En 1990, le gouvernement débute une politique de restitution. Elle donne à l’Église catholique cambodgienne une partie de l’ancien séminaire de Phnom Penh. L’autre moitié est rachetée en 1992, en même temps que l’arrivée des Casques bleus dans le pays et le retour d’une partie des croyants dans le pays. Les bâtiments sont utilisés comme lieu de culte l’année suivante.

« En 2019, nous avons commencé à réfléchir à une nouvelle église. La construction a quant à elle débuté en 2021 », détaille le père Paul Chatsirey auprès d’UCA News. Jusqu’à novembre au moins, les lieux continueront d’accueillir les paroissiens… en attendant la consécration prochaine de leur nouvelle cathédrale.

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