Faisant suite à une demande de Hun Sen, le roi Norodom Sihamoni «nomme le Dr Hun Manet Premier ministre du Royaume du Cambodge pour le 7e mandat du Parlement», selon un décret royal publié lundi.
Reste maintenant à Hun Manet et à son gouvernement la formalité d’obtenir, le 22 août, un vote de confiance au Parlement, ce qui devrait être une formalité.
La quasi-totalité des nouveaux députés sont issus du CPP (120 sur 125) et sont totalement acquis à la cause de Hun Sen.
Arrivé au pouvoir en 1985, ce dernier est accusé d’avoir fait reculer les libertés fondamentales et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires, jetés par dizaines en prison au cours de ses mandats.
Ses détracteurs affirment que son règne a également été marqué par la destruction de l’environnement et une corruption endémique.
Le Cambodge est classé 150e sur 180 dans l’indice de perception de la corruption de l’ONG Transparency International. En Asie, seules la Birmanie et la Corée du Nord sont moins bien classés.
Hun Manet, général quatre étoiles, s’est formé en Grande-Bretagne et à l’académie militaire américaine de West Point. Il dirigeait l’armée de terre cambodgienne depuis 2018.
Sebastian Strangio, auteur d’un ouvrage sur le Cambodge sous Hun Sen, estime que Hun Manet a assez «peu démontré qu’il allait faire plus que des changements cosmétiques au système politique actuel».
Sans le soutien de son père, il n’est pas sûr qu’il puisse apporter du changement même s’il le voulait.
Il ne s’est pas encore frotté à l’arène politique, remarquait aussi ce mois-ci l’analyste Ou Virak, jugeant que le futur dirigeant, marié et père de deux filles et un garçon, a surtout été élevé à la petite cuillère, et que celle-ci était dorée.
Cela fait plus d’un an que Hun Sen parlait de transmettre le pouvoir à son fils aîné, qui a joué un rôle de premier plan dans la campagne pour les législatives de juillet.
Mais Hun Sen a clairement fait savoir qu’il avait l’intention d’exercer une influence, même après son départ, écartant ainsi tout changement d’orientation.
«Une pure illusion»
«Ce n’est pas encore la fin», a-t-il posté lundi à la suite de la nomination de son fils, ajoutant qu’il continuerait à exercer d’autres fonctions au moins jusqu’en 2033.
Il sera d’abord président du Sénat, numéro 2 dans le protocole après le roi Norodom Sihamoni, qu’il remplacera comme chef de l’Etat lorsque celui-ci sera à l’étranger.
Son rival de toujours, Sam Rainsy, lui-même exilé en France, a déclaré que les espoirs des Cambodgiens d’avoir plus de liberté sous Hun Manet ou qu’il puisse éloigner le pays de son principal bienfaiteur, la Chine, n’étaient pas fondés.
«Je pense que c’est une pure illusion», a-t-il déclaré à l’AFP avant la nomination.
«Vous pouvez changer de dirigeants plusieurs fois, rien ne changera parce que le système reste le même», a déclaré Rainsy.
Le nouveau gouvernement sera composé de jeunes ministres, dont certains occuperont les postes laissés vacants par leurs pères.
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Sous le règne de Hun Sen, le Cambodge a opéré un rapprochement notable avec la Chine, dont le président Xi a félicité Hun Sen et promis de renforcer encore les liens.
Un site militaire financé par Pékin et soupçonné par Washington d’abriter une base navale secrète chinoise sera bientôt inauguré.
A la veille des élections, Sam Rainsy a été condamné à une inéligibilité de 25 ans pour avoir appelé les électeurs à déposer dans les urnes des bulletins non valides.
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