Cambodge: élections sans suspense dimanche, passation en vue entre Hun Sen et son fils

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Les Cambodgiens sont appelés à renouveler dimanche une Assemblée nationale totalement acquise au Premier ministre Hun Sen, au cours d’une élection largement qualifiée de simulacre, toute opposition crédible ayant été exclue.

Dans ce scrutin étroitement contrôlé par le régime, le Parti du peuple cambodgien (PPC) de Hun Sen, qui occupe les 125 sièges de la chambre sortante, devrait de nouveau facilement obtenir une large majorité.

Au pouvoir depuis 38 ans, le Premier ministre âgé de 70 ans, aux méthodes jugées autoritaires, postule pour un nouveau mandat avec la quasi garantie de l’obtenir.

Le dirigeant prépare désormais son héritage, souhaitant cimenter le contrôle avant de passer le relais – peut-être d’ici 3 à 4 semaines, a-t-il déclaré dans une interview cette semaine – à son fils aîné, le général quatre étoiles Hun Manet, formé aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.

« Dans le meilleur des cas, une fois au pouvoir, Hun Manet permettrait à un parti d’opposition aujourd’hui brimé comme le Parti de la bougie de participer aux élections, sans réelle chance de gagner », déclare à l’AFP Sebastian Strangio, auteur d’un ouvrage sur le Cambodge sous Hun Sen.

Imposer son fils, « c’est un coup de poignard dans le dos du peuple cambodgien » de la part du dirigeant, selon Phil Robertson de Human Rights Watch, une ONG de défense des droits humains.

« Aujourd’hui est un jour de victoire pour nous », a lancé Hun Manet vendredi matin lors du dernier rassemblement de la campagne, promettant que le royaume retrouvera la fierté de l’empire khmer qui domina la région pendant 500 ans au Moyan-Age.

Face à une marée de supporters, sous un portrait géant de son père, il a exhorté les Cambodgiens à voter pour le parti au pouvoir, le seul « capable de diriger le Cambodge », avant de prendre la tête d’un cortège de plusieurs milliers de véhicules à travers la capitale.

« Une élection très déloyale »

Les détracteurs de Hun Sen l’accusent d’avoir fait reculer les libertés et utilisé le système judiciaire pour museler ses adversaires.

Les semaines précédant les législatives ont été marquées par le resserrement de sa poigne de fer envers ses opposants, privés de leur liberté ou en exil.

Entre répression politique, destructions environnementales et corruption rampante, Hun Sen a transformé en profondeur le petit royaume pauvre d’Asie du Sud-Est, dont l’économie dépend largement de la Chine et des aides internationales.

« Notre espoir d'(instaurer) une véritable démocratie s’estompe », confie à l’AFP Vanna, 30 ans, dans un café, refusant de livrer son identité complète. Les Cambodgiens ordinaires sont de plus en plus nerveux à l’idée de critiquer le gouvernement.

« Je pense que c’est encore une élection très déloyale », ajoute Vanna.

Lors du dernier scrutin national en 2018, le PPC de Hun Sen avait remporté tous les sièges après la dissolution par un tribunal du principal parti d’opposition.

Cette fois-ci, c’est le Parti de la bougie, seul rival crédible du Premier ministre, qui a été exclu de la course pour ne pas s’être enregistré correctement auprès de la commission électorale.

« Comme le Parti de la bougie ne pourra pas participer aux élections, ce ne sera pas libre et équitable », fait valoir Rong Chhun, vice-président du mouvement auprès de l’AFP, soulignant que les électeurs n’ont d’autre choix que de voter pour le PPC.

« L’absence du Parti de la bougie dans la course est un revers pour la démocratie et la liberté », souligne-t-il.

Minimiser le mécontentement

Pour les 17 partis encore en lice, difficile de rivaliser avec la véritable machine de guerre de Hun Sen, dont le parti est capable de réunir des dizaines de milliers de partisans offrant à la population des t-shirts et des casquettes à son effigie.

« Malgré cela, ils ont besoin de légitimité, ils cherchent à minimiser le mécontentement », explique à l’AFP l’analyste politique Virak Ou.

La méfiance s’est accrue au fur et à mesure que Hun Sen rapprochait son pays de la Chine. « Il comprend qu’il y a un risque en agissant ainsi et c’est pourquoi il est toujours très prudent », dit-il.

Mais une telle campagne ne dupe personne et permet juste à Hun Sen de prétendre que l’élection est légitime, estime Phil Robertson.

« En réalité, il a tout fait pour être certain de ne rencontrer aucune véritable opposition. »

21/07/2023 10:24:15 – 
        Phnom Penh (AFP) – 
        © 2023 AFP

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